Transcription

Sacconay, Frédéric de, Lettre à Victor de Riqueti, Marquis de Mirabeau, Berne, 28 décembre 1741

a Berne ce 28 xbre 1741

si tu avois repondu article par article a ma lettre tu
pourois te plaindre de la longueur de mes moralités mais
avoue moy cher ami que tu ne t'es pas seulement donné
la peine de la lire je n'aurois jamais cru abuser de
ta complaisance en exigent de toy dexaminer un peu
mieux tes principes et si les consequences que tu en
tire son juste ou non mais un esprit fort car ce nest
que pr jouer ce rolle que tu timagine ne rien croire
mais un esprit fort di-je doit-il appeller la recherche
de la verité un echelage d'esprit je ne sais en ce cas
coment il nomera l'antousiasme du poëte tu me place
au troisieme etage laisse moy plutot au retchaussé la
je ne crain point de me precipiter garde cher ami tes
eloge de bon raisonnement et de raisonement bien rendu
jusques ace que tu aye lu ses raisonnement car nous autres
raisoneurs nous somes bisares nous ne cherchons que la
verité elle seule peut nous satisfaire, la phrase le tour,
le choix des mots sont a nos yeux de chetives envelope
dont nous ne faisons aucun cas, apres avoir developé le leus
de ta comparaison de la statue de nebucadnazorjay vu que tu
faisois tomber sur le raisonement lui meme une satire qui ne
regarde que le mauvais raisoneur quand je saurois ce que tu veus
dire precisement par la verité est un beau point de vue
doptique tout marche par ilusion
je ty repondray la verité
est imuable mais elle ne se montre qua ceux qui la cherchent
de bone foy, je ne sais au reste ce que tu appelle l'ordre
a moins que ce ne soit ce que tu dis que tout marche par
l'ilusion, en ce cas je veux ettre hors de lordre je tenprie
nous avons tout pour jouir rien pour conoitre est tres ronflant
<1v> cette sentence rempli bien la bouche e1 caractère biffuret flate agreablement
les oreilles mais je suis charmé du passage de salomon
sotise tout et sotise ainsi mon peauvre ami laisse en
repos pithagore et platon tu as tout vu, tout examiné
tu ne crain crois rien tu aime a parsemer ton esprit
ça et la et conduit par l'ilusion tu decide surtout
sans vouloir rien conoitre parce que tu n'est fait que
pour jouir, bon voyage je ne monterois pas en
croupe je craindrois de me casser le né

Etendue
intégrale
Citer comme
Sacconay, Frédéric de, Lettre à Victor de Riqueti, Marquis de Mirabeau, Berne, 28 décembre 1741, Collection privée. Selon la transcription établie par Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: http://lumieres.unil.ch/fiches/trans/79/, version du 24.06.2013.
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