Transcription

A Groningue ce 17 Mai 1739.

Je vous ai écrit il y a quelque tems, mon cher Monsieur, sous couvert de M^r
Smith. Je vous écris un mot aujourdhui, en profitant d’une occasion qui se présente tout
d’un coup, d’un Monsieur qui part demain matin, pour vous envoier un exemplaire de mon
Grotius Latin, & un de la seconde Edition du Juge Compétent, destinez à M^r Sidobre.
Car, depuis ma derniére Lettre, j’en ai reçû une de lui, & ainsi je vous prie de dire à
M^r Smith, s’il n’a pas écrit à Paris pour s’informer si M^r Sidobre étoit mort ou
malade, qu’il ne le fasse pas, puis que je suis éclairci là-dessus. Effectivement il m’apprend
que cette année il a eû la Jaunisse, maladie à laquelle il étoit sujet, & une enflure
visant à l’hydropysie; mais qu’il s’en est délivré par les remédes & par un
régime de vie, par la cessation de tout travail; de sorte qu’à présent il est en aussi bonne
santé qu’il aît été de sa vie. Au reste, il m’a donné une adresse pour lui envoier
mon Histoire des Traitez, & les autres Livres qui me marquent ; savoir d’adresser le paquet
à M^r l’Abbé Sallier, Garde la de la Bibliothéque du Roi; en ajoûtant sur le
paquet: Pour la Bibliothéque du Roi. Cette précaution est sans doute, afin que les Livres
ne soient pas sujets à être visitez & examinez, parce qu’il y aura le Traité de la Morale
des Péres. Outre ce Livre, que vous pourrez prendre chez Kuyper, je dois y joindre
la Défense du Droit de la Compagnie des Indes, dont il me semble que vous m’avez
dit que Humbert pourroit fournir un exemplaire. Celui qui porte le paquet
du Grotius Latin, & du Juge Compétent, est un M^r Burnand, Suisse, Docteur en droit,
& qui demeure ici comme Gouverneur des fils d’un M^r Sichterman, (frére du
feu Colonel) qui a fait une haute fortune dans les Indes, d’où il doit revenir dans
sa patrie. Pour éviter au Porteur la peine de vous aller chercher dans vôtre quartier,
je lui ai dit de remettre le paquet à M^r Smith. Je suis, Mon cher Monsieur

Tout à vous

Barbeyrac