Transcription

Mirabeau, Victor de Riqueti, marquis de, Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 18 juin 1772

de paris le 18e juin 1772

j'ay fort bien fait par l'événement mon cher amy de ne pas répon=
dre sitost a votre lettre du 4 puisque celle du 11e m'est arrivée peu
après, battant sur la mème notte et je ne feray qu'une réponce pour
les deux. toutefois je n'aurois pas tardé un instant si je n'avois été
assommé d'un surcroit d'écritures et vous n'en serés pas etoné quand
vous scaurés que mon fils se marie en provence, et vous imaginés com=
bien il faut écrire pour conclurre et sceller un tel marché a 200
lieues de soy. je vous dois part de cecy et la suitte de mon histoire
a cet égard; la voicy.

il me faut suposer que vous vous rapelés tout ce que j'ay fait pour
léducation de cette fougueuse tète et pour l'empècher de se faire connoi=
tre trop tost et de se perdre comme la jeunesse de son temps; son éduca=
tion domestique, son éducation militaire, ses épreuves en corse, comment
enfin je luy ay fait faire son cours rural, l'été passé en limousin d'ou
je ne jugeay pas a propos de le retirer quoyqu'on me l'eut demandé
pour l'envoyer en pologne ou je ne le crus pas fait pour un métier
sans aveu; ensuitte chez moy au bignon en automne, et enfin pour
luy éviter paris, comment je l'ay envoyé en xbre en provence pour
des affaires qui s'y étoient élevées. ayant été convaincu par les détails,
toujours lents a arriver a un père, qu'il donnoit a touts les écoeuils
et étant mieux averty cette fois cy parceque j'avois voulu l'ètre, je
le tins dabord fort serré a Mirabeau. il y a dans ce paÿs lâ un fort
grand party quand a l'aventif, héritière de la maison de marignane
je ne doutay pas qu'on ne luy en parlat parce qu'on m'avoit beaucoup
battu loreille sur cette notte lors de mon voyage, et en je m'etois contenté
de répondre que mon fils n'etoit pas mur et que je m'etois pressé de
marier mes filles parceque cela étoit nécessaire, mais que quand
aux garçons c'etoit a eux a se faire leur sort. en effet si mon fils
eut promis un homme sage, comme il s'en faut que je ne sois avide
il ne m'auroit pas convenu de l'établir si loin de moy. mais voyant
les pièges qui l'attendoient de toute part icy, avant de le livrer a laventure
je jugeay qu'il seroit heureux pour luy qu'il se fit son sort. quelques mots
<1v> et confidences indirectes, le mirent sur la voye; je luy permis d'aller a aix
pour une consultation, et tout aussitost mon homme quoyque trouvant
un mariage arrèté, mit en action son rare talent pour l'intrigue, brouilla
d'abord, ramena ensuitte, et l'on en vint comme a me le demander, bien
persuadés luy et les autres, qui comme tout bon provençal qui ne comprend
pas qu'on puisse s'eloigner des figues, pensoient pensoient que jetois voulois p fort
éloigné de cela, qu'il falloit me forcer la main. je répondis que ne l'ayant
jamais vu que soux la main forte ou militaire ou domestique, je ne le
connoissois pas et n'avois garde de l'offrir mais que je le laisserois soux
les yeux de la famille qui l'adopte &c en effet il y est depuis le commen=
cement de mars, pendant lequel temps la chose s'est traitée et vous jugés
ce que c'est en fait d'affaires que de rallier un détachement battu comme
l'est une famille nombreuse d'ascendants touts discords. enfin lon a
persisté, je le nomme a la substitution de ma maison, et fais substi=
tuer aussy la dot de la femme, pour assurer le sort des enfants qui
ne demandoient pas a venir. il est au fonds dans sa 24e année
la jeune personne a vint ans, non élevée comme héritière et l'on en
dit de tout temps beaucoup de bien. elle est héritière de plus de
soixante mille livres de rente, mais en suposant qu'il vint des
enfants toujours aura t'elle cinq cent mille francs. ils demeureront
la bas, au bout du conte dieu est sur tout et si l'on ne tiroit race, que
des sages, le monde seroit peu peuplé. voila mon amy ce que je devois
a ce titre et ce qu'il vous obligeoit d'entendre, venons a vos lettres
maintenant.

je vous parleray dabord de votre tribunal, directeur emulateur
consultateur, amphibie en un mot puisque cest un bureau de membres
du gouvernement qui prétendent s'assembler pour ne pas gouverner,
mais ètre seulement des boute en train une maniere d'académie bernoise.
mon cher amy votre 1ere lettre dans laquelle vous me peignés votre rare
vallée, m'avoit tranquilisé a cet égard, autant que je le pouvois ètre; je
scay fort bien quil ny a rien de si dangereux que toute réforme de
gouvernement qui ne se fait pas d'elle mème par la sorte de désuétude
ou tombe telle ou telle autre partie, en vertu de ce que les moeurs et les
usages s'en éloignent. a cela près tout esprit réformateur risque bien
dètre turbulent. vous avés vu par mon silence sur l'article des revenus
de l'état chez vous et par ma retenue a cet égard, que jay craint cet
écoeuil, comme si mes paroles avoient quelque vertu efficace, comme au
fonds la masse des opinions n'est pourtant composée que de portions
individuelles. par les mèmes principes et par la mème retenue, je demeu=
rois content de ce que vous me disiés de votre bureau, dans votre 1ere
lettre, mais la seconde ou vous voulés me convaincre, vous vaudra
<2r> l'explosion entiere de mon opinion a cet égard.

ouy mon cher je vois clairement que votre commission ne sera ny ne
pourra mème devenir ny coercitive, ny prohibitive, ny génante en
manière quelqu'onque, mais quelle sera seulement chargée de l'obser=
vation, de l'instruction, de l'émulation et surtout de la gratification;
et c'est comme telle que je la réprouve et que je vous dis qu'elle fera du
mal. mon amy vous a qui dieu donna une ame douce et un esprit ac
accort; si vous vous rendés raison de ce qui fait le succès journalier dans
la société et dans la vie, vous conviendrés que c'est, dans la conversation,
dans les affaires, et partout, de se mettre a la place, et de se tenir du coté
pour ainsy dire de celuy avec qui l'on converse, l'on traite, l'on agit. je
voudrois donc que ce que chaque individu un peu social pratique a cet
égard dans sa tâche journaliere il l'aportat avec luy dans sa tâche
d'administration, et qu'il se fit peuple a chaque heure, au lieu d'en juger
comme d'un tiers, japele peuple tout ce qui n'administre pas au nom
de Mr public, car a cela près, tout le monde gouverne; chacun a
l'administration de sa chose particulière et cest cette multitude de petits
gouvernements privés qui compose la chose publique, toujours bien
faite quand chacun fait la sienne librement et arbitrairement, toujours
embarassée et cahotante en raison de ce que le tiers quelconque veut
s'en mesler. je dis donc que la belle idée de tout magistrat quelconque
qui veut et prétend que le peuple croira qu'il sue et travaille pour
le bien public, est id imaginaire dans le fait, comme elle est fausse dans
le droit. indépendemment de ce que le coeur et la conscience nous disent
que personne au fonds ne travaille pour autruy, tant qu'on verra
briguer l'admission quelconque aux places le plus grossier scaura
a quoy s'en tenir a cet égard. toute administration donc doit se dire
qu'elle est suportée, chérie, apuyée mème et deffendue au prix de son
sang selon les cas, crainte de pis, et voila tout. ainsy si elle veut ètre
au gré du peuple le moins elle paroitra suer et bourdonner autour
du coche social, qui va de luy mème, c'est le mieux. les petits ne veu=
lent que patience
. souvenés mon cher de ce principe, il est certain,
il est pour les républiques les plus compactes comme pour les mon=
archies les plus relachées.

quand donc vous vous assemblés un troupeau choisy entre les présents
ou futurs aristocrates, pour scavoir comment les chevaux doivent
avoir la queue pour la plus grande utilité du paÿs, dites si l'on
veut, qu'il vous est utile de vous assembler 1° pour en conserver
la methode et l'habitude, 2° pour vous essayer et vous connoitre,
vous former aux opinions, vous instruire réciproquement du local
&c pour répeter enfin le refrain de réception du malade imaginaire
<2v> bene bene respondere, dignus dignas est intrare in nostre docto
corpore
mais ne dites pas que cest pour le bien du paÿs, car il n'en
croira rien; or l'anatheme universel lancé en tout temps et en tout
lieu contre la pédanterie, n'est il est vray exèc n'a pour principe
que le masque de l'importance cousu sur des misères. cet anathème n'est
exécuté que par le ridicule, mais il le seroit par la haine si les pédants
avoient une réelle authorité. rien de tout cela dites vous? nous consultons
nous essayons a nos frais, nous gratifions, et voila tout. fort bien; revoy=
ons mieux chacuns de ces points pour démesler le vray de la chose et
en extraire l'utilité.

quand a la consultation, qui tient a l'examen, il me semble que tout
est vu, et que tout est dit dans votre lettre. les beaux chevaux sont ou
les paÿsans aisés ne regrettent pas deux écus pour la monte, les rosses
ou l'on ne peut la payer que 30 sols.
voila mon cher amy le nec plus
ultra
de toutes les consultations oéconomiques, pauvres gens ne font
que de pauvres affaires, il y a longtemps que le proverbe l'a dit. or toute
la fausse politique du dernier siecle qui barbouille encor tant de tètes
dans celuy cy, lhistoire, de l'industrie, de la balance, des manufactures,
du commerce, de la charrue avant les boeufs, toute la fausse science
en un mot, ne consistoit et ne consiste qu'a vouloir que les pauvres gens fassent
de riches affaires pou afin qu'ils deviennent riches; d'autre part toute
notre pauvre arickmétique oéconomique ne consiste, qu'a chercher
et démontrer les moyens radicaux et naturels, par lesquels on extir=
pera peu a peu la race factice et forcée des pauvres gens que touts au moyen de
se quoy touts seront riches d'une richesse relative, et feront alors de
riches affaires relatives. reprenés vos livres oéconomiques mon cher
et très digne disciple et voyés dans laquelle des deux écoles il faut
enrôler le tribunal qui veut opérer en transplantant des anglomans
et des mecklenbourg, chez de pauvres gens des bailliages de la
haute allemagne.

vous essayés a vos frais je vous le passe, pourvu que le trésor public
ny soit pour rien, car dans ce dernier cas, vous seriés les serviteurs
imprudents, que n'a pas mème prévus l'évangile, et cet article va
se trouver déduit tout a l'heure. a vos frais Donc mais pour cela vous
n'avés pas besoin d'une commission politique; vous vous consultés entre
amateurs et connoisseurs; mieux encor vous consultés votre bourse,
que vous reussissiés bien ou mal, on a le plaisir de se moquer de vous, de
vous blamer d'avance, et cest un passetemps bien doux sans doute pour
l'humanité routinière de touts les temps et de touts les ages, que tout
novateur doit suposer aujourd'huy comme le suposoit alcibiade quand
il coupa la queue a son chien tout exprès pour faire rire les athèniens
<3r> a ses dépends; on vous blamera dis je, on contera vos pertes vrayes et
fausses, tout entrepreneur doit se résoudre a en passer par lâ; cela ne luy
fait guères de mal, mais le gouvernement a trop de besoin du respect et
de l'opinion publique pour s'exposer a ce genre d'épidémie, pour rien
de ce qui émane de luy; qu'ont néanmoins produit autre chose vos
20 étalons danois et vos grandes culottes voyageant en ostrogotie
pour ramener dans vos montagnes des maris danseurs et déliés a vos
pouliches étofées. allés mon amy si les races meslées faisoient les belles
espèces, les françois seroient la plus belle des nations, et il s'en faut
bien.

vous gratifiés enfin; voila le point essentiel. tenés mon cher maitre
vos revenus publics pour la plus grande partie au moins, ne coutent
rien au peuple, cest a dire ne sortent pas de sa poche, je vous passe
ce point. cepandant comme vous scavés que selon l'ordre naturel
tout bien se communique comme tout mal se tient par la main, il
n'en est pas moins vray que tout bon employ du revenu tourne au
profit du peuple, tout meilleur a son plus grand profit, et ainsy
dans le cas contraire. dans le fait donc le revenu public d'ou qu'il
vienne fait portion du patrimoine du peuple, et cest ce patrimoine
auqu dont on dispose en s'attribuant la disposition du revenu
public. vous ne me demanderés pas ainsy icy sans doute, quel est
le meilleur employ du revenu public, puisqu'il n'est point et ne
scauroit ètre d'autre nature, que tout autre revenu, que les revenus
particuliers; or vous avés apris dans les livres oéconomiques, quelle
est la juste et profitable direction et distribution des dépenses
d'ou suit &c... reste donc a scavoir si la distribution en grati=
fications est dans l'ordre naturel et profitable, car vous ne vous
retrancherés pas sur la minimité des objets; ne fut ce qu'un écu
de son propre bien, une conscience timorée y prend garde, sans
minutie, a plus forte raison pour un argent dont on est que le dispen=
sateur obligé. or je vous avertis 1° que les gratifications et pri=
mes en ce genre iront a celuy qui en a le moins de besoin, communé=
ment du moins, puisque c'est celuy qui a eté le plus en etat de payer
12 lb au lieu de 30s. 2° qu'elles seront le prix d'une manoeuvre oéco=
nomiquement défectueuse; en effet cet homme aura trié son meilleur
foin, passé un temps perdu considérable a panser, enfariner et lustrer
son élève, nourry dans lécurie sans rien faire &c, il aura le prix, et
dans le fonds il y perd plus qu'il ny gagne et l'état par consequent, et
touts ses émules en auront fait autant en pure perte, et le tout pour
l'honneur de fournir quelque jour un porte timbalier bernois. 3° qui vous
a dit qu'ou il ny a que des criquets, le sol voulut nourrir, de belles races?
<3v> qui vous a dit qu'un cheval fort et vigoureux demande aussy peu de
soin qu'une brinde qu'on laisse au coin d'une étable vivre des restes tom=
bés du ratelier, tandis que l'autre estropieroit bètes et enfants? qui vous
a dit que le bon homme allant a léglise ou aux champs avec un sac
de semences devant luy, ne préferat pas son criquet a touts les andaloux
de l'ibèrie; qui vous a dit qu'un beau cheval soit de fatigue comme un
bidet ? si vous avés jamais eu de beaux valets, je vous le demande. 4°
est ce encor l'interest du proprietaire? j'en doute et voicy pourquoy.
vous avés ouy parler de lantique race limousine. le premier haras
de cette province etoit chez moy dans la terre de pierre buffière, le second
chez le Mis du saillant mon gendre. nous n'en avons ny n'en aurons
plus ny l'un ny l'autre et ne sommes pas si fols. ce genre de nourrissage
est sujet a tant de longueurs, d'accidents et de mécomptes, que c'est
purement une dépense de fantaisie auprès de celuy des bètes a cornes
et nous ne sommes pas assés riches pour donner dans ces sortes de
fantaisies.

mon cher amy je ne finirois pas si j'entassois ainsy icy les raisons en
foule dont j'avois resolu d'assaillir votre commission; tenés pour certains
qu'a peine ay je débuté, mais j'ay pensé que j'avois a vous parler en
détail de votre curieuse vallée, dailleurs j'ay force besogne et fort
peu de temps, car il va comme un torrent. en tout que dans votre
societé oéconomique on s'occupe de cet objet lâ comme de toute autre
bene sit a elle je luy diray ce que lexpérience m'a fait voir, cest qu'on
a tout perdu dans tout paÿs ou il y eut des races indigènes, en vou=
lant les mesler, et que la meilleure manière de les retablir cest de
réparer cela par deux ou troix générations successives de bons étalons
du paÿs, et ainsy de mème pour lavenir; a la quatrième génération
lespèce nationale sera retablie dans son mieux.

a légard de tout ce qui tient au gouvernement je luy diray lâ comme
ailleurs, qu'il fait toujours du mal et beaucoup, toutes les fois qu'il
se veut mesler d'autre chose que de son métier. ce métier se borne a trois
points qui embrassent assés d'etendue; l'instruction genérale qui ne
doit embrasser que la morale religieuse et sociale, la protection qui
comprend justice civile, et justice sommaire apelée police, ainsy que
la deffense et liberté, amélioration des avances foncieres souveraines
cest a dire du patrimoine public. jen suis faché mon amy, mais cest
lâ tout. sunt certi denique fines, quos ultra citra que, nihil potest
consistere rectum.

la description que vous m'avés faite de votre vallée et des moeurs
et talents de son médecin, m'a fait le plus grand plaisir et tel que je
desirerois quelque fait particulier arriver dans le paÿs, pour pouvoir
<4r> du tout qu faire un morceau qui seroit également curieux et intéressant
a faire connoitre. jay néanmoins a cet égard quelques questions a
vous faire, pour pouvoir bien éclaircir et démesler ces bonnes gens.

1° s'ils sont déliés, pense creux, et plaideurs, je reconnois l'influence
du voisinage de la chère capitale. ou sont les tribunaux juridiques,
lâ sont les plaideurs, lâ tout le monde aime la chicane; cest le pont aux
aux anes, on scait cela. mais quelle sont leurs loix et coutumes de par=
tage et d'hérédité? premiere question.

2° quest ce que leurs sindics, leur municipalité, et ce que vous apelés leurs
préposés? les élisent ils, sont ils annuels ou a vie, quelle est leur juris=
diction, ou pour mieux dire la force active d'icelle? car quand au droit
elle est a peu près la mème partout.

3° quest ce qui forme ce mur de séparation entre les paÿsans et les
manoeuvres? il paroitroit dabord que ce devroit ètre entre les possédants
fonds, et les journaliers et ouvriers d'industrie, en ce cas elle seroit bonne
et naturelle, pourvu qu'il fut permis a tout le monde d'acheter des fonds;
sans cela la distinction des classes est une chose bien dangereuse. jugés en
puisque l'honneur attribué a la fécondité institution excellente, est devenu
un poison au moyen de cet autre ingredient de famille et a fait de lanti=
que
nation juive, la plus détestable de toutes les peuplades pour cela
seulement. cest pis encor que l'horrible préjugé des conquetes qui in4 caractères dommage
ces romains si fatals. cest en cela surtout selon moy que notre
divin législateur fut adorable, d'avoir rapelé toutes les nations
et par conséquent toutes les familles a la fraternité. au reste
toute institution qui fertilise une vallée est bonne pour cette vallée et au=
tant un donneur de préceptes teckniques d'agriculture a occasion de
hausser les épaules sur son propre scavoir en parcourant le paÿs et
voyant les conditions phisiques, changer a chaque pas, et dépaÿser
sa théorie, autant un professeur politique, qui veut rendre égales
partout les loix, les coutumes, les poids et les mesures, trouve a déchanter
et a se dédire s'il a du bon sens. tout néanmoins ce qui tranche avec
les loix grandes et primitives de l'ordre naturel, doit ètre regardé comme
objet futur de réforme préparée et consentie.

4° qu'elle est la sorte de servitude ou les riches tiennent les pauvres? ces
riches, le sont ils en domaines et fonds de bien, ou en contrats, mobilier
bestiaux &c? a légard de votre médecin, je le regarde comme un très
excellent homme. seulement faudroit il luy luy inspirer d'instruire avec
soin quelqu'un des siens en qui il trouveroit du talent naturel, dès lenfance
ce qui ne peut manquer. les asclépiades dans l'antiquité, les valdajaux
aujourd'huy et bien d'autres races, se sont rendues chères, célèbres et se sont
perpétuées ainsy. en voila t il assès mon cher amy? pardon ce n'est
pas que je n'eusse autre chose a faire. je vous embrasse

Mirabeau

<4v> a propos ou hors de propos de livres oéconomiques, le commerce de
librairie est aujourd'huy tellement attaqué restraint et effrayé que rien
ne va. je fis l'année passée imprimer a mes frais les deux derniers
volumes de mes oéconomiques et en deux éditions in 12 et in 4° j'ay
encor le tout chez moy, si quelque libraire de vos cantons les vouloit
je m'arrangerois avec luy fort aisément et vous me feriés plaisir.
étant devenu vieux on le mit au moulin


Enveloppe

A Monsieur

Monsieur de Saconai en
son chateau de Bursinel
Par Berne en suisse


Etendue
intégrale
Citer comme
Mirabeau, Victor de Riqueti, marquis de, Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 18 juin 1772, Collection privée. Selon la transcription établie par Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: http://lumieres.unil.ch/fiches/trans/321/, version du 26.03.2018.
Remarque: nous vous recommandons pour l'impression d'utiliser le navigateur Safari.