Transcription

Société littéraire de Lausanne, « Sur la législation de Lycurgue, par W. McDowall », in Mémoires lus à Lausanne dans une Société de gens de Lettres, Lausanne, [juin] [1772]-[juillet] [1772], p. 103-113

Sur la Legislation de Lycurgue,
Par Mr McDowall

Il n’y a pas une partie de l’histoire ancienne
qui m’aie parüe plus Curieuse et plus interessante que
celle de Sparte, soit que nous considerons le Gouvernement
particulier établi à Lacedemone, soit que nous examinons les
usages extraordinaires qui prévalurent parmi ses habitans.

Comme ce Gouvernement et ses usages ont été genera=
lement imputés aux institutions de Lycurgue, Je me propose,
Messieurs, d’examiner quelques unes des Loix principales
qui ont été ordinairement attribuées à ce Legislateur.
Je fais ceci d’autant plus volontier, parce que selon mon
sentiment, l’esprit et l’Influënce de ces institutions ont été
mal entendus par la plus part des historiens et des Ecrivains
Politiques.

Lors que quelques uns des Etats de la Grece eurent fait
des progrés considerables dans les Arts, et dans la Civilisa=
tion, ils étaient étonnés des usages particuliers des
Lacedemoniens, qui se ressentaient encore de leur ancienne
Barbarie, et de leur Caractère tout militaire.

Pour rendre raison de cette particularité, ils la rap=
porterent à la sagesse de Lycurgue, que l’on croïait gene=
ralement par la Tradition être l’Auteur de ces Loix. Ils
conclurent que ce Legislateur, en donnant ces Loix à ses com=
patriotes

<104> compatriotes avait prévû les avantages éloignés, qu’elles
produisaient longtems après, et que dans cette vüe Il avait in=
troduit un changement universel, dans le Gouvernement et les
Mœurs de ce Peuple, et qu’il avait formé une nouvelle constitution.
Ainsi nous trouvons que dans les tems modernes, Lycurgue est
devènu le Patron de tous les entrepreneurs Politiques, dont les
systèmes Chimeriques n’ont point de Rapport à la Situation et
aux mœurs du Peuple, pour lequel ils sont formés.

Par l’Obscurité du siècle dans lequel ce Legislateur vécut
il paraît que l’histoire de Sparte était tres peu connüe, même
aux écrivains Grecs. Plutarque avance qu’on ne peut rien dire
du Legislateur Lycurgue, qui ne soit rapporté differemment
par les historiens; Car il y a diverses traditions sur son Origine,
sur ses voïages, sur sa Mort et encore plus, sur ses Loix,
sur la force du Gouvernement qu’il établit, et sur le tems où
il vécut.

On ne ne peut pas donc adopter la conjecture de quelques
uns de ces Ecrivains, que Lycurgue introduisit un Changement
subit, et Violent dans le Gouvernement et dans les usages
des Lacedemoniens. Il est plus Probable qu’il rassembla
seulement leurs Loix, redigea leurs procédures en
Ordre, et introduisit quelques changemens doux et
moderés dans leurs anciens usages, avec le consentement et
l’approbation de ses compatriotes.

Ceci me semble plus vraisemblable quand nous refléchissons
sur la haute reputation qu’il s’est acquise et sur le Succès
qui le suivit, ainsi qu’en considerant particulierement
les institutions mêmes qu’on lui attribue.

Un des premiers règlemens attribué à Lycurgue sur
l’Institution d’un Senat composé de 28 personnes ou de
30: en y comprenant les deux Rois. Les senateurs étaient
choisis par le Peuple, et ils possedaient leurs Emplois pendant
toute leur Vie.

L’Election selon Plutarque se faisait de cette manière. Le Peuple
<105> Peuple s’assemblait dans la grande Place: on enfermait dans
une maison voisine un certain nombre d’hommes choisis qui ne
pouvaient, ni voir, ni être vûs, et qui entendaient seulement le bruit
du Peuple, qui en cette occasion, comme en toute autres, donnait
ses suffrages, par ces cris. On faisait passer dans le milieu de l’assem=
blée tous les prétendans, l’un après l’autre, selon que leur rang
avait été reglé sur le sort. Cette marche se faisait de leur part
dans un grand silence. Mais le Peuple temoignait par ses cris
l’Approbation qu’il donnait. Ceux qui étaient enfermés marquaient
à chaque fois sur des Tablettes le degré du bruit qu’ils
avaient entendus, sans scavoir pourquoi il avait été
fait.

Ils mettaient seulement pour le premier, pour le second,
pour le troisieme, et ainsi de suite pour tous les autres. Celui
pour qui les acclamations avaient été les plus grandes, et les
plus frequentes était reçû Senateur.

L’Administration principale des affaires Publiques
était absolument confiée au senat, et les matieres impor=
tantes, ne pouvaient étre expediée sans son approbation.
Cependant la Voix du Peuple était necessaire, quand il
s’agissait des cas importans, en sorte que le Peuple avait le droit
de faire des Loix et d’Elire les Magistrats.

L’Institution d’un Senat pour deliberer sur les affaires
importantes a été genèralement reçû parmi tous les
Peuples, dont la scituation avait du Rapport à celle des
Lacedemoniens. Quand plusieurs Colonies sont unies ensem=
ble, comme dans la naissance de Lacedemone, Il y a ordinai=
rement un Chef ou Capitaine à la tête de Chaque Colonie,
qui a une pleine Autorité sur tous ceux qui la Composent,
et par consequent tous ces chefs reunis ont une influënce
tres considerable sur tout le Corps du Peuple. Le sou=
verain quoi que leur General pendant la Guerre, et leur
suprême Magistrat pendant la Paix, ne peut executer
aucune Entreprise d’importance, sans le consentement de ces
<106> ces grands Chefs. Et c’est pour cette raison qu’il les Assemble
pour donner leurs suffrages dans les deliberations. Il s’est
formé ainsi un Sénat chés plusieurs Nations en Attique, dont la
scituation le Gouvernement et les mœurs ressemblent à ceux des
Lacedemoniens; Or il est probable qu’il subsista un Senat
avant Licurgue, et que ce Legislateur avait seulement étably
un pouvoir sur une base plus solide, et qu’il avait introduit
quelques règlemens particuliers, relativement à la forme
de ces procedures.

Un autre reglèment attribué à Lycurgue était le portage
égal des Terres entres les habitans de Lacedemone. On dit
qu’il partagea ces Terres de la Laconie en trente mille parts,
et qu’il en défendit l’Allienation. On présume que par cet
égal partage il voulu empecher qu’aucun ne devint
assés Puissant pour opprimer ses compatriotes, ou qu’on ne
fut reduit à un degré d’indigence qui pourrait l’exposer
à la Corruption.

On peut observer que Xenophon qui a écrit un traité
particulier de ce règlement sur les institutions de Sparte,
ne fait point mention de ce reglement. Cette raison
ainsi que la difficulté d’établir une telle Loy, ont fait
croire à quelques écrivains qu’elle n’a Jamais été en Vigueur
à Lacédémone.

Mais quand nous considerons la Scituation de ce
Peuple dans ces siecles éloignés, nous pouvons Juger que
ce reglement fut tres convenable à leurs circonstances
particulières.

Dans le Commencement de l’Agriculture les membres de
Chaque Colonie possedent et Cultivent en commun la Terre
qu’ils avaient occupé pour leur subsistance, et il s’est ordinairemt
écoulé une espace de Temps, avant qu’elle fusse appropriée
à des particuliers, Or si nous supposons que plusieurs Colonies
de ce Peuple à peu prés également puissantes ayent été
reünies dans une Nation, on peut attendre que la Terre sera
<107> sera partagée en égales portions, et encore sous divisée selon
les membres qui composent les Colonies.

Ainsi la Loy Agraire sera établie dans une telle nation, non
seulement sans difficulté, mais même sans l’intervention d’aucun
Legislateur. Le nombre des parts dans lesquels la Terre fut partagée
nous montre encore que ces mêmes circonstances produisirent la Loy
Agraire à Sparte; Car le Païs de Laconie était divisé en trente
mille portions, qui s’accordent exactement avec le nombre des
Senateurs, en y Comprenant les deux Rois.

3° On a dit que Lycurgue établit aussi plusieurs Loix pour
reprimer le Luxe, et les depenses inutiles dans les répas, les meubles
l’habillement, et tout ce qui regarde l’œconomie domestique.

Les Vivres qui étaient permis aux Lacedemoniens furent particuliere=
ment specifiées par la Loy. La Viande était seulement permise
à la Jeunesse, et les Vieïllards étaient obligés à manger le
Broüet Noir.

Il était défendu aux Citoïens, dit Plutarque, de se reguler
en particulier, et de fixer la dépense de leurs propres festins.
On entretenait des Tables Publiques, où les habitans s’Assem=
blaient au nombre de 12 ou 15 personnes, et chacun était
obligé de porter avec lui une certaine quantité des provisions.

Leurs lits pendant l’été étaient faits des Roseaux des Rivages
de L’Eurotas.

Leurs habillemens étaient parfaitement unis et simples,
destinés pour l’usage plûtôt que pour l’ornement; Et en cela
ainsi que dans leur nourriture, il n’y avait point de distinction
entre les riches et les Pauvres.

Ils s’en retournaient chés eux sans Lumières, Car il n’était pas
permis de se faire éclairer, Lycurgue aïant voulu qu’on
s’accoutuma à marcher hardiment partout, de nuit et dans
les Tenèbres.

Il était ordonné que les Planchers des maisons fussent
faits avec la Coignée et la soie, les portes avec la Scie sans
le Secours d’aucun autre instrument. Il n'est

<108> Il n’est point surprenant que ces usages des
Lacedemoniens parussent tres singuliers aux Nations
Civilisées de la Grece et fussent considérés comme étant
l’effet de quelques Loix Sumptuaires, qui obligerent ainsi
le Peuple à une Vie sobre et Pénible.

Toutes ces Loix pourtant sont tres conformes à la
Nature d’un Peuple dans la Scituation des Anciens Lacede=
moniens au tems de Lycurgue.

Le Broüet noir de Sparte, n’était pas plus grossier que
la nourriture des Siberiens et des Indiens du Nord de
L’Amérique.

Leur coutume de faire des repas Publiques n’était point
extraordinaire. Dans le commencement d’un état les mem=
bres des differentes colonies sont intimement liés les uns avec
les autres, accoutumés à s’associer souvent ensemble, à
partager leurs Travaux, ainsi que leurs divertissemens, et à
manger presque toûjours en commun.

Il est probable pourtant que Lycurgue fit quelques regle=
mens pour maintenir le bon ordre parmi ses compatriotes, dans
ces repas Publiques qui avaient été établis par l’ancien usage.

La défense d’aller se coucher sans Lumières était une
Loy sumptuaire fort naturelle, et ne devrait pas être consi=
derée comme un moyen que Lycurgue emploïa, pour rendre
les Lacedemoniens plus hardis et plus intrepides. Il y a
plusieurs endroits dans mon Païs, où cet usage est
établit, sans l’Intervention d’aucun Legislateur, quoique
ce siecle nous fournisse cet article à beaucoup moindre
prix que dans ces tems reculés.

La Loy qui leur défendit d’embellir leurs maisons
peut être considerée sous la même vüe. Tout orne=
ment recherché est regardé comme extravagant. Les
Moines se plaignaient de nos Ancètres, parce qu’ils se
peignaient deux fois par jour, ce qui leur paraissait très
effeminé. Loin d’être surpris que les Lacedemoniens dans
<109> dans ces siecles éloignés ne fissent point usage de quelque
instrument plus perfectionné que la cognée et la Scie. Je suis
étonné que la Scie leur fut connüe. L’histoire nous aprend
que les Moscovites ignoraient l’usage de la Scie Jusqu’au
tems de Pierre le Grand.

On peut rendre la même raison pour cette Celebre
Institution de Sparte, par laquelle les Arts, les manufactures et
le commerce furent défendus comme étant superflus. Et L’or et
l’argent exclus du Païs. Une monoye de fer était substitutée
à leur place, pour suppleer aux necessités des Citoyens.

L’Etat du commercant a toûjours été avili dans les
siecles peu Civilisés, où la profession des Armes est la seule
distinguée.

Les Romains emploïaient leurs Esclaves dans les Arts
Mechaniques. Dans L’Odyssée où Homère donne une
excellente description des mœurs des Grecs, Nous voyons
que lors que Ulysse neglige d’assister à un sacrifice
solemnel, le Peuple l’appelle un marchand Vagabond,
nom, alors le plus injurieux. Ulysse vivement piqué
de cette injure Jette tres loins une Pierre Enhorme, et par
là donnant des preuves de sa bravoure, Il rentre dans
leurs bonnes graces.

Le Dieu Tutelaire des Voleurs et des commerçans
était le même parmi les Grecs.

Cette profession était aussi meprisée en Europe
dans le Tems feodal, Et elle était adoptée par les Juifs,
qui n’ayant rien à perdre de leur reputation se mettaient
au dessus de ce préjugé.

Il paraît donc que les Arts et le commerce auraient
été naturellement méprisés à Lacedemone, sans l’Interven=
tion d’un Sage Legislateur.

La Monoye en usage dans les prèmiers siecles de la
Grece consistait en moutons, en peaux et en Coquillages.
La monoye du fer me parait un avancement, et il est pro=
bable

<110> probable que la monoye d’or et d’argent ne circula point dans les
autres endroits Etats de la Grèce que long tems après.

On suppose que Lycurgue fit aussi des reglemens touchant
le Mariage et la Conduite des femmes; Il permettait au Mary
de prêter sa femme à un ami et institua Cette Loy, dit on, pour
éteindre la Jalousie, et pour mettre fin à Ces desordres
qu’elle entraine dans l’union Conjugal.

Le mélange des deux sexes était permis, dans leurs
exercices et dans leurs divertissemens, et les femmes y
paraissaient nuës. On croit que Lycurgue institua cette
Loy pour exciter les Passions, et pour favoriser le mariage.

Cette supposition est pourtant inutile. Mr Thomas
dans son essay sur les femmes, fait voir très clairement
qu’un Peuple Barbare ne voit dans les femmes que le
phisique, et que nous ne devrions point attendre dans la
scituation des Lacedemoniens, ces vertus et ces Talens, qui
ornent le beau sexe de nos Jours; Et à qui nous
sommes principalement redevables de la Politesse de
nos mœurs, et des agremens de la societé. à 1 mot biffure

Les Relations de tous les voyageurs confirment
cette Idée. À Calicut aux Indes Orientales, les homes
commercent avec les femmes de leurs amis...
Dans la Chine, dans l’Isle de Guiane aux Indes Orientales
Et dans la contrée de Kamtchatka, les femmes sont
adonnées à la plus affreuse prostitution. Tacite
dans ses mœurs des Germains, et Cesar dans ses
Commentaires, font aussi connaître les mœurs Corompues
des femmes dans ces siecles barbares, et le peu d’Egard
que les hommes ont envers ce sexe.

Selon les historiens, l’exposition des enfans était
permise, et même ordonnée dans quelque cas par les
Loix de Lycurgue. Si tôt où un enfant été né, le Père
était obligé de le porter lui même devant les anciens
des Tribus Assemblés qui l’examineront, s’ils le trouvaient bien
<111> bien formé et vigoureux, ils ordonnaient qu’il fut nourri et
lui assignaient un heritage. Mais si au contraire il était mal
fait et délicat, ils l’envoïaient Jetter dans une fondrière
pres du mont Taygète. Dès que ces Enfans étaient parvé=
nus à l’âge de Sept ans, on les distribuait en différentes
Classes, et on les formait tous ensemble aux mêmes
Loix, et à la même discipline, et on les accoutumait
à avoir les mêmes divertissemens et les mêmes exercices.

Cet usage Barbare d’exposer les enfans prévalut dans tous
les états de la Grece longtems avant Lycurgue, Et ce qui est
Encore plus singulier, subsistait chés eux, même après que
leurs mœurs furent tres Civilisés.

La Coutume que prevalut à Sparte d’Elever les Enfans
après un certain age sous la direction de l’état, paraît
tirer son Origine des mêmes circonstances, qui firent naître
l’usage de manger en commun. La Liaison intime qui
regna parmi les membres d’une Colonie les disposaient
à vivre beaucoup ensemble, et à soumettre toutes leurs
affaires importantes à la deliberation et  à l’adminis=
tration de leurs compatriotes.

Une des institutions les plus Celebres, attribuée à
Lycurgue, était celle par laquelle le larcin n’était
pas regardé comme infame, ni puni excepté quand
le larron été découvert dans l’action du Vol.

Cette institution si nous voulons en croire Xenophon
et Plutarque n’était point introduite par Lyurgue
pour approuver le Larcin, mais pour rendre ses com=
patriotes plus subtiles, et plus rusés.

Mais il n’est point necessaire de donner ces raisonnemts
tirés de si loin. Les Idées des Lacedemoniens sur cette
matière étaient les mêmes de toutes les Nations barbares,
parmi lesquelles le Larcin est rarement traité d’infamie.
Et lors qu’on le faisait avec habilité, il était souvent
accompagné des Marques d’honneur. En même

<112> En même tems, il était naturel que le Larcin fut
regardé sous un autre point de vüe, quand le larron était
pris sur le fait, et quand il n’était pas decouvert jusques à
après. Dans le premier cas l’Injustice était nouvelle, et
faisait naître un ressentiment beaucoup plus fort que
dans le dernier, et disposait par consequent la personne
qui avait été volée à punir le Criminel avec plus de
sevérité.

Cette circonstance faisait la distinction dans la Loy
Romaine entre le Furtum manifestum, et le furtum
non manifestum
, dont le premier était puni avec
beaucoup plus de severité que l’autre.

Dans la description de Kamschaten publiée par les
envoïés de Russie, il nous disent, que c’est honnorable
de voler de ceux d’une Tribu differente, tellement
qu’une fille a beaucoup de difficulté d’avoir un
mari, si elle n’a pas donnée des preuves de son
habileté à voler. Si cependant elle est découverte
sur le fait, elle est punie avec sevérité. En lisant
cette Loi des habitans de Kamschaten, Je crus lire
l’institution de Lycurgue dont J’ay fait mention.

Enfin plusieurs Auteurs observent que Lycurgue
n’ecrivit point ses Loix, parce qu’il voulait qu’elles
fussent gravées dans le cœur du Peuple. Une autre
et peut être une meilleure raison s’offrira à
quiconque voudra considerer le Graduel Progrés
de l’Art d’Ecrire. Il est tres probable qu’il y avait
peu de Lacedemoniens, qui pussent lire et écrire
dans le Tems de Lycurgue.

Après tout Il me parait que la plûpart de ces
réglemens qui ont été attribués à ce Legislateur
auraient eu naturellement lieu chés les Lacedemoniens
dans leurs commencemens, et qu’en effet ils n’ont
pas produit aucun Changement considerable dans les mœurs
<113> mœurs et dans le Gouvernement de ce Peuple.

Le seul point de vüe sous lequel ses institutions peuvent
exister nôtre surprise est, lors que nous considerons le
tems qu’elles étaient retenuës par les Lacedemoniens, nonobstant
les differens usages qui prévalurent dans les autres nations de la
Grece.

La fertilité de leur Païs, qui leur fournissait toutes les
commodités de la Vie, leur situation éloignée de la mer,
leur peu de correspondance avec les étrangers, contribue=
rent beaucoup à conserver leur attachement pour leurs
anciens usages.

Il faut considerer aussi que Lycurgue vivait au com=
mencent de leur Republique, qu’il ramassa leurs
Anciens usages, et qu’il en fit un Code de Loy. Il est
évident donc qu’ils devaient naturellement avoir une
grande véneration pour sa mémoire, et un respect
sacré pour les institutions qu’il introduisit.

Ainsi, Messieurs, Je vous ai donné quelques obser=
vations sur des Loix qui sont si remarquables, qu’elles
ont fixé l’admiration des plus grands hommes, et qu’elles
ont occupé la plume de plusieurs écrivains de
distinction.

Je les ai consideré sous un nouveau point de vüe,
heureux si je puis mériter vos suffrages. Si je me suis
égaré quelque fois dans la voïe que je viens de tenir,
les Lumieres dont vous m’éclairerés seront toûjours
pour moi le plus grand avantage.

Etendue
intégrale
Citer comme
Société littéraire de Lausanne, « Sur la législation de Lycurgue, par W. McDowall », in Mémoires lus à Lausanne dans une Société de gens de Lettres, Lausanne, [juin] [1772]-[juillet] [1772], p. 103-113, cote BCUL, IS 1989 VII/4. Selon la transcription établie par Damiano Bardelli pour Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: http://lumieres.unil.ch/fiches/trans/1401/, version du 07.02.2024.
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