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Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 27 mars 1785
de paris le 27e mars 1785
mon cher amy quoy que jespère avoir dans
peu de temps de vos nouvelles, ne fut ce que pour
m'aprendre l'issue de vos espérances et de vos
désirs, je suis obligé de vous écrire à la traverse
pour que vous me rendiés une service escentiel.
vous eutes la bonté dans le temps de faire
passer le manuscrit de mon ouvrage des devoirs
à Mr l'abé longo à milan, cest ce qui me fait
espérer que vous voudrés bien prendre le même
soin pour lui faire tenir d'autres manuscrits
tels que celuy cy, qui vous arriveront par paquets.
je ne vous gène pas pour le temps, quoyquil y a
longtemps quon me les demande, pourvu que ce
soit par voye sûre. les italiens m'ont assuré que
la suisse étoit la meilleure et plus courte voye
pour milan, et le succès de mon premier envoy
m'a fait penser que je ne pouvois mieux faire
je n'ay pas oublié de me mettre en prières le
23 pour le succès de votre attouchement, ou pour
mieux dire je vous scais trop digne de la protection
particulière de la providence pour ne pas penser
qu'elle fera tout pour le mieux, puisque vous n'avés
pas manqué au proverbe qui dit aide toy, le ciel
t'aidera. je dois aussy vous dire en passant, que
<1v> mon fils le colonel a eu tout à lheure une pension
de 2000 lb. cela ne tire pas ce dérangé du bourbier
où il s'est mis, mais c'est pourtant une sorte décroue
et dans le fait, il passe pour un très bon officier
et delite absolue, et qui sera très distingué un jour
si les occasions se présentent. adieu, mon cher amy
mes respects chex vous je vous prie, et je vous
embrasse tendrement
Mirabeau
observés je vous prie de faire passer le 1er paquet
avant les autres, et ainsy successivement, ils seront
marquésnumérotés près du cachet.