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Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 08 avril 1741
de paris ce 8e avril 1741
les espagnols ont raison de dire qu'il faut voir un
homme touts les trois ans pour en porter un jugement
est ce vous saconay qui m'écrivès 8 lignes et me copiès
seize vers, jattends deux mois une rèponce a une lettre
qui entroit dans toute sorte de dètails d'amitié, je la reçois
enfin, elle me paroit forte au toucher un cachet noir
m'efraye jay éte bien rassuré assurèment, mais il faut
l'avouer le segond mouvement n'a pas èté en faveur
de mon amy, encore une lettre de cette espèce en pareilles
circonstances et il est rayé sur mon livre, d'un certain
canton, et mis dans la classe la plus nombreuse
vous ne devès pas douter que si je puis vous ètre utile
a quelque chose mon cher saconay, je ne my employe
comme vous le voudrès, vous pouvès vous tenir pour dit
<1v> que l'on ne fait icy aucune augmentation de troupes et
par conséquent qu'il n'a point été question des gardes
suisses, mais perpmettes moy de demander a saconay, d'ou
luy vient l'idèe de commencer a 28 ans un metier ou
l'on entre aprèsent a douze et qu'il a quitte il y a six ans
touts les aspirants a entrer dans l'ètat, sont ils de cette
stabilité, amy nous venons dans l'age ou il faut ètre
justum et tenacem propositi virum et non point tantost
pirande et tantost armedon
le roy de prusse jusques a présent paroit concevoir beaucoup
et exécuter a l'avenant, l'on me 1 mot biffure semble assès
gènéralement douter que la sagesse ait part a ses conseils
votre helvétique amphion en a plus fait en françois que je
n'en ferois en allemand cest du françois rimé et puis
cest tout, pour des vers il ny en en a jamais eu d'idèe
il ny a tout a la fois qu'enjambements, embaras de sens
dèfaut d'harmonie et de mesure
adieu seigneur je vous crois amoureux ou fou en un mot
je ne reconnois point saconay que jaime par habitude