Transcription

Charrière de Sévery, Wilhelm de, Lettre à Catherine de Charrière de Sévery, Uckfield, 03 novembre 1787-04 novembre 1787

lisès dans l'envelope. 

De Schefield place  le Samedi 3 nov. 1787 

Enfin mes très chers Parens me voici rendu au terme de mon voyage, et ma
plus douce occupation après avoir un peu jetté les yeux autour de moi est de
Vous ecrire pour Vous faire part de tout ce qui m'est arrivé. Depuis que je Vous
ai ecrit de Calais , j'ai vu tant de choses nouvelles pour moi, j'ai eprouvé
tant de sentiments differents, que j'ai eu besoin d'un peu de repos pour classer
mes idées; rien de ce que j'ai vu ne m'a empeché de pensser a Vous, et je disois
toujours voici que j'ecrirai a mes chers Parens, qui je suis bien sur penssent a moi
dans ce moment avec la même tendresse que j'eprouve pour eux. Mon voyage
a eté des plus heureux, aucun contre tems (que celui des vents contraires) aucun
accident, tout est allé au mieux, tout mes souhaits etoient que Vous pussiés suivre
mes actions a mesures que j'avançois, mais cela n'etoit pas possible, il ne nous
reste que la pensée pour le moment, et celle de Vous le plaisir d'ecrire, Vous avès eté plus
heureux que moi car Vous devès avoir reçu quatre lettre de moi, une de Cossonay 
de Besançon , de St Omer , et de Calais, et je n'ai point de nouvelles de Vous
mes bien aimés Parens, que depuis le lendemain de mon dèpart, et cela fait
vingt jours, rien n'egalle mon impatience, je croyois en trouver chès le libraire
Elmsley , et j'ai eté trompé bien dèsagrèablement, je tache de me consoler en
penssant que Vous n'avès pas osé m'ecrire avant de savoir mon adresse, ou
plutot la male des lettres d'Ostende n'a pu traverser acause des vents et je
crois que c'est par la que me viendront Vos lettres, la premiere que je recevrai
sera pour moi une joie inexprimable. Je vais comencer a Vous dire ce que j'ai
fait depuis le moment ou je cachetai ma lettre de Calais jusqu'a au moment
actuel, il me semble Vous voir rassemblès autour de la table ronde tous trois, ou
bien quatre, lisant ma lettre, come nous lisions celle de monsieur Gibbon et cela
me fait plaisir, il me semble presque que je voltige autour de Vous. Nous sortimes
du port de Calais a une heure et demi Lundy par le plus beau tems du
monde, nous etions au moins quarante passagers, il y avoit plusieurs
voitures, sur notre pacquebot, de plus il en sortit quatre en même tems
du port de calais (de pacquebot) qui pareillement aloient a Douvres,
cela fit un superbe dèpart, tout les officiers de Calais etoient la pour nous
voir partir, tout le port etoit couvert de monde, notre passage fut de
dix heures, parceque le tems etoit fort doux et que les vents nous aidoient
bien peu, les pacquebot sont trop grands pour qu'on puisse ramer;
je nai eprouvé aucun mal de mer, tout au contraire j'avois faim et j'ai
bien mangé, il y avoit des gens qui vomirent a trip le carillon et un
negre qui avoit fait un trajet de mer bien plus grand pour venir en Europe
<1v> ne cessa de vomir de Calais a Douvres, Enfin a dix heures du soir nous fumes
près de la cote mais nous ne pumes pas aborder avec le vaisseau acause
dela marée qui etoit basse il falut prendre un petit bateau qui nous
mena a Douvres, le vaisseau suivit deux heures après, en arrivant a l'auberge
je trouvai dans une chambre un forte piano et je me jettai dessus, ensuite j'allai
me coucher étant très fatigué, le lendemain il falut aller a la Douane pour
visiter les males, et je ne pus partir de Douvres qu'a dix heures, Landry Besson  et
moi dans une chaise a trois places et a deux chevaux, cela va extremement vite
c'est des chevaux de postes qui sont meilleurs qu'aucun cheval que j'ai vu, il ont la
queue coupée et niquée, et on croiroit plutot que c'est des chevaux de quelque
Gentilhome que des chevaux de poste, on change quatre fois depuis Douvres
jusqu'a Londres, et de voiture et de chevaux et quoiqu il y ait la distance de
72 m. anglois. on le fait trés comodement dans un jour, come nous etions parti
fort tard nous couchames a Rochester qui est le milieu de la route, il faisoit
nuit et on craint les voleurs, le Lendemain, nous partimes avant six heures
et nous arrivames a Londres a dix onze heures; c'est apresent mes chers
Parens, que je suis embarassé de Vous dire quelques choses sur ce monde et
cet imensse etenduë de maison, qui reellement frape d'etonement,
on voit s'elever du milieu de Londres l'Eglise de St Paul que l'on pouroit
comparer a Calipso dans Telemaque , et que l'on apperçoit a 8 ou 9 mil. de
avant que d'arriver (je compte en mil. come Vous voyés, et je Vous fais rire) a la
droite du chemin fort longtems avant que de venir a Londres, c'est a dire
deux ou tois heures, Vous voyès La Tamise, qui a Chatham est couverte
de Vaisseaux imensses, et en remontant de vaisseaux Marchands jusqu'a
Londres ou ils forment une espèce de forets. Dans cet instant un Domestique
m'apporte Votre lettre  et je viens de la lire, Ma chere Mere ma chere soeur
mon chere Pere, que Vous dirai-je? et que mon coeur ne peut-il Vous exprimer
tout ce qu'il sent pour Vous, toute sa tendresse, puis je n'etre pas content
lorsque je Vous ai, lorsque je vois combien Vous m'aimès, et combien nos
coeurs sont fait les uns pour les autres, Votre lettre m'a fait verser des larmes
de tendresse, et plus des larmes d'amertumes, elle m'a donné du courage
et lorsque je pensse a Vous, que je sais que je Vous reverrai puis je n'etre
pas content? Je suis bien aise de pensser que dans ce moment Vous avès
mes deux lettres de St Omer et de Calais, qui sont moins triste que celle de
Besançon, je ne pensse (apresent que je suis dans une assiete plus tranquile)
qu'avec terreur a tout ce que j'ai eprouvé a Cossonay a Besançon et plusieurs
jours après, je ne saurois dire ce que jy ai souffert, de penible, il me semble
<2r> come je Vous l'ai deja dit etre plus près de Vous depuis ici que dans aucun
lieu de mon passage. Je m'en vais continuer la relation que j'ai comencée de ce qui m'est
arrivé pour que Vous puissiés la suivre et je repondrai ensuite a Vos deux lettres, j'ai seulement
voulu Vous dire tout de suite que je l'avois reçuë et Vous faire quelqu'amitié. Je fis donc
mon entrée dans Londres Mecredy matin par un fort beau tems, et nous allames
debarquer a un auberge, ou je començai tout de suite par m'habiller, pour aller chès
le libraire Elmsley, j'esperois bien que Monsieur Gibbon seroit en ville, la boutique
de librairie etoit tout près de mon auberge, je ny trouvai pas Elmsley, mais un
comis fort poli, qui parle françois, qui ayant oui mon nom, me remit un billet
de Mr Gibbon , et me dit que Mr Elmsley etoit a la campagne et ne revenoit que le
soir, Le billet de Mr G. est fort amical et le voici copié mot a mot. Jespere qu'apres
un heureux voyage et un doux trajet de mer Vous trouverès ce billet chès Mon libraire
Elmsley qui s'empressera d'aplanir les premiers embaras de votre arrivée dans
un nouveau monde. Il avertira sur le champ mon ancien domestique, que Vous
devès avoir vu a Lausanne et que j'ai envoyé exprès a Londres pour Vous amener
ici. Notre imensse Capitale Vous etone sans doute mais ce n'est pas encore le
moment dy trouver les agrèmens que Vous y gouterès dans la suite et je Vous
conseille d'en partir le lendemain pour Vous rendre a Schefield place. Le Seigneur
du lieu mon ami intime desire de faire Votre conoissance et Vous vous reposeres
quelques jours au chateau avant de Vous fixer dans le voisinage dans une
maison plus propre a l'etude de notre langue, dans Vous avancerès très tot a
pas de geant. Quant a moi mon cher ami, jattens avec une vive impatience
le plaisir de Vous embrasser et de realiser dans la province de Sussex les projets
que nous avions formé dans mon pavillon a Lausanne. Adieu. Schefield place
21 octobre.
Vous comprenès qu'un conseil etoit un ordre, Käplhen  anc. domest.
de Mr Gibbon vint a l'auberge une heure après come je dinois, et me fit mille amitiës
nous convimes de partir le lendemain a 8 h. du matin pour etre ici a 3 h. après
midy il se chargera de la voiture et moi je promis d'etre pret pour cette heure
la ensuite je pris un fiacre j'allai chercher Theophile Cazenove  pour qui j'avois
une lettre de Mimi je le rencontrai sur sa porte, il me mena dans sa chambre
nous causames beaucoup, ensuite il alla a la Taverne diner et moi avec lui
après son diner, nous fumes un peu promener dans les ruës il me mena voir
un beau pont sur la tamise, qui n'est pas Vestminster bridge, il vint ensuite
prendre du thé avec moi a l'auberge ou nous causames pendant deux
heures de Lausanne et de Geneve, sans oublier Jenny P. il me fit mille amities
mille offrès de services, il ne vouloit pas que je partis, mais je lui dis que
j'aurai le plaisir de le voir cet hiver, c'est reellement un garçon très senssé
et qui a de l'esprit, il me quitta a 8h. Je payai alors Landry je mis mes
affaires en ordres dans ma chambre, et je me mis au lit. Landry et Besson
etoient allé chacun coucher a leur destination je leur fis promettre de revenir
le lendemain. Me voila donc tout seul dans Londres dans une chambre a
<2v> l'auberge ou pas une ame ne savoit un mot de François, le bruit des carosses
qui est inconcevable ne me permit pas de fermer l'oeuil et je ne m'endormis
que le matin presque a l'heure ou il faloit se lever. La voiture vint l'on chargea
ma male dessus et je partis Jeudy matin en chaise de poste Angloise avec
un Jocket deux chevaux anglois et un Domestique a mes cotès come un
personage fort important, Il y a quarantedeux mille de Londres a Schefield
place, nous changeames quatre fois de chevaux, juges come le coeur me
battoit au deux derniers mille, enfin la porte souvre j'entre dans le parc
du chateau et je l'apperçoit bientot lui même, je dessens de voiture et
j'entre Un Domestique, ou plutot un Monsieur m'introduit dans une
bibliotheque superbe ou je ne trouvai personne, mais bientot j'entens
le pas de Monsieur Gibbon, et je le vois entrer venant a moi les bras
ouvert, il m'embrassa avec beaucoup d'amitié et nous començames
a parler come des enfans; il etoit 3 et ¾ et l'on dine ici a 5, après
un quart d'heure de conversation fort vive, il alla pour s'habiller et
moi pour faire un bout de toilette, a 4½ nous dessendimes et Mr
Gibbon me presenta a Mylord  qui etoit dans la bibliotheque, il
me recut avec beaucoup de simplicité et de bonté et me mit tout
de suite a mon aise, Mylady et sa fille ainée  agée de 17 ans entrerent
ensuite et je leur fus pareillement presenté, le diner come Vous
pouvès pensser ne fut pas fort gai, mais Vous savès combien Mr G.
a d'esprit et Vous jugès s'il arrangeat tout cela, il y avoit de plus une
personne ou Demoiselle Filh Fith, qui est depuis vingt ans dans
la maison et un medeçin qui demeure dans le voisinage et qui
est pensioné de Mylord, aprés diné on prend tout de suite du thé
dans la bibliotheque, qui est rèelement une des plus belle des plus
comodes et des plus chaudes, on eut la bonté de parler françois en
ma faveur, Mylord me montra des livres d'estampes, Miss
Heyrold, c'est le nom de m de ses filles car il y en a une plus jeune
qui a dix ans , joua du clave forte piano et la soirée se passa fort
agrèablement, jusqua 9½, 20 h. ou l'on servit un souper de quelques
plats, et une heure après chacun de son coté se rend dans son
appartement, le lendemain on se rassemble a dix heures pour dejeuner, après
cela chacun est libre de faire ce qu'il veut, Je devois aller promener a cheval
avec Mylord mais le tems ne le permit pas et il me montra tout son
<3r> chateau, qui est ce que j'ai vu jusqu'ici de mieux meublé, il reunit la plus grande richesse
la plus grande simplicité et la plus grande elegance, il y a un escaliser dans le gout
Gothique qui est tout ce qu'on peut voir de plus beau, le chateau est imensse, et toute
les chambres sont meublées mieux les unes les autres, il y a une grande quantité de
tableau repandu dans la maison de la plus grande beauté, enfin pour Vous doner une
petite idée de la richesse de ceci, toutes les tables bois de lit chaises percées bois de chaises
sont de bois de mahony, et il y a une de façades du Chateau dont les fenetres sont garnies
de verre qui coute deux guinées la piece, et qui ne sont pas aussi grandes que les notres
de Rolle elle ont l'avantages d'etre parfaitement claire et du dehors elle reflechissent
les objets exterieur come un miroir de sorte qu'au lieu de Voir ce qui se fait dans
la chambre Vous appercevés les paysages qui sont vis a vis et qui ressemblent a
un tableau cela est charmant. Le chateau est au milieu d'une prairie il y a
aus ou plutot du parc on y voit des moutons, des boeufs, des canards sur
des pieces d'eau des cignes, et dans un bois il y a 80 ou 100 daims, je ne me
faisois reellement aucune idée d'un endroit aussi agrèable et aussi beau. J'ai une
chambre enchantée ou il regne un grand feu tout le jour, je couche dans un lit
de soie, ma chambre est attenante a celle de Monsieur Gibbon. Hier au matin
j'allais chès lui et j'eus une grande conversation avec lui, il me fit mille amitié
Vous juges que nous parlames de Vous bien au long, je lui disois Monsieur "Lorsque
je regarde autour de moi, je Vous assure que je croirois apperçevoir la main
d'une fée, qui guide les evenements" tout va le mieux qu'il est possible de l'esperer
Monsieur Gibbon veut avoir la bonte de me fournir tout l'argent necessaire et
Vous le lui rendres au printems ou lorsqu'il sera revenu, il me dit j'aurais donc
le plaisir d'etre Votre banquier; je crois si la vie est agrèable ici l'argent ny est
pas èpargné, et lorsque je vois come il coule sans pouvoir faire autrement
j'eprouve un sentiment si penible de pensser que je depensse ici tandis que
Vous èpargné la bas. Mylord veut me procurer un cheval, Mylady a ecrit
hier a Brithelmstone  pour un forte piano, j'aurai un home qui aura soin du
cheval, et Mr Gibbon me conseille toujours, car s'est n'est jamais qu'un conseil, de
ne point prendre de Domestique jusqu'a mon arrivée a Londres, il y en a un
petit chès Mad. CKlarke qui est la Dame chès qui je vais qui me netoyera
mes souliers et mes habits et me fera mes petites affaires il y a un peruquier
dans le village qui s'appelle Okfield le village au moins et qui est fort près d'ici. Mr Gibbon
entre avec moi dans les plus petits details, juges enfin, il me dit dans notre
grande conversation, après plusieurs excuses, et en me disant que je devois
excuser s'il prenoit un peu la qualité de Pere a mon ègard, qu'il me
prioit que si je me sentoit le moins du monde atteint de quelque mal (Vous
comprenès) il me prioit de lui doner ma parolle d'honeur de le lui dire sur
le champ. J'ai rangé mes affaires hier matin il ne me manque que deux
mouchoirs et encore pas des bons, je soupçone fortement l'amy Landry
de les avoir pris, car il a eu la precaution de me dire souvent n'ayes pas
<3v> peur Monsieur nous ne vous prendrons, rien je puis me tromper ayès s.v.p. la
bonte de ne lui a pas faire moins d'amitiés, lorsque Vous le verres car je
lui ai fait promettre de Vous aller voir. Mylord Schefield a eté il y a 23 ans a Lausane
il a eté fort amoureux de Madame Constant, d'Henriette de Chandieu , il compte de
faire un voyage en Suisse l'année prochaine peutetre. Cette demi page est d'aujourd'hui
Dimanche je me suis levé pour Vous ecrire, je dois aller a onze heures a l'eglise
avec Mylady en voiture, Mylord ma offert du gibier des chiens des fusils et un guide
hier j'ai eté promener a cheval avec lui et il ma montré plusieurs fermes a lui
il arriva hier un etranger Sir Hamilton  qui a eté gouverneur au Canada
d'une ville ou province dont j'ai oublié le nom qui vient passer quelques jours
ici, il parle fort bien françois mais il manque d'habitude. Pour moi je comprend
deja beaucoup de la conversation et je comence a dire quelque mots, cela ira
bien, on dit que je prononce fort bien, et que l'oreille musicale aide a aprendre
la prononciation, j'ai déja joué du clavecin j'ai chanté même. Cet hiver a
Londres je verrai un Opera meilleur qu'aucun qu'il y ait eu il aura le fameux
Marquesini , et au printems j'espere entendre le fameux concert de Handel
dans l'abaie de Vestminster, Enfin c'est inconcevable mais ce voyage semble
etre arrangé par un autre qu'un home, tout y est reuni aussi je disois a
Mr Gibbon qu'il ny avoit point de termes pour lui dire tout ce que je
sentois de reconoissance. Les moeurs Angloises ont quelques chose de doux de
simple et de solide qui met l'ame en repos, ce n'est pas cette surabondance
de politesse francoise qui etourdit mais c'est un comerce tranquille et energique
au moins que tout ce que j'ai vu et tout ce que je verrai puisse jamais me paroitre
preferable a la moindre parolle au moindre règard des trois chers objets de
auquel mon coeur pensse toujours, et que je ne regarde pas come la plus grande
des bonheur celui ou je pourrai Vous voir et Vous dire come jadis tout ce que
je pensse, je ne saurois Vous dire combien Vos lettres m'ont emu et touché combien
les marques de Votre tendresse dans laquelle j'ai reconu la miene pour Vous
mont fait du bien, et que la chere Minon  qui sera toujours la miene ne croye
pas que rien au monde me puisse equivaloir aux temoignages de son amitié
Je veux profiter de tout ce que je verrai et je fais un voyage aussi interessant qu'il
sont est possible, mais tout est relatif a Vous trois c'est pour Vous que je verrai. L'Eglise
me force a Vous quitter malgré moi, si j'ai du tems après jusqu'a la poste je
continuerai sinon je repondrai a Vos lettres une autre fois je Vous sens
bien portant tout trois cela me m'est a l'aise, ne Vous inquitès pas pour les retards
de lettres la votre a eté 16 j. au lieu de 10. je me porte fort bien et depuis que j'ai
reçu Votre lettre je suis un autre home, j'en avois besoin, je crois que Mr Gibbon Vous
ecrit un petit mot j'espere après l'eglise pouvoir continuer

<4r> Je viens de l'Eglise et la poste ne me laisse que le tems de Vous
embrasser et de Vous dire que Mylady me charge de ses respects
pour Vous, c'est ses termes, et elle Vous fait dire qu'elle tachera
de tout son pouvoir a rendre mon sejour en Angleterre le
moins desagreable qu'il se pourra, jugès, tout le monde est
si honete, si bon si prevenant ici, que j'en suis confus
Voici un billet de Mr Gibbon  je Vous avoue que j'ai un peu
gigné pour voir le contenu, j'avois une multitude de
chose a Vous dire encore, et je ne sais ce que j'ai dit
dans ma lettre quitte aler repeter une autre fois. Adieu
mes chers tres chers Parens, tout ce reunit pour mon
agrement, mais il ny a que Votre tendresse qui soit mon
vrai tresor soyès persuadé que je ferai tout pour la
conserver, la premiere lettre que j'ecrirai sera pour
la chere Minon j'ecris toujours a toute la maison pour
ne pas faire de jaloux. Mille amities a Lisette, et s.v.p.
a tous mes bons amis, sans oublier les Domestiques
Adieu entierement a Vous de coeur et d'ame

Vilhelm. Schefield Place a 1h. Dimanche 4 Nov. 87.

<5r> Je ne me pardonerois pas, si je laissois partir cette lettre sans deux mot pr
ma chere soeur pr ma chere amie, je te remercie de tes deux pages, de toute
ton amitié sois persuadée que ma tendresse egale la tienne et que nos
coeurs sont d'accords, il sont faits l'un pour l'autre, Je suis sur que tu ne passera
pas par ma chambre sans pensser a moi, le printems nous rejoindra
nous serons l'eté prochain ensembles a Mex  nous irons promener ensembles
et nous parlerons des moments ou je ne pouvois jouir de tous ces plaisirs
Va ches Babelle, dis lui de ma part, ce que tu lui dirois pr toi, cette chere
Belon occupe si souvent mon esprit et toujours mon coeur, combien je
l'aime, Prends tes leçons de Dessein, parle de moi avec Mr Piot 
je n'ai persone a Ukfield pr parler de toi, du moins qui te conoisse
ici je parle a Mylady de ce qui m'interesse de toi de Mon Pere de ma
Mere. Dis a M. Stade que j'ai un clavecin, forte piano c'est a dire
<5v> et qu'au printems je dois entendre le Concert en l'honeur de Handel de huit cent
Musicien. Tu m'ecrira des details sur la famille de Betens s.t.p. et moi je te
promets aussi de t'ecrire souvent, la premier lettre que j'enverrai sera pr
toi. Done a Mon Pere et a Ma Mere un baiser pr moi, ici j'embrasse la
pauvre flore qui ressemble a Tousson fais mes amities aux Domestiques
Penssé a moi et crois que moi je suis toujours occupé de toi que j'entend le
son de ta voix, que je tentend marcher et que je ne saurois etre heureux
nulle part qu'en habitant sous le même toit que toi, Tu verras Louis de
Mr Gibbon  j'espere, je ne sais pourquoi il s'en va, qu'il est heureux il te
verra et tu lui parleras, Adieu je ne t'ecris que deux mot mais ils
sont l'expression de mon coeur Adieu chere Angletine je suis pressé.
que fais tu pendant que je t'ecris?

a Scheffield Dimanche
a 2h après midy.


Enveloppe

A Madame
Madame de Severy
à Rolle
Canton de Berne en Suisse


Etendue
intégrale
Citer comme
Charrière de Sévery, Wilhelm de, Lettre à Catherine de Charrière de Sévery, Uckfield, 03 novembre 1787-04 novembre 1787, cote ACV P Charrière de Sévery B 104/2605. Selon la transcription établie par Damiano Bardelli pour Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: http://lumieres.unil.ch/fiches/trans/772/, version du 29.08.2017.
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