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Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 10 janvier 1767
de paris le 10 janvier 1767
je vous souhaite mon cher amy au commencement de
l'annèe et toujours tout le bonheur que vous pouvès desirer.
ma digne mère est tombèe en une enfance absolue, le phisique
va bien et mème mieux, mais le moral si puissant autrefois
n'est plus rien. ma santé a encor eté fortement ébranlèe ces
mois passès, cest toujours l'estomac mais je reviens maintenant.
au reste mon cher amy jecris chaque jour toutefois et j'aimerois
bien mieux que ce fut a vous qu'a un autre.
je ne sache pas d'avoir l'honneur d'apartenir a Mr de granery
notre nom de famille en provence est Riquetty, nous y sommes
depuis 500 ans, et nous venons des a righetty de florence. au reste
Mirabeau nous apartient depuis 200 ans. le nobiliaire de
provence, la toscane francoise qui font mention des familles
venues d'italie en provence pourroient donner plus déclaircisse=
ments a Mr le Mis granery.
je vous supose mon cher amy toujours animé du mème esprit
pour l'instruction de vos compatriotes qui en ont en vèrité bien
besoin ainsy que touts autres. je vous avois designé le journal
de commerce agric. et finance qui en effet jusques a celuy de
9bre 1766 inclus, contient d'excellents morceaux; a cette datte on
l'a oté a notre élève. tout s'en est retiré, et il ne vaut plus rien, mais
a la place nous avons les éphémérides du citoyen chex la combe
libraire quay de conty; souscrivès et faites souscrire vos amis vous
en serés content. adieu cher saconay, votre bonheur fera toujours
une forte partie de celuy de votre amy Mirabeau
a Monsieur
Monsieur de Sacconai
a Berne à Payerne en Suisse
