,
Lettre à Jean Alphonse Turrettini, Lausanne, 19 avril 1709
A Lausanne ce 19 Avril 1709.
Monsieur,
Je vous envoie mon Oraison Inaugurale, sur laquelle vous aurez la bonté de faire
vos reflexions, & de me les communiquer. Je n’avois nul dessein de la faire imprimer, mais
Mr le Baillif & l’Académie me l’ont demandée d’une maniére à ne pas me
laisser la liberté du refus. Vous y verrez quelques traits libres contre les Théologiens:
mais je ne suis point venu ici à dessein de leur faire la cour; & je m’étois assez
expliqué en bien des endroits des Ouvrages que j’avois publiez, pour qu’ils doivent s’en
consoler, puis qu’on ne pouvoit pas en prétendre cause d’ignorance. Je les ména=
gerai, autant que de raison, mais pas davantage. Audendum aliquid in gratiam
veritatis. J’ai lû avec bien du plaisir les Théses que vous avez fait imprimer depuis
peu, & que Mr vôtre Cousin nous a fait remettre en passant par ici. J’aurois bien
souhaitté de le voir, mais il a passé comme un éclair. Je suis assûré que bien
des choses que vous dites dans ces Théses sur la plûpart des matiéres de Théologie ne
plairons pas aux Rodolphes; mais je crois aussi vous ne souciez guére de
l’approbation des gens de ce caractére. Je suis toûjours avec respect
Monsieur
Vôtre très-humble &
très-obéïssant serviteur
Barbeyrac
Je souhaîtterois que l’Oraison, que je vous envoie,
fût mieux imprimée; mais quelque soin que j’aie
pris pour cela, je n’ai pû mieux faire, tant on est
mal dépourvû ici de tout. Il suffit qu’il n’y
aît pas de fautes d’impression considérables.
A Monsieur
Monsieur Turretin, Pasteur &
Professeur en Théologie &c
A Genéve