Transcription

Mirabeau, Victor de Riqueti, marquis de, Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 10 avril 1743

de paris ce 10 avril 1743

tu pense sainement sur tout mon cher amy, mens sana in corpore
sano
cest le souhait du sage et il t'a été octroyé je n'ay point douté que
la double nouvelle que je te donnois ne te fit grand plaisir, me voir sortir
du tourbillon et prendre le timon de mes affaires domestiques dont que ton
amitié me croit capable de bien gouverner cest me trouver a ton point
a celuy ou tu me desirois et lje l'avoue a celuy ou je devois trouver le bonheur
les premiers moments de cette course dans une nouvelle carriere sont
pènibles, mes affaires suspendues m'avoient mènagé jusques a prèsent,
a la verité en dépèrissant et tout me tombe a la fois sur les bras, mais
chaque pas que je fais me confirme davantage dans l'opinion que cest
la le vray chemin, jy marche mon cher amy et jy marcheray avec ardeur
ayant toujours le vray bien, ce qui est bien et ce qui est mieux, pour
principe et pour but. le mariage dont je t'ay parlé mon cher amy est fait
et public, mon beau père futur part demain et je le suis après demain
pour aller dans les terres de Me de vassan, jay affaire aux plus honnetes
gens du monde et qui en agissent parfaitement avec moy, a la vérité
je les y ay engagé par des façons que le st george mème apèle dom
quichotisme
mais qui m'ont souvent reussy, il y a peu d'annèes 1 mot biffure depuis que
1 mot biffure je suis patron qui ne soyent marquèes par quelque action de cette espéce
et je ne recapitule avec plaisir que cela au bout de l'an; par exemple
<1v> le frère de le franc que tu scais ètre mon amy nommé a un èvèché a besoin
de 30000 lb pour payer ses bulles, j'emprunte les dix mille ècus et les luy prète
il m'envoye 1 mot biffure procuration, billet &c, jallume mon feu du tout le st
george arrive et voit les flammes consumer ilium il m'embrasse et me
prie seulement de ne faire qude ces choses la qu'une a la fois; j'en ay
quelques unes de mieux, et qui tiennent purement du devoir de l'humanité
sans rien avoir de la satisfaction que l'on trouve a servir son amy, mais
tu ne me payes pas pour te faire registre de mes bons gestes qu'il te suffise
de scavoir qu'etre bon et sage et agir concsequemment a ce est, mon but
mais venons a toy, jadmire ta philosophie sur l'affaire du deux cent, mais
pense que si l'ambition ne ty porte pas il faut que le desir de servir ta
patrie, t'en rende les occasions prètieuses, cela ne derangera rien a ton
stoicisme, car si tu ne reussis pas, tu n'en seras pas moins sur tes pieds
pour te former pour le temps ou cela viendra, mais quand au mariage
ce nest pas la mème chose mille raisons doivent ty porter, mais je
ne te dèduiray tout cela que dans ma premiere lettre, car je suis accablé
d'affaires qui m'etoufent la tète adieu, mes respcts a tout ce qui
t'apartient, et ècris moy a limoges pour pierrebuffiere adieu mon
cher frèderic, je vais passer le rubicon

grand mercy de la relation qui est très bien faite et du plan vale

Etendue
intégrale
Citer comme
Mirabeau, Victor de Riqueti, marquis de, Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 10 avril 1743, Collection privée. Selon la transcription établie par Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: https://lumieres.unil.ch/fiches/trans/97/, version du 16.05.2017.
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