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« Assemblée XL. Lecture de la cinquième dissertation de Schmauss sur le droit naturel et son origine », in Extrait des conférences de la Société de Monsieur le comte de la Lippe, Lausanne, 15 février 1744, vol. 2, p. 89-95
- Société du comte de la Lippe (Auteur)
- Polier de Bottens, Georges (1675 - 1759) (Collaborateur)
Le comte de la Lippe n'introduit pas la séance par son résumé de synthèse habituel étant donné que Seigneux de Correvon, l'intervenant de la fois passée, ne lui a pas transmis son discours.
Monsieur le Professeur Polier produit ensuite une synthèse des différents articles de ce qui est appelé: "la Ve dissertation de Schmauss" (Johann Jacob Schmauss, jusnaturaliste allemand, dont il a déjà été question dans différentes assemblées). Dès ses premières remarques, Polier de Bottens oppose au texte de Schmauss qui cherche à comprendre l'homme "dans son état primitif, sans révélation", les devoirs que Dieu a assignés aux hommes en les créant. Là où Schmauss paraît tenter d'extraire l'homme des conceptions et perspectives théologiques, le professeur Polier, les rappelle aussitôt. Ainsi, Schmauss présente la vie comme un droit, alors que Polier de Bottens l'appelle un don, toujours soumis à la volonté de Dieu. De manière générale, là où Schmauss essaie de penser, pas forcément en suivant toujours les règles de la justice évangélique, la liberté et les actions de l'homme dans un état de nature précédant la Révélation, Polier de Bottens lui oppose constamment l'objectif de modération, de bonté, et d'obligation morale pour lequel Dieu a créé l'homme.
La discussion qui suit la présentation du professeur Polier fait voir une assemblée plutôt divisée, mais néanmoins penchant vers une perpective de lecture théologique. La plupart des intervenants tentent de comprendre pourquoi Schmauss présente l'homme comme créé "par accident" sans l'envisager dans les devoirs que lui prescrit la théologie, ils estiment néanmoins, en majorité, que Schmauss finira par réintroduire les exigences éthiques et ontologiques de la Révélation; Jean-Philippe Loys de Cheseaux allant même jusqu'à dire que les principes de Schmauss sont les meilleurs qu'il ait entendu jusque-là. Le professeur Polier, concluant la discussion, pense néanmoins que Schmauss ne parlera jamais de Dieu et que ses principes sont dangereux.
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Mots-clés:
- Droit et justice
- Droit naturel
- Littérature
- Littérature allemande
- Genre - Critique littéraire/Compte rendu d'ouvrage
- Philosophie
- Nature/civilisation
- Liberté
- Raison
- Droit/devoir
- Religion
- Religion naturelle
- Théologie - Dieu
- Théologie - Dogme/doctrine
- Société
- Société savante/cercle/salon
- Droit et justice
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Personne:
- Caussade, Jonathan, baron de (1679-1752)
- Dapples, Jean-François (1690 - 1772)
- Lippe, Simon Auguste, comte de la (1727 - 1782)
- Loys de Bochat, Charles Guillaume (1695 - 1754)
- Loys de Cheseaux, Jean-Philippe (1718 - 1751)
- Loys de Cheseaux, Paul Etienne (1688-1758)
- Polier de Bottens, Georges (1675 - 1759)
- Polier de Saint-Germain, Antoine (1705 - 1797)
- Seigneux, François (1699 - 1775)
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Société/Académie:
- Société littéraire du comte de la Lippe - Lausanne (1742-1747)
- Helder Mendes Baiao (intégrale/fini) [afficher]
Public
Précisions concernant les "Seigneux":
Gabriel Seigneux de Correvon est dit "M. le Boursier Seigneux".
François Seigneux est appelé "M. l'Assesseur Ballival (Seigneux)".
Jean-Samuel Seigneux est nommé "M. le Bourgmestre (Seigneux)".
Public
Personnalités et ouvrages cités au cours de l'assemblée:
- Johann Jacob Schmauss (1690-1747), J. Jac. Schmaussi Dissertationes Juris naturalis quibus Principia novi Systhematis hujus Juris, ex ipsis naturae humanae instinctibus extruendi, proponuntur, Gottingae, 1740, in-8°, 108 p. (exemplaire à leur disposition, mentionné à l'Assemblée 32).
- Hugo Grotius (1583-1645), De iure belli ac pacis, 1625. Cité pour sa définition du droit comme le "le pouvoir ou la Faculté de faire une chose".
- Johannes Cocceius (ou Coccejus) (1603-1669), théologien allemand ayant essentiellement fait carrière aux Pays-Bas. Il développa sa réflexion autour de la notion d'Alliance, projetant sur l'histoire humaine une lecture théologique, voyant dans l'Apocalypse le couronnement de l'histoire du salut et de l'oeuvre de Dieu. Sa pensée est considérée comme un élément constitutif de la réflexion que développeront les courants piétistes. Il est fait référence à ce théologien à l'art. IX des propositions de Polier de Bottens où celui-ci signale que Schmauss distingue avec Cocceius la "faculté naturelle d'agir", autrement dit la liberté, et l'obligation, par les bornes légitimes restreignant la première faculté. (Cf. Bernard Roussel, "Cocceius ou Coccejus Johannes (1603-1669)", in Encyclopedia Universalis, http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/cocceius-coccejus/, 23.03.2012).