Transcription

Société du comte de la Lippe, « Assemblée XLVI. Lecture du traité des comètes de Loys de Cheseaux », in Extrait des conférences de la Société de Monsieur le comte de la Lippe, Lausanne, 28 mars 1744, vol. 2, p. 153-155

XLVI Assemblée Du
28e Mars 1744.

Présens Messieurs DeBochat Lieutenant Ballival,
Polier Professeur, Seigneux Boursier, Baron DeCaussade, DuLignon,
Seigneux Assesseur, D’Apples Professeur, De St Germain Conseiller,
DeCheseaux le fils.

Discours de Monsieur le Comte./p. 154/ Messieurs. Vous dirai-je que votre Conférence de same=
di dernier m’a mis dans un embarras extrème? Vous auriez peine à
le comprendre. Cependant rien n’est plus vrai et voici ce qui l’a
causé. Ne faire aucune recapitulation de ce que vous m’avez fait
l’honneur de me dire, cela répondroit mal à ce que je vous ai promis
et au désir que j’ai de profiter de vos lumières. Je souhaitterois
plutôt de raporter tout ce qui a été dit; mais je n’en suis pas capa=
ble et cela vous occuperoit trop longtems. Il ne me reste qu’à vous
redire une partie des choses que vous m’avez mis devant les yeux
mais c’est ce choix qui fait ma peine, puisque je trouve tout si im=
portant que je ne sai ce que je dois omettre. Daignez donc,
Messieurs, m’excuser et redresser mon choix.

Dabord il m’a paru que vous supposiez que la Politesse doit
avoir pour principe la bienveuillance universelle; ou la Charité et
l’amour pour tous les hommes. Cet amour doit nous disposer à
rendre à chaque individu du Genre humain tous les secours dont
il a besoin, et que nous sommes en état de lui procurer.

Un homme qui sera rempli de cette bienveuillance universelle
sera-t-il poli? Non pas toujours. Qu’est-ce donc que la Politesse?
C’est la manière de rendre à ses Concitoiens et aux Hommes en gé=
néral les Devoirs auxquels nous sommes obligés, d’une façon qui
leur fasse comprendre que nous le faisons avec plaisir, et si nous
ne sommes pas apellés à leur en rendre pour le coup, qui leur per=
suade que nous sommes disposés à le faire et qu’ils peuvent
compter sur notre bienveuillance.

Il y a donc deux manières d’exercer la Politesse. L’une
quand on rend des services à quelqu’un, et elle consiste à le faire
avec empressement, à prévenir ceux qui ont besoin de notre se=
cours; ou si nous ne pouvons pas les prévenir, à leur accorder
notre assistance au delà de ce qu’ils avoient lieu d’attendre de
nous, à ne point relever nos bienfaits, à emploier les manières
les plus propres à les leur faire recevoir, et à les accompagner de
discours qui ménagent leur délicatesse, et qui diminuent chez eux
le sentiment désagréable qu’y fait naitres la vue de leurs be=
soins.

L’autre manière d’exercer la Politesse regarde ceux à qui
nous ne sommes pas apellés à rendre des services sur le champ.
Elle consiste alors à vivre avec eux d’une façon qui leur persuade
que nous les aimons, que nous les estimons, et que nous sommes
bien disposés en leur faveur. Nous faisons paroitre cette disposition
/p. 155/ de notre cœur, en profitant de toutes les occasions qui se présen=
tent d’en exercer, et par des manières qui sont en usage pour la
manifester. Ce sont ces manières qui varient selon les tems et les
lieux, et auxquelles chacun doit se conformer.

La Politesse convient aux Personnes de tout ordre, de tout âge,
de tout sexe, et on doit l’exercer envers tous les individus de la So=
ciété sans exception. Mais elle convient particuliérement aux Per=
sonnes que leur naissance et leur Dignité élévent au-dessus du com=
mun des Hommes: parceque leur rang les distinguant et les sépa=
rant du reste des Hommes, ils n’ont aucun moien de se gagner les
cœurs et de s’attirer l’affection des autres Hommes que celui de la
Politesse.

Daillleurs ils sont d’autant moins excusables de négliger ce
moien de se concilier l’affection générale, qu’il leur en coute peu,
par la disposition ou les Hommes sont de prendre en bonne part
les plus legéres marques d’attention et de bienveuillance que les
Grands voudront leur donner.

Monsieur DeCheseaux le fils a lu à la Société son TraitéTraité sur les Cométes par Mr DeCheseaux le fils, lu a la Société.
sur les Cométes , ou il parle principalement de celle qui a paru
cette année. Comme on n’y a point fait de remarques, et que d’ail=
leurs l’Auteur va le donner au Public, je ne l’insérerai pas ici.

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Citer comme
Société du comte de la Lippe, « Assemblée XLVI. Lecture du traité des comètes de Loys de Cheseaux », in Extrait des conférences de la Société de Monsieur le comte de la Lippe, Lausanne, 28 mars 1744, vol. 2, p. 153-155, cote BCUL 2S 1386/2. Selon la transcription établie par Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: http://lumieres.unil.ch/fiches/trans/488/, version du 24.06.2013.
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