Transcription

Charrière de Sévery, Wilhelm de, Lettre à Catherine de Charrière de Sévery, Uckfield, 13 janvier 1788-15 janvier 1788

N° 10.

Dim. Ukfield 13e Janvier 1788.

Je comence ma lettre aujourd'hui et elle ne part que Mardy c'est que j'ai beaucoup de choses
a vous dire chers Parens, Je reçus l'autrejour Votre chere lettre N° 12 et la mienne N° 9
etoit partie le jour avant, la votre arriva Mardy Mecredy 89 et la mienne etoit partie le
Mardy 8, Je partis le lendemain Mecredy pr Sheffield  ou Mylord  que je n'avois pas vu
depuis son retour de Bath me reçut avec beaucoup de bonté et d'amitié, il croyoit dit-il
me trouver a Sheffield et ce fut une des premieres questions qu'il fit, Where is Severy.
Vous saves, je Vous l'ai ecrit pourquoi jetois parti. Mr Gibbon arriva le lendemain a 2h. après
Midy, toujours pris de la goutte mais moins puisqu'il etoit en etat de voyager. je l'abordai en Anglois
le Domestique de Mylord etoit justement occupé a me couper les cheveux lorsqu'il arriva et
je ne pus descendre sur le champ, je lui fit donc mes excuses en Anglois, il me reçut fort bien et
me fit des amitiés, mais il etoit un peu fatigué de sa route, Il fut cependant fort aimable tout
le soir, et moi bien content de le revoir, il n'est venu a Sheffield que pour quelques jours et
il partent tous incessament, le lendemain matin, j'eus une grande conversation avec lui
dans sa chambre sur mille objet que j'avois a lui demander et mille choses que j'avois
a lui dire, il dejeune toujours en haut, seul, Il ne Vous a pas ecrit encore empeché par
sa goutte, il compte ecrire pour Mardy, et alors Vous recevries cette lettre en même
tems que celle cy, mais supposé qu'il ne puisse ce sera surement la poste suivante, nous
raisonames beaucoup sur Lausanne, il avoit reçu mes deux lettres, ou je lui en donois des
nouvelles, et la premiere fois que je retournerai a Sheffield, je prendrai mes lettres pour
lui en lire les nouvelles, que cela ne Vous inquiette pas je serai fort prudent et ne lirai
que ce qui faut, il me parla beaucoup de la Gouvernante que Vous lui aviès trouvée
il en est fort content, et trouve que tout est arrangé parfaitement, le gage lui a paru
petit et pour peu qu'elle le contente il l'augmentera, il espere qu'en prenant sous elle
une cuisiniere ordinaire (c'est adire du second ou troisieme rang) cela ira fort bien
Il a eté content de mes progrès, j'ai lu devant lui et il ma dit qu'il seroit bien
aise que quelquefois a Londres ou Lausanne lorsqu'il auroit la goutte, ce qu'il ne
souhaitoit pas, il me prieroit de lui lire, que même si je ne lisois pas mieux que
je ne faisois alors cela suffiroit, car il me comprenoit; il a vu que je comprenois
beaucoup, et j'ai parlé un peu, il ont trouvé tous que j'etois fort Quick;
Voici la façon dont je me suis informé sur l'ouverture que Neptune  avoit fait
du Voyage a la pluie . Je lui dis (a Neptune) Monsieur c'est une chose singuliere mais
il est semble en general qu'on a eté etonnè en general a Lausanne du profond secret
avec qui a eté gardé sur mon voyage, car dis-je meme la Pluie lorsque je le lui
dis et lui demandai s'il ne le savoit pas me repondit, Non avec un ton si naturel
qu'il etoit impossible de douter qu'il ne dit vrai; voila en gros le sens de ma Phrase
Vous comprenès, il regnoit sur l'ensemble de ma 1 mot biffure il me repondit ce que je
souhaitois, après avoir raisoné fort naturellement, il me dit qu'il n'en avoit
jamais parlé qu'un fois a la Pluie, et encore si peu et moins come un plan que
come un idée, qu'il etoit fort naturel que l'autre l'eut oubliée, et du reste dit il
je n'en ai parlé a personne, et ce que j'en ai dit a Mr la Pluie et moins que rien.
Ensuite nous raisonames de Lausane beaucoup, je lui rendis compte de ma
conduite des raisons que j'avois eues de quitter Sheffield de tems en tems ensuite
me doutant bien que dans le billet que Vous lui aviès ecrit (dans lequel par parenthese
je n'avois pas eu le tems de gigner ou guigner parceque je reçus la lettre au moment
que Mylord alloit partir pr Londres et qu'il s'en chargoit) je lui dis Mr ma Mere
m'a ecrit que lorsque j'aurois l'honeur de Vous voir de rejetter la singularité de
ma conduite precedente sur un peu de Melancolie auque laquelle j'etois sujet
pr que Vous ne crussies pas qu'il me fallut toujours les Delices de Sheffield et je suis
persuadé qu'elle Vous en a parlé dans la lettre qu'elle Vous a ecrit. Il me dit qu'effecti=
vement Vous lui avies mandé que j’etois quelquefois sujet a des Melancolies sans sujet
fixe, j’ai doné a cela la figure d’une excuse et ai tout rejetté sur le changement
de climat, et sur ma santé dans ce moment (et je disois vrai) je ne voudrois pas
passer a ses yeux pr un home a Melancolie, et en general il est content de moi
et ma conduite passée a efacé ce que ma premiere pouvoit avoir de foible
et de manque d’energie. Mylady dont les bontés pr moi sont infinies lui a parlé
de moi en bien et elle a eté contente de moi durant son absence mais Gibbon
Vous dira cela dans sa lettre. Nous somes convenus de mille articles (avec Neptune et moi
relatifs et moi) relatifs a ici, pr le choix de livres pr la penssion & &. ensuite j’irai
a Londres, au comencement de Mars, il a la bonté de me preparer ou un logement
ou une place dans une maison en forme de penssion, je prefererai d’avoir un logement
<1v> dans une maison ou je puisse avoir la nouriture come Mr de Falk  ala sienne, a tant par
repas, parcequ’une penssion sera fort chere, et de plus je serai souvent dehors, enfin il
l’arrangera come il le trouvera bon, je me rejouis bien de ce tems la, mais celui qui suivra
sera le plus beau de tous. Je compte profiter de mon sejour de Londres pr l’Anglois come il
faut, et avant de voir Theophile  ou d’autres conoissances françoises je les avertirai que
me parler françois c’est me chasser, Mr Gibbon m’a dit qu’il etoit très possible qu’il ne
partit que dans le mois de Juin même ala fin, quoiqu’il regretteroit bien les moments
perdus de son berceau, ce seroit un chagrin pour moi puisque cela retarderoit
d’un mois le moment de Vous revoir chers Parens, peutetre cela ne seroit-il que meilleur
pr mon Anglois. Mr Gibbon compte je crois de venir a la campagne avec Mylord a
Sheffield pour un mois ou même pour plus longtems supposé que Mylord y vint de
fort bonne heure come en May. Alors, je pensserois de venir repasser ce mois ici pr
travailler et partir tout fraix ladessus, mais d’ici la il y a du tems a y pensser.
Mylord m’a dit qu’il faloit que j’emena un bon cheval en Suisse mais il sont si rare ici
que depuis 5 ans il en cherche un pr lui et n’en a point trouvé, mais il m’en procurera
surement un beau et bon, pr Julia  elle verra la Suisse elle m’est deja bien attachée et Vous
ne me demanderés pas si je l’aime du reste elle est of a wery good Bred fox Shooting.
Pr en revenir à Mr Gibbon, lorsqu’il arriva je le trouvai changé et cela me fit de la
peine, je l’attribuai a la fatigue du voyage et effectivement le landemain il etoit
mieux, il a renvoye Louis  mais je ne sais si ce dernier est resté a Londres ou s’il est parti
pr la Suisse, j’en suis faché il etoit si bon, tout Sheffield même Mylady en est fachée
Je soupçone Käplhen  ancien Dom. Anglois d’y avoir mis le mal par jalousie et d’avoir
fait sortir l’autre, du moins il est rentré chès Mr Gibbon pr tout le tems de son sejour en
Angleterre et Mr G. disoit qu’il ne paroissoit pas si opposé a revenir en Suisse, ce qu’il
que lui ne voudroit cependant pas. Le Valet de Chambre de Mylord le Stacoler
dis come Goudon , Come on ne peut pas mieux, et je lui dit dit il, je nai persone pr
en rire que Vous. Nous avons fait Vendredy dernier un trisett  entre Mylady Mr Gibbon
Miss Moss , et moi je me croyois ala maison, les lunettes de G. & & cela etoit plaisant
il en fit lui même la remarque, il y eut des calades, G. trouvoit qu’il avoit un
peu oublié le jeu, pr six moix de manque d’exercisse. Je lui racontai le conte de
d’Hennezel et de d’Eyverdun il le trouva excelent et en rit bien il espere le trouver
un peu moins derangé, et cette espece d’approbation de D’Eyverdun lui a fait
plaisir tant on est sensible aux plus petites choses des gens qui ne Vous menagent pas
Je dis (a Mr Gibbon) que j’avois reçu un billet fort amical, et fort bref de Mr de F. 
et je le lui dis le sachant par coeur, ladessus Il dit, Mais, il y a peu de raport
entre son Style et sa figure si l’un est bref l’autre est assès etenduë, quel joli
compliment a faire a l’autre pr augmenter son amitié. Nous parlames aussi de
la privation qu’il avoit eprouve pendant sa goutte n’ayant pas eu les visittes reglées de
Mr de Cerjat , Mais c’est une chose singuliere, après Vous, Vous ne croiriès pas que c’est
le Pavillon et le berceau dont Mr G. parle avec le plus de plaisir, mais reellement il
y est revenu a plusieurs reprises et l’on voit combien il y tient, peut etre ce pavillon
a t’ileté construit pr notre bonheur car les grands plus que les petits sont guidés
par de petites choses; Lorsqu’il parle de Vous tous c’est toujours come un ami et
avec les plus grandes eloges, et a moi il pensse a mes plaisirs et me regarde
toujours avec affection, Il me disoit dernierement lorsque je le remerciois
de ses soins et peines, que jusqu’ici tout ce qu’il avoit fait pour moi avoit eté de
me procurer un peu d’enui, mais que je devois toujours tourner mes regards du
coté de Londres, en gros, je suis bien heureux d’avoir quelqu’un qui fasse (et qui soit a
même de faire autant pr moi, j’espere voir la meilleure compagnie, et si j’apprend
bien l’Anglois, et que je Vous retrouve bientôt au moins en bone santé tout aura
bien eté, je me suis conduit jusqu’ici avec prudence j’espere continuer, Je serois content
puisque je fais mon devoir et que je sais que je Vous reverrai bientôt) si je n’avois pas
de tems en tems en tems de ces abominables tristesses inquietude sur toutes choses
même autour de moi qui font tant souffrir et qui viennent et s’en vont sans raison
Mais tout n’est pas bonheur, et le seul plaisir (ce mot est mille fois trop foible)
que j’aurai de Vous embrasser devroit compensser une anée de souçis. Je ne crois
pas l’air d’Angletterre bon pr les nerfs foibles et malheureusement les miens
ne sont pas bien forts, mais du menagement et de l’exercisse doit fortifier et
a l’exeption de cela j’ai une bone santé. Dorenavant jecrirai toujours mes lettres sur
une feuilles avec l’adresse car j’ai appris que chaque feuille de papier coute un Sheling de plus
j’ai ecrit beaucoup plus serré pour pouvoir dire autant, sans payer tant, ma grosse lettre
aura coute 3 S. Mad. Clarke  me prie de Vous demander des nouvelles d’un certain Joseph Henry
Christian Baron de Maltram qui etoit il y a 30 ans en Angleterre fort amoureux d’elle et elle de
lui, puis elle se maria a Mr C. et elle n’a plus entendu parler de lui, elle desiroit scavoir ce
qu’est devenu une persone a qui elle a pris tant d’interet
<2r> il fut marié a une veuve qui est morte d’un cancer suite d’une chute de voiture je suppose
toujours que c’est le Pere de notre Maltran le grand, de plus il etoit Gentilhome de la Chambre du
Prince Henry de Prusse, Vous lui feriès plaisir de lui dire ce que Vous en savez. Je remercie mille fois
ma chere Mere et soeur de toutes les nouvelles qu’elles me donent jespere que mon N° 7, 8
sont bien parvenus, Pour le numero 9e Vous ne l’aves pas a present encore, il y a
quelquefois trois de mes lettres en chemin pr Vous. 15e Janv. Je reprend ma lettre chers
Parens et elle partira ce soir, j’ai reçu un billet de Mylord aujourd'hui qui m’anonce qu’il
me menera après demain Jeudy a une ville du Voisinage a un bal ou est toute la noblesse du
voisinage, je devois deja retourner demain Mercredy a Sheffield, j’en etois convenu avec Mr Gibbon,
mais Mylord m’a ecrit pr apporter ce qu’il me faut pr danser, je suis un peu inquiet de la figure
que je ferai au bal, du moins je n’aurai pas plus mauvaise façon que la moitié des Anglois
qui viennent chès nous et cela me console. Je comptois recevoir aujourd'hui de Vos nouvelles le
Mardy est un grand jour, mais la mer, qui est si douteuse orageuse et incertaine arette
souvent, J’ai eté tout triste aujourdhui je ne sais pourquoi car je n’avois pas plus de raison pr
l’etre aujourd'hui au lieu qu’un autre jour, il fait un froid bien vif, ce n’est pas etonant pr le 15e de Janv
voila trois mois et trois jours trois jours depuis notre separation le quart d’une année encore
deux fois autant pr nous rejoindre combien on peut l’eprouver de sentimens desagreable dans 3 mois, mais en
revanche qu’il sont courts auprès de ceux qu’on aime. J’ecris ce soir à Elmsley  pr 1 mot dommage qui
me sont necessaires pr etudier. Madame Clarke a ici en visitte un jeune Rilliet  frere de
la Revillio qui a eté chès elle come moi il y a 6 ans, il a 23 ans et parle fort bien Anglois mais il
a 6 ans qu’il est dans ce pays sans en sortir, au bout de deux ans je voudrois en savoir
autant que lui sans me vanter, il conoit beaucoup Mr de Falkenskiold et ma prié de le
rapeller a son souvenir, he is quite an Englishman, avec un petit bout de Genevois il
ressemble beaucoup a sa soeur. Vous me faites si bien la description de tout ce qui ce qui arrive a
Lausanne que je crois y etre, entierement lorsque je lis Vos lettres, le gros Louis peut doner
28 plats tant qu’il voudra, je n’en suis pas plus jaloux que Vous ni des gouvernantes Angloises
& & des que la parfaite unanimité ne regne pas dans tout les individus d’une famille
je ne trouve pas qu’elle soit digne d’envie, et Dieu sait come il se dise ce qu’il penssent les
uns aux autres dans cette famille la et come ils profanent le nom d’amitié et de cher
Pere Mere soeur. Combien de gens dans notre chere ville de Lausanne jouent 2 mots dommage
et cherchent a en imposer, sans etre le Diable boiteux, on peut bien lire dans 2 mots dommage
de plusieurs, et je crois qu’il y en a bien peu qui puisse dire qu’ils soient fussent content jusqu'à la fin de la ligne dommage
sur3 caractères dommage mille jeunes gens trouvent que je suis autant digne d’envie que possible, jusqu'à la fin de la ligne dommage
bien raison, mais je parle seulement de ce qui concerne mon voyage, et s’il savoit la
maniere dont il tourne il le seront trouverait encore plus, cependant il n’est pas dit que l’homme
jouisse d’un bonheur sans peines, et tel paroit en etre exempt qui en ressent de bien vives
c’est ce qui fait que je n’envie plus tant le sort de beaucoup de gens que je trouvois
plus heureux que moi, entant que fortune ou autres choses de cette espece je suis sur qu’ils
sont si accoutumes a ces choses, objets de l’envie, qui ne les sentent plus et qu’ils ressentent
par soi même c’estadire que si le contentement ne regne au milieu de Votre coeur
Vous le chercherès vainement dans les objets exterieurs. On me doneroit ici tout au
monde richesses, honeurs, et tout ce qui fait l’envie d’un chacun a condition de ne pas
repasser la mer de ma vie, que je refuseroit tout sans hesiter, je ne vois rien au
dessus, des endroits ou l’on a passé son enfance, et Severy et Mex, Rolle et Lausanne 
me feroient renoncer ala Royauté; tous ces endroits come Vous penssès bien je les
suppose habites par Vous. Mr Gibbon ne Vous a pas ecrit cette poste j’ai eu les lettres de
Sheffield venuës pr la poste , peutetre ce sera la poste prochaine mais encore c’est
douteux, il deteste d’ecrire des lettres, et on ne peut pas concevoir un commerce moins vif que celui entre
Neptune et la pluie, Je me rejouis de Vous ecrire de Londres en Anglois, dans le mois de
Mars jy serai etsurement mon journal sera interessant , je veux ecrire outre mon
plaisir a Vous causer chere Mere dans Votre Alcove, assis sur la chaise percée et
raconter. Le fils de Mad. C. ressemble à David de St Cierge  come deux goutte d’eaux de
visage au moins, apropos de David, il ne pouvoit revenir de surprise de mon voyage
il en fut terrassé, on auroit dit que c’etoit une chose plus que surnaturelle et la
naiveté lui fit dire Vous Oh Vous voila perdu pr se pays cy, il ne me conoissois pas
lorsqu’il disoit cela, mon pays c’est cher autant que la personne qu’il avoit
eu idée en nomant le paÿs m’est indifferente, Vous me comprenés. J’avois fait
l’autre jour a Mylady la cilouete de Mr Tissot  et de Mr de St Cierge que Gibbon reconut
fort bien. J’ai trouve dans un de mes portefeuilles ma chere Mere Votre cilouette sur de
l’Ivoire faitte par Caron, j’ai envie de la doner a Mylady elle lui fera surement bien
grand plaisir, je demanderai conseil a G. avant de le faire. Mon Anglois se debrouille
tout les jours mais plus j’avance et plus je trouve que je suis foible, c’est a ce que
j’ai oui dire le cas de tous ceux qui apprennent les langues, Mr Gibbon m’a dit que
si j’etois 20 mois en Angletterre je parlerai mieux que la foudre  au bout de ces vingt
mois de sejours, car il parle mal et mauvais accent et n’a que l’habitude de le
parler et il faudrois etre pire qu’un animal pr ne pas savoir ce qu’il en sait
après avoir passé tant de tems dans le pays, et avoir constament vecu avec
des gens des gens de son pays, je Vous ai ecrit combien ses fils ont de gens du
<2v> Comun que leur ressemblent. Dites mois s.v.p. si Vous aves acheté le près St Cierge, on
est si longtems pour recevoir la reponsse a une question qu’on la oubliée avant
qu’on sache la reponsse. Qu’est ce qu’etoit la distance de Colmar , qui me paroissoit
autrefois si imensse, un rien, et reellement je n’ose pensser a l’espace de terein qui
nous separe, il est bien grand, cependant dans quinze jours au plus je serois auprès
de Vous je parle de quinze jours come de peu de chose cependant c’est bien long
Dites tant de choses a Babelle de ma part s.v.pl. repetes lui que je
l’aime, et ayès la bonté de me dire coment aura fini l’histoire de
son billiet de Cromelin. Adieu mes chers très chers Parens, Rien
ne sauroit egaler ma tendresse pour Vous ni l’augmenter, mille
remerciements pr Vos lettres, puisse le plaisir que Vous font les
miennes egaler celui que j’ai à reçevoir les Votres. Je suis a Vous
de coeur et d’ame. Adieu, mes amities au Domestiques. Que fais
la Grele  elle ne me repond point, et je ne vois point de croix sur
l’adresse de Vos lettres. Wilhelm. Cette lettre part le 15e Janv.


Enveloppe

A Madame
Madame de Severy
Ruë de Bourg
à Lausanne
Canton de Berne
En Suisse


Etendue
intégrale
Citer comme
Charrière de Sévery, Wilhelm de, Lettre à Catherine de Charrière de Sévery, Uckfield, 13 janvier 1788-15 janvier 1788, cote ACV P Charrière de Sévery B 104/2612. Selon la transcription établie par Damiano Bardelli pour Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: https://lumieres.unil.ch/fiches/trans/775/, version du 21.08.2017.
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