Transcription

Fribourg ce 9. aoust 1799

Je vous embrasse mille fois, mon cher Grégoire! de quelle consolation
votre lettre  n'a-t-elle pas rempli mon ame? avec quelle effusion de
lettre coeur ne l'ai-je pas lue? je puis vous dire, que depuis dixhuit
mois je n'ai éprouvé une sensation plus agréable. vous étiez destiné
a remplir la carrière, ou vous faites des pas de géans, et aucun
autre n'eut pu vous remplacér. les succês doivent amplement
vous dédomagér de vos traveaux, et de vos sollicitudes. je
vous remercie beaucoup de mon coté, et beni la divine providence,
en me prosternant devant elle, de ce qu'elle daigne vous inspirér,
et couronnée votre Zêle. j'approuve hautement tout ce que
vous avez fait, et vous prie de continuér en vous donnant tous
les pouvoirs de grandvicaire a Berne usque ad revocatiem.

Avec quel paisir n'irois-je pas être témoin oculaire du
nouveau établissement, que votre zele éclairé, et votre
prudence ont formés, mais indépendement de quelques
<1v> accidens sanguins, qui me sont survenus, pendant ces chaleurs,
et qui me forcent a la plus stricte inaction, et a un Regime
inviolable, si j'allois dire une messe Episcopale a Berne, cela
ne pourrait-il pas être envisagé, non par les Authorités, qui
ont trop de lumiéres, mais par le peuple, comme un espéce
de triomphe, ou de bravade, qui pourroit diminuér la
confiance, que j'ambitionne de toute l'Helvétie. ainsi aÿons
un peu de patience, et j'espére, qu'au milieu des Authorités
et auprês de vous je jouirai des plus grandes satisfactions.

faites moi le plaisir d'offrir au Directeur Savarÿ  mes
plus sincéres voeux pour la satisfaction au sein de sa
famille. mes honeurs au Ministre des Sciences , mes
amitiés a Frossard .

Et vous, mon cher Grégoire, comptez moi au nombre de vos
plus attachés, et plus sincères amis.

† jean Baptiste Evêque
de Lausanne