Transcription

Mirabeau, Victor de Riqueti, marquis de, Lettre à Frédéric de Sacconay, Lunéville, 20 novembre 1742

de lunéville ce 20 9bre 1742

notre amitié est trop au dessus des paranthéses mon cher frèdèric
pour que je croye etre obligé de te réveiller, je l'aurois du plutost
en revanche de pareil soin que tu avois pris pour moy cet été,
après la replique a cette semonce tu n'as plus dit mot, et moy jay
tant couru par monts et vaux, tant vilainement peiné tant
juré, que je n'ay pas dans tout ce temps la trouvé le temps de
l'unisson avec toy, hors ce n'etoit pas la peine de s'éveiller pour
discorder; passons sur les détails de nos sottises tu les verras un jour
si tu veux, l'objet n'est point assès plaisant pour étre croqué, en
attendant et j'au j'aurois attendu gardè le silence jusques au temps ou le sort et
la cour décideront de mon travail ou de mon inertie, pour te parler
si je ne songois que tu pourrois m'etre utile, donc cela vaut la peine
de t'etre dit voicy le fait. je vais a paris après avoir fait marché
avec un colonel dégouté voir si l'on veut de moy, ou si l'on fera
encore j'ose dire l'extravagance de se refuser a cette derniére
marque de bonne volonté de ma part, je la devois a mon nom
a ma position, aux bontès que le militaire ma témoigné et
au peu de talents que dieu m'a donné et je la fais disposé autant
a remplir mes engagements dans toute leur étendue autant
qu'il sera en moy et quoyque sentant parfaitement que pour
mon bonheur particulier tout le réel est du coté du repos. quoyqu'il
en soit mon cher frillon, quelques amis et le cry public s'intèressent
<1v> pour moy peutetre tout cela vaincra t'il mon étoile, en ce cas je
repartirois sur le champ pour repasser les montagnes noires, hors
comme mes idées sur mon métier sont toutes diffèrentes de celles
du commun aussy le voudrois je faire différemment et supplèer
en me faisant aider aux choses qui me manquent, tache de me
trouver dans ton paÿs ou environs, un homme qui entende bien
l'allemand et qui scache lever un plan, syl ètoit d'une certaine
espèce, je luy offriray chère mauvaise car mon èquipage sera mal
composé vu la presse, et toutes en un mot les commodités que
j'aurois pour moy et procurerois a mon amy, syl etoit a gages
n'épargne point ma bour1 caractère biffurese pour m'avoir un homme hors du commun
jaime mieux me ruiner en cela qu'en cuisinier, tu vois a peu près
ce qu'il me faudroit cherche je t'en prie et rèponds moy au plutost
a paris, chex mr le Mis de st george rue bergère; tu me rendrois un grand
service si tu me trouvois mon fait adieu mon cher frillon donne moy
de tes nouvelles et aime toujours ton premier et ton meilleur amy

mes respects je ten prie a Madame ta mere et a Mesdemoiselles tes
soeurs, et mille compliments a mr de chabot

Etendue
intégrale
Citer comme
Mirabeau, Victor de Riqueti, marquis de, Lettre à Frédéric de Sacconay, Lunéville, 20 novembre 1742, Collection privée. Selon la transcription établie par Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: https://lumieres.unil.ch/fiches/trans/93/, version du 29.05.2013.
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