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Lettre à Philipp Albert Stapfer, Fribourg, 12 février 1799
Citoyen Ministre
Elle est trop haute l’idée que Vous avez conçue de mes talens et
de mes connaissances. Il faudra rabattre beaucoup pour Vous
rapprocher de la verité. Cependant si la bonne volonté peut quelques
fois suppléer au défaut de lumières, je suis bien assuré de la mienne
et j’oserai vous dire qu’elle saisira toujours le bien avec le plus vif
empressement.
D’après cela, Citoyen Ministre, Vous devez penser que votre offre
doit avoir infiniment d’attraits pour moi . La maniere obligeante dont
avec laquelle Vous appelez au Service de la Patrie un jeune homme
qui l’a toujours portée dans son cœur, en rehausse encore le prix, et je
n’hesiterais pas un instant à me rendre auprès de Vous pour me former à
votre école, si je n’avais pas certaines mesures à prendre qui nécessitent un
moment de reflexions et de retard. Vous voudrez donc bien permettre que
je remette à quelques jours la décision que j’aurois voulu Vous faire par=
venir à ce moment . En attendant je me dispose en silence a faire
dès la semaine prochaine le voyage de Lucerne. Peut être que les
fonctions d’Archiviste dans votre Bureau surpassent mes forces, peut être
encore, que lorsque Vous aurez vû l’homme, Vous n’en voudrez plus. J’espère
cependant que, quoiqu’il en arrive, Vous ne lui refuserez pas toute l’estime
que Vous avez bien voulu lui accorder.
Je prends la Liberté de Vous faire passer pour la Société littéraire
deux questions que d’autre proposeront sans doute et mieux que moi . Je
les ai tracées à la hâte, et je les remets entiérement entre vos mains.
Vous en disposerez selon votre bon vouloir. Si c’est une indiscretion de
ma part, je Vous préviens qu’il faudra m’en passer bien d’autres si jamais
j’avais le bonheur d’être auprès de Vous.
Salut et respect
Greg Girard Clier
Fribourg ce 12 février
1799.
Au Citoyen Stapfer
Ministre des Arts et des
Sciences
Service public Lucerne