,
Lettre à Jean Alphonse Turrettini, Lausanne, 21 juin 1711
A Lausanne ce 21 Juin 1711.
Monsieur,
Vous m’avez fait plaisir de me procurer la connoissance de Mr Lombard. Je
l’ai vû avec plaisir, pendant le peu de séjour qu’il a fait ici, où il ne fut qu’une
demi-journée, & il vint entendre une Leçon publique que j’allois faire. Je suis
bien aise d’apprendre par lui & par vôtre Lettre, que vôtre santé se rétablit. Dieu veuille
qu’elle s’affermisse si bien, que nous n’aiyons plus de sujet d’allarme à vôtre sujet.
Je ne manquerai pas de profiter de l’offre que vous me faites de vous aller voir
dàns vôtre Campagne. Je ne compterois pas d’avoir été à Genéve, si je ne vous avois
vû; c’est un bonheur que je souhaitte depuis bien long tems.
Je suis ravi d’apprendre que ce que je pris la liberté de vous écrire à la hâte sur les
fondemens du Juste, se soit trouvé conforme à vôtre sentiment. Pour ce que vous me demandez
au sujet de la nouvelle Edition de Pufendorf, je vous dirai que je ne le sai pas bien moi-=
même. Je n’ai point eu de nouvelles d’Amsterdam depuis le commencement de Mars: on me
mandoit alors, qu’il y avoit 50 feuilles d’imprimées, & que désormais on en imprimeroit pour
le moins deux feuilles par semaine, & quelquefois trois. Sur ce pié-là, l’impression seroit bien près
de sa fin au commencement de l’année prochaine. J’avois revû à Berlin les 5 premiers
Livres avec beaucoup de soin, en sorte qu’outre la Version fort retouchée, il y a quantité d’addi=
tions, de corrections, de changemens dans les Notes: mais ici je n’ai point de loisir pour achever
les trois autres Livres, de sorte que je n’en relirai pas la Version, & qu’il n’y aura de nouveau
dans les Notes que ce qui s’est trouvé écrit ou noté aliud agendo. Je sûs, étant encore à
Berlin, qu’on traduisoit en Anglois les Notes de la 1e Edition, pour les joindre à la Version
Angloise de l’Original. Je ne sai si on se sera avisé depuis d’attendre la nouvelle Edition,
dont il y a apparence qu’on aura eu quelque vent, malgré les soins du Libraire pour
empêcher qu’on ne le sût, afin de débiter les exemplaires qui lui restoient & qu’il vouloit
débiter lui seul. Je suis,
Monsieur,
Vôtre très-humble &
très-obéïssant serviteur
Barbeyrac
A Monsieur
Monsieur Turrettin, Pasteur & Professeur
en Théologie et en Hist. Eccles.
A Genéve