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Lettre à Charles-Guillaume Loys de Bochat, Londres, 10 octobre 1750
a Londres ce 10 D’Octbre 2 caractères écriture 1750
Monsieur.
Votre reputation également reconnuë et réspectée
avoit excité L’impatience du Publicq pour le premier volume
de L’ouvrage que vous lui aviéz promis; Mais un commencement
si heureux, augmenta son impatience et son empressement
pour en avoir la Suitte. Comme Je n’étois pas des derniers, a
applaudir a votre début, je vous avouë que J’étois des premiers
a m’impatienter pour la fin; Je murmurois déja contre vous,
et je vous reprochois en moy même, de me faire si longtems
attendre, ce que vous m’aviez tant fait souhaittér. Vous nous
contenter donc a present, et je partageray avec le publicq le
plaisir et L’utilité de vos travaux; Mais ce n’est pas le tout, car il
me semble en quelque façon en jouïr exclusivement, en les
recevant de votre Main, et marquéz au coin de votre Amitié
L’Amour propre cherche Volontiers, et souvent assez malapropos
les occasions de se flattér; Vous en presentez une bien facile ét
bien sure au Mien. J’en profiteray, en marquant sur la premiere
page d’un Livre que la Posterité réspectera, L’obligation que J’en
ay a L’Auteur, qui ne m’a pas jugé indigne d’une telle preuve
de son Amitié. Aussi ne le serois je point, s’il n’étoit pas question que
des sentimens d’Estime et de consideration avec lesquels J’ay
L’honneur d’étre plus que personne, Monsieur
Votre tres humble et obéïssans
serviteur.
Chesterfield