Transcription

Sacconay, Frédéric de, Lettre à Victor de Riqueti, Marquis de Mirabeau, Bursinel, 12 novembre 1741

Bursinel ce 12e 9bre 1741

Tu n'a pas le courage pauvre raisonneur negatif de t'afranchir
entierement, je voulois aller avec toi monter un pivoi en plein
air mais tu te cache au pied des vertus qui te servent d'abrivent
pour moi il faut te l'avouer le Seggin m'i perse jusqu'au
moëlles, toi qui te connois en presomtion tu devrois bien t'apercevoir
de celle qui t'engage a decider en temeraire sur le juste et sur
l'injuste sur le vray et le faux tout cela se brouille dans ma servelle
et s'arange dans la tienne ne crois pas pour cela qu'il y aye tant
de diference entre nous mon doux ami il a falu que les evenement
me dissent bien souvent que j'etois un sot avant que je m'en sois douté

chaqu'un a sa petite vanité la tmiene estodeit jadis d'oser decider
qu'il n'y avait auqu'un effet sans cause et de tirer des consequense
de ce principe la tiene est de penser qu'il y a un point fixe
et qui distingue le juste et l'injuste le vray et le faux sur le
quel rien ne pourait t'ebranler
tu te flatte envein d'ettre
comme Henri quattre (superbe 2 caractères biffure decisionaire) quand un roy
qui a 400000. lt a metre sous les armes succe le sang de ses
sujets tu crie a l'injustice. qu'elle presomption! tu na jamais
entendu raisonner contre, le st George ta fort recomendé
la vertu tu en a fait de ponpeux etalages dans tes vers
il est bien dur d'oublier tout cela mais il ni a rien de plus
sal que l'illusion.

<1v> ainsi desabuse toi cher ami 3 caractères biffureil n'i a rien de plus comode
que d'etre sage et parfée. ne crois pas non plus que la gloire de tenir ce
que lon promet vaille souvent se qu'il en coutte; modeste sur
mon jugoir ne crois pas que jaille m'en brouiller la cervelle sur
la proprieté des biens lorsque ma force ou mon adresse motra
ceux de mes voisins a ma bienseance je suivray mon instinq
les remors que je pouvois me faire netant que prejugé d'anfances 1 mot écriture
des sots. j'ay 6. femes en vüee que je comte depouser les unnes après les
autres moyenant une petite recette que j'ay trouvé dans un vieux livre
de chimie pour le defaire sans scandalles de tous ceux qui m'en=
barasserons la même recepte 1 mot biffure me servira pour heriter
ab in testat de quelques vieux avares de ma connoissance
et pour me procurer les postes où jespere de parvenir par
l'hipocrisie la bassesse et les lachetes. nous voila au
moulin reposons nous et rions ensemble de voir come la
vanité et la presomption leurs persuade de passer leur vie
a gener leurs dezirs pour le faux billans des vertus.

Je suis charmé cher ami de te savoir aux environ
de marseille cette situation semble avoir epuise toutes
les beautes de la nature et sert de palliatifs aux miseres
qu'entrene le despotisme je pourois ausi te faire bien
<2r> ainsi je te contois le contre dun gouvernement republicain où tous
les rangs sont confondus, ou la liberté degenere en libertinage
ou chaqu'un cherche a tirer du public le regardant comme son
patrimoine et cent autres defauts tu verois que les homes sont
homes partout et qui peut etre

Etendue
intégrale
Citer comme
Sacconay, Frédéric de, Lettre à Victor de Riqueti, Marquis de Mirabeau, Bursinel, 12 novembre 1741, Collection privée. Selon la transcription établie par Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: http://lumieres.unil.ch/fiches/trans/75/, version du 24.06.2013.
Remarque: nous vous recommandons pour l'impression d'utiliser le navigateur Safari.