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Lettre à Frédéric de Sacconay, Mirabeau, 04 août 1740
de mirabeau ce 4e aoust 1740
je suis positivement dans le mème cas que toy mon
cher amy, ayant fait toute ma vie un métier bien
opposé aux connoissances de l'agriculture, jay pourtant
senty que çetoit le solide bien surtout pour quelqu'un
qui a de grands domaines positivement sur le mème
pied de fermes qu'ils etoient il y a cent ans, etout
ayant doublé en france dans depuis ce temps la par l'infinie
augmentation d'ae l'argent dans la circulation, le
marquis de st george exige de moy ce genre de soins
que je sens raisonnable, jy donne a plein collier
rien n'est difficile a l'homme que de bien vouloir
mais je donne pourtant dans un paÿs bien inconnu
et a ce propos je te demande un detail du profit que
vous retirès des vaches de votre façon de les soigner
et scavoir si je ne pourrois pas avoir deux hommes
pour cela, voila ce qui s'apelle des détails de
vèritable mènager
tu as raison de dire quil y a de plus grandes beautès
<1v> dans ma retraite que dans la dernière èpitre que je
t'ay envoyèe, lun est un morceau d'enthousiasme
l'autre de didactisme, mais tu ne loues pas assés les vers
il est reconnu que depuis despreaux, rien n'en aproche
dans ce genre, mais ce sont des remarques purement
du versificateur
tu est plus sage que philosophe, si tu étois tombé comme
moy entre les mains d'un st george tu serois parfait
car un bon tempèramment aide a l'uniformité des
opérations des tes organes, pour moy l'imagination
et la force des passions me jettent sans cesse a lécart
bien heureux de pouvoir quelquefois en garentir
ma conduite, tu as pourtant bien de linégalité, je
voyois cela dans un nombre de tes lettres que jay
trouvé icy que je porteray a paris pour les joindre
a une collection que jen ay faite qui liroit les miennes
de la sorte verroit je crois de beaux sateuts, adieu cher
fréderic, tu viendras me voir lété prochain, je lespère
et une autre anénèe je seray a bursinel adieu ècris moy
j'arrive d'une tournèe avec le duc de durfort qui m'e
m'etoit venu voir il a demeuré trois semaines en
provence elle cestant cest un des beaux du siecle
<2r> de ces amis de tout le monde qui ne scavent ce que
cest, notre temps sest passé a courre, dicy a aix
avignon, marseille, toulon, partout des noces de
gamaches dormir le jour manger et voyager la
nuit, me voicy enfin rendu a mon cabinet adieu
frédèric je vous aime...