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Lettre au Père Girard, Aarau, 15 septembre 1798
Aarau, ce 15 sept. 1798.
[Le ministre des Arts et Sciences
de la République helvétique, Une et Indivisible]
au citoyen Greg. Girard, Professeur de morale
au Couvent des Cordeliers de Fribourg
Citoyen!
Plus les difficultés d’un homme de lettres a à combattre
pour se mettre au dessus des préjugés de son pays, de son
ordre et de son siècle, et plus l’idée est grande qu’il donne de
ses forces intellectuelles quand il a réussi à vaincre tous les
obstacles et à atteindre le but qu’on se propose dans
des pays ou des états plus favorisés. Votre projet d’éduca=
tion , citoyen, prouve que Vous avez marché de front
avec les progrès de la raison publique et de l’art pédagogique
en France et en Allemagne, et tout ce que Vous voudrez me
communiquer sur les moyens d’instruire et de moraliser
les diverses classes du peuple sera reçu par moi avec
reconnoissance et lu avec l’intention de le mettre à profit.
Une de mes plus grandes sollicitudes est l’épuration des
opinions réligieuses dans les pays qui suivent le rite Romain.
Il n’est pas douteux que Vôtre culte n’attache plus de prix
à des actions purement extérieures que l’intérêt de la moralité
ne comporte et qu’elle est plus propre qu’aucun autre système
religieux à pervertir l’opinion sur ce que peut seul et doit
seul être considéré comme la volonté de l’Être saint et parfait.
<1v> Je Vous supplie de m’envoyer le Tableau que Vous faites
espèrer . Ce que Vous dites sur l’ouvrage de Lanthenas ex=
cite ma curiosité . Je Vous serois obligé si Vous vouliez me
l’addresser à Lucerne. Quelques uns de nos Directeurs le liront
avec intérêt et non sans fruit pour la grande cause de
l’annoblissement de nôtre race.
Salut républicain!
Le ministre des Sciences
Stapfer