Transcription

de mirabeau ce 21 7^bre 1740

toujours tu seras un paresseux mon cher frèderic et
toujours tel je t'aimeray, quand a la culture des terres
et la différence des climats jespère qu'un jour tu viendras
t'en instruire et voir par toy méme mes progrés, avant
le temps de mes voyages ou nous devons passer chex toy
mais comme tu scais dès longtemps cest en quarante
quatre et pas plutost, jay un grand maitre en
agriculture qui cest le marquis de s^t george, qui dans
vint ans de travail a fait de la livre l'écu dans ses
biens jen ay vu la démonstration, et il y en a 12
quil est ètably a paris dou il ne fait que des tournèes
tes principes sont excellents, hors quelques uns qui
demanderoient un homme entiérement livré a
l'agriculture, au lieu que je ne my livre qu'autant
que le soin de mon gazon est absolument nécessaire
et entre dans mes devoirs, je suis fou de la littérature
des connoissances et de la liberté, quelques sucçès, beaucoup
<1v> de gout m'ont amené au point de ne pouvoir m'en
dedire, mais rien nest incompatible dans des organes
accoutumès a laction tel homme et jen ay des exemples
fait planter un arbre en gascogne étant a rome; et
augmente ses biens plus promptement que son voisin
borné et assidu, je te remercie du detail que tu veux
bien me faire sur les vaches jen vois assès pour comprendre
que çe n'est pas un commerce faisable icy, mais si
tu me trouvois un bandolier fidèle pour étre garde
1 mot biffure terre et de bois, tu me ferois grand plaisir et jen
passerois par ton marché, jay maintenant icy la
compagnie la plus choisie trois amis gens du premier
ordre qui me sont venus voir de cent lieues et ceux
de mes compatriotes qui n'aiment point la chasse
adieu cher frédéric un peu plus souvent de tes nouvelles
et porte toy bien

souviens toy surtout si tu me trouves un garde quil vient
dans un paÿs ou le vin est très fort et a très grand marché