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Lettre à Charles Pacius de la Motte, Groningue, 02 décembre 1738
A Groningue ce 2 Dec. 1738.
Il ne me reste, Mon cher Monsieur, que très-peu de tems, pour vous dire quelque chose,
outre ce que j’écris à Mr Smith, en lui envoiant la Suite de l’Eloge de Mr Turrettin,
que j’avois reçû à point nommé Jeudi passé, & dont je viens seulement de finir la Copie que
je me suis encore donné la peine de faire, le jugeant nécessaire. Il y aura là dequoi tirer
Mr Smith d’embarras.
J’ai reçû Mecredi passé le Livre de Mr Astruc, avec vôtre penultiéme Lettre.
Je n’ai point compté, que Waesberge fût encore assez libéral, pour faire présent à un
Journaliste du Pline, moins encore du Libanius. Ce que je vous aît dit de la Vie de Mr Masson
fourrée encore du à la tête du Panégyrique, est si vrai, qu’il a même fait servir les feuilles
de cette Vie imprimées à la tête des Lettres. Je l’ai d’abord vû, par la différente couleur du
papier. Cependant il a eû l’audace de mettre sur le titre du Livre, Editio tertia, auctior
& emendatior; quoi que sur celui de la Vie on ne voie qu’Editio altera. Quelle volerie?
Je vous suis cependant obligé de la tentative que vous avez faite, pour engager ce Libraire
à donner les Livres.
Je ne sai pourquoi Mr Otto se répent d’avoir donné le Mémoire contre Trotz.
Il a bien eû le loisir d’y penser. Qu’auroit-ce été, si j’eusse inséré son Mémoire tout pur, ou traduit bien des expressions
injurieuses qu’il emploie? comme, Trotz, vir sui nominis, id est, ferox &c. Et ce
qu’il dit, que Trotz veut par ces voies indignes devenir Professeur, qui hac indigna
via ad munus Antecessoris grassatur &c. Mr Burman, le Conseiller, dont Mr
Smith m’a envoié le Trajectum Eruditum, ne paroît pas des Amis de Mr Otto.
J’en juge par la maniére séche, dont il parle de lui dans l’occasion. Mais j’ai été surpris de voir les
éloges qu’il me donne, dans l’article de Mr Noodt, & à l’occasion de la Vie que j’ai
donnée de celui-ci, & de ma Traduction de ses Harangues. Je ne crois pas qu’il aît consulté là-dessus son Pére, à qui il
dédie son Livre. Il peut y entrer un peu de reconnoissance. Car j’ai soupçonné depuis
long tems, que c’est l’Anonyme, dont j’ai parlé dans la Vie Latine, qui a défendu
Mr Noodt contre Waechtler, dans les Obsers. Miscellaneae; & là je l’ai loué, comme j’ai
cru qu’il le méritoit.
Si vous pouvez retrouver les endroits de mon Histoire, dans lesquels vous, ou Mr
Wetstein, avez cru que j’ai mis un nom pour un autre, vous me ferez plaisir de
me les indiquer. Vous ne m’avez point marqué le mot que Mr W. croit qui manque, pag. 240. A. 245.
Je suis bien fâché de l’accident qui est arrivé à Mr de la Chapelle. Mr Rossal
m’apprit hier, qu’il avoit ouï dire que Mr de la Ch. étoit avoit été malade, mais qu’il se
portoit mieux. Il ne savoit pas, que ce fût une paralysie. Je la trouve singuliére,
car vous ne dites pas qu’un côté entier soit attaqué, comme cela arrive ordinairement.
Pour les Sommaires marginaux, que vous trouvez qui manquent à la marge de ma Préface,
selo contre ma coûtume; je ne sâche pas en avoir mis que dans la grande dans
aucune, pas même dans la grande Préface sur Pufendorf, où ils sont tous seulement
à la tête.
Ma fille n’est pas si prête à accoucher. Je vous avois dit, qu’elle comptoit
d’aller jusqu’au mois de Mars. Elle, son Mari, & moi, faisons bien des voeux
pour vôtre santé. Je suis toûjours, Mon cher Monsieur,
Tout à vous
Barbeyrac
Est-ce que les Tomes XVII-XX. de l’Acad. des
Inscriptions &c. ne paroissent pas encore?