Transcription

Mirabeau, Victor de Riqueti, marquis de, Lettre à Frédéric de Sacconay, Bordeaux, 31 janvier 1739

de bordeaux ce 31e janvier 1739

je vous avois promis mon cher et véritable amy, de
répondre au long a votre lettre, je le fais maintenant, jespere
que vous avès suivy mes conseils au sujet de Melle votre soeur
ainsy je suis tranquile la dessus autant que je le puis
etre, je vais a présent vous détailler la situation de mon
coeur, ah que jaurois besoin de saconay auprès de moy, je
seray long mais tout ce qui vient de toy m'intèresse, et
jespère faire le méme effet

je suis le plus malheureux de touts les hommes, voicy mon
avanture prise des le premier bout, je m'etois lié a bayonne
avec un capne de la garnison nommé le cher de montazet
garçon très aimable et tres sensé, mr de durfort qui le
gouta l'obligea de venir avec nous a duras, son frère le
marquis de montazet etoit dans une terre auprès de duras
il vint voir mr de durfort, cest le garçon du monde le plus
superficiel, mais un fort bon coeur et fort caressant, je 2 caractères biffure
mon amitié pour son frère nous lia, et ils me parlèrent
beaucoup de l'agrèment de leur vie a bourdeaux une
société charmante, qui est comme tu scais ce que jaime
surtout deux ou trois femmes desprit et pensant a merveille
qu'oyqu'un peu singulières, je connoissois Me de montazet
sur ce pied la, qui a la vérité est une femme qui a des
<1v> parties admirables, elils me détaillérent aussy une présidente
son intime amie, femme me dirent ils charmante qui sest
moquée de touts ceux qui sy sont attachés, tendre pourtant
par tempéremmant, mais capable de la plus grande passion
si elle s'attachoit, si tu te souviens encore de ton amy, pense
l'effet que devoit faire sur moy ce portrait, cepandant depuis
manon je n'avois rien aimé et je retrouvois si peu mon coeur
auprès des femmes que je pensois depuis longtemps que jetois
désormais incapable de passion, car pour des amourettes jen
avois eu, je regrettay a ce recit et a celuy de la vie qu'ils menoient
de ne pouvoir pas passer l'hyver avec eux mais n'ayant de ma
vie rien changé a aucun de mes projets, et devant aller
tout de suitte a paris qui m'auroit dit que mon étoile me
conduiroit retiendroit icy pour me rendre malheureux pour le reste de
ma vie, cepandant nous partons mr de durfort et moy et nous
déterminons les montazet a venir nous donner a souper icy
nous descendons sur la garonne cest une riviere si commerçante
et dont les bords dans ces quartiers cy sont si admirables
quils ressemblent au paradis terrestre, c'etoit dans le beau
de l'automne, rien dans le monde nest comparable a la vue
du port de bordeaux, tout cela m'enchantoit, nous arrivons
l'on soupe, et pendant le soupé les montazet savisent
de vouloir me retenir, ils me disent que je dois passer deux
mois a la campagne auprès de paris qu'autant vaut la
passer chex eux que je connoitray un paÿs de plus mr de
durfort appuye, je ne scay par quel motif si ce nest mon
etoile, il me dit qu'il en feroit autant syl n'etoit obligé
de paroitre a fontainebleau, moy qui nay rien a faire
a la cour et qui ny ay pas eu assès dagrèments pour
my plaire, je me moque dabord de leurs propos, puis je
parois ébranlé en riant de moy méme, mr lon
renvoye ma chaise et mr de durfort part seul moy luy
promettant de le suivre, le premier pas fait vous jugès
<2r> que je me laissay vaincre aisèment, me voila donc retenu
nous remontons la riviere, car quoyque bordeaux soit a vint
et cinq lieues dans les terres la marée monte encore quinze
lieues plus haut, et nous allons coucher chex cette présidente
dont je t'ay parlé, voicy le commencement de mon histoire
je grince les dents dy songer car cen est fait tout plaisir
est mort dans mon coeur et ma douleur est telle que je ne
scay si je ne prendray pas un jour de l'opiom, pour me guèrir
de touts maux, nous lon me présente; cette dangereuse femme
cache sous des dehors singuliers touts les vices de son sexe voicy
le portrait de sa figure, le premier, elle est plutost grande
que petite de ces figures qui nont jamais eu quinze ans mais
qui en auront toujours vint et cinq, les plus beaux cheveux
du monde, beaucoup déclat, les yeux beaux, la bouche et le
nès mal, le cou et la gorge qu'elle cache avec soin, admirable,
un air de fraischeur etonnant, et avec cela de mélancholie
et de mollesse, une sa coquetterie, nest qu'a elle toute seule
elle loue excessivement les jolies femmes et les détaille a
merveille, se dèprisant quand on la loue avec un air de
franchise qui paroit naturel de lesprit et de la culture
mauvaise, car il ny a sorte de sottises qu'elle n'ait lu et dont
elle ne parle avec un plaisir extraordinaire, elle scait
qu'elle a la jambe et le pied admirables elle fera si bien
que celuy a qui elle veut plaire la verra cent foit par
jour, et fera cent brusqueries a un autre pour l'avoir
remarquée, elle releve ses cheveux en tignon lon croit
que cest peu de soin de soy, cest pour montrer son col
qui est admirable, soupirant sans cesse, réveuse n'agissant
que par boutades, et attachant fort bien sur quelque
chose qui luy aura plus ses regards de la façon la moins
retenue, mes cheveux sont par exemple dans le cas elle
les regardera trois minutes, et puis les quittera avec
un grand soupir, tout luy deplait ou luy plait a
lexcès, aussy peu retenue dans les tèmoignages, d'un
<2v> de ces sentiments que dans l'autre, un moyen sur de sen
faire ècouter est de luy parler sottise, et par ce chemin
la lon la conduit a tout écouter, cette femme telle que
je te la dèpeins a toujours rebuté tout ce qui sest attaché
a elle elle meme fait des affronts a quelques uns, son mary
car il est bon de tout connoitre, est un de ces etres inanimés
qui n'aime que le jeu, sans ame et sans sentiment, sans
tempérammant, et lon fait sur cela des contes de luy
singuliers, dailleurs fort doux dans son mènage, et le plus
commode des maris sa femme qui avoit de son chef quarante
mille livres de rante feint de luy e et qui avoit ete en
consequence mariée sans etre consultèe feint de laimer
et quelque fois le croit parceque cest lesprit de la societé
voila ce que cest que les personnages de ma catastrophee
jarrive, dans cette maison, jay le caquet et lair du monde
diffèrent de ce que tu me l'as vu, lon se range, lon mécoute
lon m'aplaudit, nous y passons, deux jours, je trouve a cette
femme des attentions pour moy toutes particulières, un air
de supériorité que lon m'accordoit, tout ses défauts ne
me paroissoient pas je ne voyois que ce ton qui me plaisoit
je quoy qu'ayant peu d'usage des femmes par rapport a moy
jen jay beaucoup de connoissance de leurs mouvements
tout me parut flatteur, des regards perpètuellement
attachès sur moy, enfin toutes les distinctions possibles nous
partons pour montazet lon me prie avec instance de revenir
je le promets, je parle dans le chemin a montazet qui etoit
son amy, et il m'avoue qu'elle luy avoit dit que jamais la
figure ny les façons de quelqu'un ne luy étoient autant
revenues, et enfin plus que n'en doit dire une femme et que
je ne puis ten écrire, tu scais comme l'amour propre nous
faire fait faire des chateaux, cepandant je n'etois point
touché mais je me disposois très aisément a l'etre
je passe un mois tranquilement a montazet, au bout
du quel nous retournons au lieu de ma perte, jy arrivay
<3r> en butte toujours aux mémes minauderies qui m'avoient
enchainées elles etoient méme plus forte que jamais
et je ne puis presque douter qu'il ny eut du naturel
car cette femme est incomprehensible, ce qui me le fait
croire, entrautres choses cest qu'un jour qu'affectant un air
de dègagement, je luy fis un compliment sur sa beauté
et me retour me tournay tout de suitte vers une partie
que lon faisoit un mouvement que jentendis de sa robe
me fit retourner, et je la surpris dans l'attitude de
quelqu'un qui enrage, le point fermé et avancé vers moy
grinçant des dents et les yeux effarès, cepandant nous
en serions encore la sans une avanture qui nous donna
occasion de parler et qui me mit dans l'etat ou je t'ecrivis
l'autre jour, elle m'avoit demandè une bourse de grains
de besançon et m'en avoit autrefois refusé une quelle avoit
faite et que depuis elle a donné a son mary, depuis notre
froideur jay reçu la bourse et la luy envoyay avec ces
petits vers que je te copie icy  pour te faire voir combien
ils sont peu de conséquence, et jen écris comme cela souvent
deux ou troix par jour a diffèrentes personnes, je ne la vis
pas ce jour la le lendemain son laquais vint me demander
de sa part combien cela coutoit, je dis que je luy en rendrois
conte, l'aprèsmidy elle me demanda la mème chose, et je luy dis
que je l'avois faite en trois jours a douze sols que cela faisoit
trente six sols, fy donc ajoutay je cela est petite femme, ce
mot l'arréta et elle ne m'en parla plus, un moment apres
comme je sortois pour aller au concert elle me courut a pres
et marreta a la porte et me rendit un petit chifon dun air
interdit, je ne scavois ce que ce pouvoit etre, desque je fus
en libertè je regarday et fus surpris de trouver mes vers
et j'y revins souper, et je trouvanty l'occasion de luy parler je
luy dis Me imaginé donc que jay la peste car enfin il ny a
assurément rien de trop galand dans ce quelle ma rendu et
j'en ècris touts les jours au moins autant a Me de montazet
sans repondre a mon discours elle suivit aparemment son idée
<3v> avec impatience et émotion, si je t'avois connu chienne
je me serois plutost pendu, je retrouve la même femme
et qui des le premier jour va droit a son but, regards
soupirs, etalage affecté, rien ne méchapoit, mais loin
d'en tirer la conséquence que jaurois du, je me contentois
de dire, qui veut plaire veut aimer, la voila a ne parler
d'autre chose a montazet, qu'il est aimable qu'il a desprit
non jamais rien ne m'a tant plu, et puis mon cher
montazet, gardès moy le secret au nom de dieu, et tout
cela avec transport, choses que l'on scavoit m'etre
redites, peutetre que si jeusse pris les choses sur le temps
jaurois reussy mais la passion la plus vive semparoit
de mon coeur, cepandant au bout de qu'atre ou cinq jours
je luy écris une lettre en vers tout au plus claire, montazet
la luy donne elle la reçoit la garde et la trouve fort
jolie, le lendemain une autre plus forte, et touts les jours
de mème, montazet sabsente et lon en reçoit de ma main
lon en cherche mème les occasions, il arrive des gens de la ville
qu'elle craignoit elle luy dit, de me dire de m'observer qu'elle
voit bien que mes regards sont parlants et de prendre garde
que dautres ne les voyent, enfin 2 mots biffure mes amis me persuadent
d'aller passer cinq ou six jours a bordeaux que sans cela l'on
pourroit parler que nous reviendrons après, jy consens
et ce fut la le coup de ma perte, mais avant que de partir
je luy ècrivis une longue lettre la plus passionnee qu'il me
fut possible juge ce que ce devoit étre, elle la prends et un
moment avant que je partisse, elle me la rendit comme elle
avoit fait toutes les autres sous prétexte qu'elle ne scavoit ou
les mettre, elle me dit seulement que cela etoit joly mais
que cetoit dommage qu'il eut un si vilain objet. jinsistay pour
qu'elle la gardat mais elle me quitta, je m'avisay de la
mettre sous sa toilette, je l'en avertis, elle courut pour m'en
empécher, et comme elle me la rendit, je luy baisay dix fois
<4r> les mains avec un transport dont elle ne scavoit ny se
déffendre ny fuir, je n'etois pas en lieu de pouvoir faire
mieux, enfin le billet me demeura, je parts et dés le
lendemain, un laquais qui venoit a la ville a ordre de
demander a montazet en labsence de sa femme comment
je me portois, car javois alors comm'a présent des petits
ressentiments de fiévre, toutes ces choses la te paroitroient
des fadaises si tu ne scavois qu'il nest point de minuties
dans ce métier la, enfin cela me prouva que lon n'etoit pas
faché de ma démarche, joubliois de te dire qu'un moment avant
de partir, luy disant que je ne voulois plus retourner, gardés
vous en bien me dit elle je devrois le souhaiter, mais je veux
que vous reveniés, enfin nous retournons, je n'apperçois aucun
changement, cepandant des le soir on me refuse un billet
quoyqu'avec douceur et embarras, moy peu fait a cela je
demeure interdit, la nuit se passe dans des mouvements
étonnants, le lendemain je veux faire le fier mais un
regard me ramène, le meme manege qu'auparavent
me persuade que ce n'est qu'un mouvement passager
jecris un nouveau billet plus touchant que le premier
je l'offre comme la dernière tentative que je feray dans
ce genre, lon le refuse encor avec douceur, je prends
mon party, je vais dans la chambre ou etoit la toilette
et le mets dessous, dèsque je fus de retour elle y court et
revient, dit quelle veut jouer téte a téte au piquet avec
moy, et tout en jouant me repasse mon billet, me voila
au desespoir je passe toutes les nuits blanches, cepandant
les mémes attentions durent, je parle, lon me fuit
javois affaire a linégalité méme, je suis moy méme
vif et intercadent outre que cet etat fait cet effet
la sur tout le monde, enfin je ne scaurois comparer
ce que jay soufer qu'a ce que je souffre encore, jaffecte
de la gayeté, lon affecte de l'indifférence puis un soupir
<4v> me ramène, je parle et après m'avoir écoute lon se
lève sans me dire un seul mot, enfin dans tout ce
manège vint jours entiers se passent, plus de confiance
pour mes amis lon les fuit quand ils veulent parler
lon me tenoit çetoit tout ce qu'on vouloit. enfin nous
partons touts pour la ville moy plus incertain que
jamais, cepandant je voulois finir mon incertitude qui
me paroissoit alors le plus grand des maux dautant mieux
qu'a la ville la jalousie sy joignoit, je feins d'etre malade
et craignant qu'elle ne se mèfiat de l'ainé de mes amis par
parce qu'il devoit toujours vivre avec elle, je charge le cher
de luy remettre une lettre, cette femme pour soutenir
son faux caractère paroit dabord en balance, et puis le
refuse absolument luy défandant de se charger jamais
de pareille chose, jimaginois qu'au moins une décision
me guériroit point du tout jay un chien de coeur d'une
autre trempe que les autres et il me reste par malheur
assès de raison pour voir que je fais une lacheté la chose
du monde dont jaurois cru le moins mirabeau capable,

tu verras par le changement de plumes et de caractère que cecy est coupé
trois jours de bal et autres divertissements ont interrompu
ma lettre et ont causé bien du changement dans mon état
ton amy thriomphe mon cher maitre, il est rendu a luy
mème, que sommes nous, nature; mais je vais te continuer
avec la mème exactitude que cy devant

nous en etions au refus que fit ma coquette de ma lettre
je croyois qu'une dècision me guériroit, mais non je soufris
plus que jamais, javois assès de vanité pour ne luy en
rien laisser voir mais jetois dévoré d'une tristesse
mortelle, les mouvements de la raison ne servoient qu'a
me donner du mèpris pour moy mème, et augmenter
ma mèlancholie, je rongois mon frein sans espoir et 

<5v> et le propos qu'elle avoit préparé, en mon absence mr me dit elle
vous scavès que cela me déplait je vous prie que cen soit finy,
jetois déja choqué de ce quelle avoit imagine que je fusse assès sot
pour vouloir revenir, dailleurs tout artifice me revolte et depuis
longtemps, elle excitoit en moy ces mouvements ce dernier
propos m'acheva, Me luy dis je il y a de lamour propre a vous de
penser que je voulusse encor faire le dolent sigisbé, il y a des façons
qui revoltent les gens d'une certaine espèce, l'on ne my a point
accoutumé Madame et vous etes bien bonne de me traiter si fort
en homme a conséquence, il y a quinze jours que je ne prends pas garde
a la moindre de vos dèmarches, je luy dis tout cela avec un air si authorisé
qu'elle nosa rien répondre un moment après retrouvant l'occasion
de luy parler Me luy dis je quand on veut rompre avec les gens ils
faut du moins se dèffaire de certaines façons attirantes que nous
dèmeslons a merveille qui nous font traiter de coquette celles qui
sen servent, et auxquelles nous donnons mème quelque fois le nom
de faussetè qui est le plus dèshonorant de touts, je n'entends pas
cela me repondit elle et je la quittay sans qu'elle osat dire un seul
mot. après soupé les mémes minauderies, et comme sa mère qui
est une de ces femmes du bon vieux temps dèclamait contre les
femmes qui se dèrangent Madame luy dis je en me levant contre
la cheminée, il y a des femmes qui scavent faire respecter leur
foiblesse comme d'autres rendent mèprisable leur résistance
une femme par exemple croyant s'eriger un trophèe de réputation
sur l'histoire de plusieurs passions rebutèes, et ignorant que
lon scait dans le monde que l'on n'en fait qu'en se ménageant
peu, fera dix pas en avant pour vous obliger d'en faire
deux, quand elle croira vous tenir, elle perdra la memoire du
passé dreprendra le personnage de lucresse, et par des caprices
de toutes les espéces, vous rebutera de suivre une chose qui
ne vaudroit pas la peine qu'elle donne, celle la rebutera dix
personnes et s'en fera dix ennemis qui la mèpriseront, une
autre au contraire avec un coeur droit aura le malheur de
prendre du gout, tout part de la, la sincérite de son coeur
ne luy permet pas de le cacher, lon en profite, le monde
sy intéresse et les gens les plus sèvères en ont pitié, je regarday
la personne en parlant avec le feu que tu peux penser, elle
etoit aneantie, je sors enfin, et le lendemain jour ou je tècrivis
jetois enragé de ne trouver aucun amandement dans une
passion, aussy mortifiante pour ma gloire qui est ma
<6r> partie peccante, cepandant lon me méne au bal deux jours
consècutifs, cest je lay dit le paÿs du monde ou l'on a eu
le plus de bonté pour moy, lon my fait toute sorte de compliment
jy danse beaucoup avec une jeune personne qui a la meilleure
phisionomie du monde un ton de sincérite charmant ne scachant
que luy dire je luy dis du mal des femmes elle plaisante cela nous
lie, un de mes amis me méne ches sa soeur ou elle demeure
et nous ne nous quittons pas de trois jours, je luy dis le diable
du mariage parce que cest la ma pierre d'achopement avec les
filles, elle en dit autant, je luy dis que je l'aime, elle me dit qu'elle
est charmèe de me voir et tout cela sans passion de part jusqu'à la fin de la ligne dommage
d'autre, je me rèveille, je pense a ces cheveux a ce cou, personjusqu'à la fin de la ligne dommage
au logis, plus du toque toque, d'arlequin, la gayeté rentrjusqu'à la fin de la ligne dommage
dans mon coeur, pour mèclaircir je vais souper, chex la djusqu'à la fin de la ligne dommage
le voile tombe et je chante victoire je luy rends la vie dure sjusqu'à la fin de la ligne dommage
grossiereté pourtant des qu'elle veut ouvrir la bouche chaqujusqu'à la fin de la ligne dommage
paradoxe est relancé, je rentre dans la supériorité que la njusqu'à la fin de la ligne dommage
mavoit donnèe et me voila, que je suis heureux embrasjusqu'à la fin de la ligne dommage
moy donc je la vis consternée et etonnèe de la différence jusqu'à la fin de la ligne dommage
je thriomphe avoue que voila une lettre bien singuliere jusqu'à la fin de la ligne dommage
car je ne tay pas menty d'un mot, adieu cher amy puisse tu jusqu'à la fin de la ligne dommage
te garentir de ce vilain mal, il me falloit cette èpreuve, mais jusqu'à la fin de la ligne dommage
jespère que men voila revenu dumoins de cette violence je
n'en èprouveray de ma vie il ny a qu'un caractère de cette
espèce qui puisse causer des mouvement si violents, je ne me
connoissois plus, et quelque fois (car tu scais que je t'avoue
tout) le crime venoit a ma pensée, a moy grands dieux
adieu cher pilade félicite moy, donne moy de tes chères leçons
et syl se peut n'ayons jamais d'amour que pour la vertu d'ovet
me marque que vous etes en commerce adieu mes respects a tout
ce qui tappartient et plus de fièvre putride

<5r> 29e  janvier 1739

un jour apparamant javois mal pris ma bisque
dun tissu de vos mains jessuyay le refus
j'insistay mais en vain lors je ne voulus plus
en courre de nouveaus le risque
cette bourse pourtant et soit dit entre nous
n'avoit je crois d'auttre merite
que d'avoir deux instance eté la favorite
et cest l'etre longtems quun quart d'heure avec vous
mais de vos mains cetoit l'ouvrage
et cela m'eut porté bonheur
vous ne me crutes pas meriter cet honneur
elle a servi pour un plus noble usage
ce qui m'eut honoré, sans dire davantage
est devenu present du coeur
je ne me plains dont point, ne croyes pas degrace
que ce fut la necessité
qui me fit recrier sur votre dureté
j'ai bourses a foison et qui n'ont pas de place
bourse de grain et bourses de couvents
mais le diable souvent pour comble de disgrace
vient faire son gite dedans,
une partout receües la madame
en le sejour de cet esprit malin
jamais rien n'y loge pour le bien de votre ame
faites quil soit banny sans fin
pour la guerir c'est la mon unique ressource
honorés la de vos faveurs
quand on scait comme vous dominer sur les coeurs
on est maitresse de la bourse

Etendue
intégrale
Citer comme
Mirabeau, Victor de Riqueti, marquis de, Lettre à Frédéric de Sacconay, Bordeaux, 31 janvier 1739, Collection privée. Selon la transcription établie par Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: http://lumieres.unil.ch/fiches/trans/56/, version du 28.05.2013.
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