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Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 07 avril 1777
de paris le 7e avril 1777
mon cher amy ne voila encor que mes memoires tels que
vous me les avés demandés et a l'adresse que vous m'avés
prescrite. je ne les distribue point encore icy, parceque j'attends
le moment ou mon raporteur me dira vous serés jugé tel jour
afin de ne pas donner a mes parties l'occasion de délayer
encore en demandant le temps de répondre &c, mais je puis
toujours faire partir ceux qui vont au dehors.
vous trouverés que je ne réponds qu'a une partie, et encor les
inculpations dissipatrices sont elles, selon nos loix, absolument
etrangéres aux demandes en séparation decorps qui ne sont
écoutées que sur preuves ou de sévices ou de diffamation.
je prouve n'etre atteint ny des l'une d unes ny des autres, comme
en effet elles sont étrangères et impossibles a mon caractère
comme il l'est a mes facultés de voler sur les tours notre dame.
mais ny la décence ny la prudence ne me permettoient de
répondre aux autres calomnies, au lieu que le public et bien des
particuliers avoient une sorte de droit a l'éclaircissement sur le
point de l'administration.
quoy qu'il en soit voila mon mémoire tant demandé; je suis
en fait de justification comme le Mis de la douze quand on luy
coupa la tête cest la premiere fois que cela m'est arrivé. je ne
laisse pas d'avoir le coeur serré et de me sentir taché de ce lavage
mais dieu le veut, je l'ay sans doute mérité. adieu je vous embrasse
et offre mes Respects a vos dames. aimés moy toujours
Mirabeau
