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Lettre à Jean Alphonse Turrettini, Lausanne, 27 avril 1717
A Lausane ce 27 Avril 1717.
J’ai enfin reçû, Monsieur, la réponse que j’attendois de Groningue, & telle que je la souhaittois.
Je puis passer par où il me plaira, & ainsi je me détermine pour la France. Je suis surpris, que nous
n’ayions aucune réponse de Mr L’Abbé Le Grand. Voici une lettre plus précise, que je vous prie de
lui faire tenir incessamment, ou dans le paquet de Mr le Résident, qui apparemment écrit tous les ordi=
naires, ou en droiture. Je suis bien aise de faire toute la diligence possible, afin que Mrs les Curateurs de
Groningue, qui en agissant fort généreusement avec moi, ne me soupçonnent pas de mal ménager les
deniers de leur Province; car tous gages courent depuis le jour de la vocation, & on ne me limite rien
pour les frais de mon voyage. Au reste, ils ne m’ont pas voulu répondre sur l’article du Doctorat:
mais Mr Rossal, en même tems qu’il m’apprend qu’il faut nécessairement que je prenne ce
grade, me dit, que c’est la coûtûme dans les Provinces Unies, que les Universitez donnent le grade
& les lettres de Docteur honoris caussa, à un homme qui a une Vocation, comme je l’ai. Là-dessus
il me conseille de me faire recevoir en passant à Leide, comptant que Mr Noodt ménagera cette
affaire avant mon arrivée, & épargnera, autant qu’il sera possible, ma bourse. Cependant comme
cela attiroit bien des longueurs, je crois qu’après tout il vaudra mieux revenir à Bâle, où tout se
fera en mon absence. Ainsi j’écris aujourdhui en droiture à Mr Battier., 3-4 mots biffure
1 mot biffure Mr Rossal me mande, qu’on ne sait pas encore si Mr Bernoulli acceptera
son rappel. Apparemment il temporise, pour obtenir quelque chose à Bâle, où l’on dit qu’il a présenté
ses lettres de vocation à la Régence. Cela détruit un bruit qui s’étoit répandu ici depuis deux jours, sur
quelque lettre de Mastricht, que, sur le refus de Mr Bernoulli, on appelloit Mr de Crouza,
qui est présentement à Berne, & qui apparemment n’accepteroit point, au cas que la chose eût quel=
que fondement. Je vous demande pardon, Monsieur, de tant de peine que je vous donne.
Je suis, en attendant d’avoir l’honneur de vous voir, Vôtre très-humble & très-obéïssant serviteur
Barbeyrac
A Monsieur
Monsieur Turretin, Pasteur & Professeur
en Théologie & en Hist: Eccles.
A Genéve