Transcription

je vois avec bien du chagrin, Monsieur, que vous
n'etes pas encore entierement retabli et que la
fievre le point et l'oppression subsistent. Il me
paroit qu'un grand usage du jus de lierre terrestre
est le remede le plus propre a dissiper l'engorgement
que la maladie a laissé dans cette partie du pou=
mon qui reste douloureuse; quand la douleur aura
cessé et l'oppression diminué ce qui arrive ordinaire=
ment en meme temps, les eaux de Selter opereront
tres bien. je vous avoüe que je les prefere dans les
maux de poitrine et dans les fievres lentes a celles
de Cormayeux qui sont un fondant trop actif et un
puissant purgatif qui pourroit vous trop extenuer; d'ailleurs
je n'aime pas trop envoier les poitrines foibles dans
un climat aussi rude et aussi changeant que celui
de Cormayeux, il est aisè d'y prendre un rhume et il
seroit facheux pour vous de vous enrhumer actuellement.
Le meilleure facon de prendre le jus de lierre terres=
tre seroit peut etre, Monsieur, d'en prendre une ceuil=
lerèe a 6. 7. 8 heures du matin et a 5 et 6 heures
du soir, vous pourriès le delayer avec une ceuillerée
de thè de la meme plante et une ceuillerèe a caffè
de miel. j'espere qu'au bout de huit ou dix jours
<1v> vous sentirés un soulagement sensible et que trois
ou quatre semaines de cet usage sufiront pour detruire
la cause du mal, cest alors que les eaux de Selter
conviendront et serviront a redonner de la force aux
organes affoiblis. Je ne vois rien a changer dans la
diette et je continüe a croire que lexercice du cheval
vous sera utile. Vous m'obligerès toutes les fois que
vous voudrès bien me donner de vos nouvelles,
et vous seres bientot retabli si l'effet des remedes
repond a mes voeux. j'ai l'honneur d'etre avec autant
d'estime que de devoüement

Monsieur,

Votre tres humble et tres
obeissant Serviteur
Tissot.

A Monsieur
Monsieur Venel Medecin
A Orbe