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Lettre à Charles Pacius de la Motte, Groningue, 08 novembre 1738
A Groningue ce 8 Novem. 1738.
J’apprends, Mon cher Monsieur, par Mr Smith, que vous étiez incommodé de la goutte. Je
souhaitte que vous en soiyez quitte à l’heure qu’il est.
Vous verrez la Préface de mon Histoire, que j’envoie aujourdhui, Mr Smith me
l’aiant demandée; & l’Epître Dédicatoire, que j’y ait jointe, afin qu’on puisse mieux prendre
ses mesures, si on l’imprime avant que le reste soit achevé, comme Mr Smith me disoit qu’il
vouloit le faire. Je croiois avoir, pour l’Epître Dédicatoire, matiére de félicitations: mais vous
savez que la grossesse de la Princesse s’est évanouïe. Mon Gendre, qui a eté à Lewarden
il y a quinze jours, y apprit que le Docteur Sandis, qui étoit venu d’Angleterre, s’en
retourna dès le lendemain. Le Prince George de Cassel, qui, quoi qu’il fût pressé de
partir, avoit attendu, sur les instances de la Princesse Douairiére, qui le prioit de rester pour
tenir au batême ce qui naîtroit; dès que ce Docteur fût arrivé, le pria de lui dire, si la
Princesse accoucheroit bien tôt. Il revint, après l’avoir vuë, lui dire qu’elle n’étoit point
grosse; & ce Prince partit incessamment. Mon Gendre a vû Leurs Altesses, qui l’une &
l’autre lui ont demandé de mes nouvelles. La Princesse a grossi & engraissé beaucoup.
Il y a dix ou douze jours, que Mr d’Aduard, qui est revenu de la Haie pour
passer l’hiver dans la Province, & qui n’avoit point été encore en Ville, me vint voir. Dans
la conversation, il me demanda, si je n’avois point reçu de Lettre du Libraire, qui a
imprimé les Quaestiones Jur. Publici de Mr de Bynkershoek. Je lui répondis que non, &
lui demandai pourquoi il me faisoit cette question. Il me dit, que ce Livrebraire sollicitoit ins=
tamment le Président, pour avoir permission de faire traduire ce Livre en François:
1-2 mots dommage cire lui avoit refusé, à moins que je ne voulusse m’en charger: qu’il l’avoit prié, lui
1-2 mots dommage cire Aduard, de me sonder là-dessus. Vous jugez bien, que je n’étois pas disposé, pour
1-2 mots dommage cire une raison, à donner là-dessus quelque espérance. Je priai Mr d’Aduard de m’excuser
si je ne pouvois lui rien promettre: Que, si Dieu me donnoit vie, j’avois une autre Traduction,
commencée depuis bien des années, qui devoit être achevée; d’autant plus qu’on avoit enfin
obtenu pour cela communication de l’exemplaire que le D. Cumberland avoit laissé,
corrigé & augmenté de sa main: Que je n’étois pas encore tout-à-fait quitte du
grand travail de mon Histoire des Anciens Traitez, dont je ne pouvois qu’être fort fatigué:
Que désormais, comme je n’étois pas jeune, je devois plûtôt penser à ne m’occuper que
pour 4 mots biffure m’amuser &c.
Point de nouvelles du Livre de Mr Astruc, que vous m’avez dit depuis si long tems
être attendu de jour en jour. Je vous prie de me dire, ou de me faire dire ce que c’est;
car en attendant je n’ai pas encore écrit à Mr Sibobre. Je n’ai non plus aucune
nouvelle du Livre de Mr Vi Des Vignoles, ni aucune Lettre de mon Beaufrére, qui
m’en informe. Je demande à Mr Smith les Libanii Epistolae, qu’il m’a dit qui
paroissoient; & le Panegyricus Plinii, cum Notis Variorum, que le même Waesberge a
imprimé. Je vois par le titre annoncé, qu’on y a joint la Vie de Pline par Mr
Masson. Est-ce qu’il y a des additions? Autrement on nous fait acheter deux fois
la même chose; car cette Vie est à la tête des Lettres.
Ma fille & mon Gendre vous embrassent. Ils attendent du fruit nouveau, ma
Fille comptant d’accoucher vers le mois de Mars prochain.
Je renouvelle mes voeux pour vôtre santé, & suis toûjours, mon cher Monsieur
Tout à vous
Barbeyrac
J’oubliois de dire, que, sur le titre de mon Histoire, on
pourra bien, je crois, mettre avant mon nom le titre de
Monsieur; parce que l’Ouvrage est inseré dans une
Collection d’autrui.