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Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 01 mai 1779
à paris le 1er may 1779
je me suis bien doutée monsieur que si le drame, c'est ainsi qu'on
peut appeller le memoire de mme de Cabris, parvenoit jusquà vous, il vous
donneroit de l'inquietude, cette sale perverse ne cessera jamais de tourner
le poignard dans le sein paternel, et d'empoisonner la vie de tous les amis,
les personne qui connoissent laudace de cette femme, sont encore à
comprendre qu'elle aye osé la pousser à l'exces que nous voyons, la fureur
de voir tous les projet renversé, et il y en avoit qui font horreur à penser
la mise or d'elle meme, des conseil forcené lui ont fait entendre qu'il fallait
faire des attaque en justice reiglée, pour forcer la cour à la mettre en
liberté, elle a tordu tous les faits pour tisser le roman que vous avés
louiu, elle la envoyé à des vieux avocats janseniste, qui avoient defendu
la digne mme St vincent, qu'ils tenoient pour la plus respectable de toute
les femme, elle a envoyé en meme tems ce briançon qui est le selerat
le plus hardy dont on aye entendu parler, qui à toutes les liaisons ici
des intrigant et mauvais sujet dont le nombre est grand, de l'apuis parmis
les employé à la police, &c... de sortes que tous les moyens reunis ont
determiner les avocats à signer la belle consultation que vous voyez
et qui a otorisé l'impression du memoire, qui a fait sans contredit un
effet prodigieux dans paris, le peut de gens instruit en on été indignés
et vouloit que notre ami pris les avocat à partis &c... on vouloit un
arect du conseil qui le suprima comme calomnieux, qu'il fut
arretté, defendus, rien de tous cela na eut lieue, notre ami na pas
voulu, lever un procès d'injure avec les avocat; les ministres pret à
donner l'arect du conseil on été retenus par des formes jusqu'à la fin de la ligne biffure pour ordre du Roy
5-6 mots biffure et le lendemain qu'il a été arrette chez le
libraire, il a été porté à toutes les portes et vendu à l'entree des eglises
et des promenade, voila comme on a été servis par la police, le bruit
<1v> a été grand, mais heureusement il na pas produit leffet qu'on s'en
prometoit jusquàpresent, mais nous ne sommes pas au bout, notre ami
a été averty que ce qui avoit parut n'etois que le premier tome du
roman quil y en avoit dautre sous presses, cette fois les defances de ces
faire paroitre font effet, d'un autre coté le corps des avocat s'indigne
de l'abus que leur confreres on fait de la liberté de signer, il doivent les
reprimander, et proposer un reiglement pour empecher de tels exces, il
font tout cela doffice, car notre ami na voulu ce preter à aucune
demarche, exepté une, qui pourois bien lui devenir un piege,
un conseiller de grand chambre, l'engaga à le trouver chez lui avec les
avocat qui ont signé, et qui disoit que si un 1 mot écriture demontroit la
fausseté des faits avancé par la dame, ils imprimerois une
retrelation, il porta là tout son petit tresor d'horreur, de sa fille,
dont les mat ne voulurent pas admetre une seule piece, mon soucy
est à present qu'il ne ce servent de sa confiance dans le per memoire
pour charger les preuves des persecutions decontre cette douce poulette,
notre ami rit de mes inquietudes, et na qu'un seul objet qui est celui
dempecher quon ne lui donne la clef des champs. C'est paris qui
est le theatre de ses declamations à 200 lieues du païs où ce sont
passé les pretendus, delit, mais c'est en provence qu'elle fait marcher
les procedures les plus violentes, elle a attaqué à grasse pour
demander à la justice d'ordonner qu'elle vinse soigner son mary
que la belle mere battoit, 1 mot biffure sa demande a d'eut etre rejetté,
elle attaque à sisteron pour demander quon informe des
calomenie qu'on a rependu sur elle, elle a fait fulminer des
monitoires pour que tous ceux qui ont entendus dire du
mal d'elle eussent à venir le deposer, et à le prouver par piece
probantes, elle croi éblouir par cette violence et remporter une
<2r> une grande victoire, parce que quand quelqu'un ceroit accusé d'avoir
dit delle tout ce qu'elle merite, elle scai bien qu'on en a pas des
preuves juridiques, elle espere bien aussy que sa famille ne produira
pas les preuves honteuse qu'on a contre elle, ou ne saurois où elle
et ces conseil veulent aller, si on ne voyoit pas qu'elle ne cherche qu'a
engager un parler violent qui la mette en droit de reclamer sa
liberté, le bon bailly est toujour à aix relayé de cette belle besogne,
attendant que les attaques sadressent directement à lui, il paroit n'en
pas prendre de soucy, il ne repondra point, à moins qu'il ne survienne
quel que choses qui l'y force, je vous assure notre bon ami que cest
moi qui souffre le plus de toutes ses horreur là, dont je suis temoins
sans pouvoir agir, et il y a longtems que j'endure ce suplice qui
n'est pas petit, notre pauvre ami en a eut un bien amer
pendant six semaine, le cher etoit dans paris livré à la remonia
compagnie &c. enfin cela est finis, son pere la reçus dans sa maison
pardonné, et tout ce qui s'en sait, mais je vous confie que ceux
qui ont le plus contribué à ce raprochement, n'y ont été
poussé que par la necessité de la circonstance, et que dans
le fond du coeur ils espere bien peut de ce sujet, n'en parlons
pas, mme du saillant est parfaitement retablie de la rechute
qu'elle avoit eut de sa maladie, il vont faire leur tournée
de 3 ou 4 mois en limousin, notre pauvre ami ira au bignon
avec son fils et quelques homme, et moi j'rai au pressoir
avec mme de Castelanne, si javois eut le courage de resister
à notre pauvre ami, et à vous, je serois peut etre tranquille
à present, ces grand dechirement cerois guery, n'allé pas
me dire que jaurois auguementé la somme de ses chagrin
par l'endrois le plus sensible, et que j'aurois peut etre abregé là
<2v> loga chez son pere, où logoit aussy son oncle, quoi qu'il lui
plaise d'imprimer que la maison paternelle lui a eté fermée
depuis 1773.
les efforts dimagination qu'elle fait, et les intrigue que font les emissaire
à paris, ne lui vaudrons que les conseils dangereux qu'elle sait,
et ne saurois lui procurer des succes durable, n'y desirable, où en
ceroit elle! si on montroit à ce public qu'elle veut ameuter
pour elle, par quel chemin elle a courut où elle est, peut etre
alors regretteroit elle d'avoir foulé aux pieds touts respects
divin et humain, elle sentirois l'abondon où elle s'expose,
à qui pouroit elle ce flater dinspirer de la conffiance et de
l'interet, apres avoir prouvé à tous l'univers que rien n'etois
si nuisible à tous egard que detre, son pere, sa mere, son oncle,
son frere, son mary, son beau pere, sa belle mere, sa fille, son
beaufrere, sa belle soeur, son parent, son ami, son voisin, son
juge enfin, et que generalement tous les liens etoient dangereux
avec elle,
il est tems qu'elle change de moyen pour satisfaire la passion
qu'elle a d'occuper d'elle, quelle tante dobtenir par sa conduite
des sufrages non suspect, n'y mandié, ny achetté, qu'elle ce
donne autant de peine pour reprendre l'existance à la quelle
elle avoit droit de pretendre, quelle s'en est donnée pour
risques de la perdre sans ressources, et quelle ne désespere
jamais des effet du penchant de tout homme sage
à la clemance envers la jeunesse inconsiderée, et de
l'interests qu'inspire le retour au devoir
<3r> mme de Cabris na point été calomeniée, c'est sur des faits public,
et meme juridique, que l'otorité du Roy c'est pretée aux voeux de ses
parents en lui ordonnant de ce retirer dans un couvent, seul asile
convenable à une jeune femme dont le mary a eté declaré insensé,
par 2 jugement rendus contradictoirement, et qui c'est livrée elle
meme à des emportements dont sa jeunesse et son inexperience
ne peuvent pas meme l'excuser
en 1774 ils ont eut un proces criminel pour des libelles atroces
contre les personne les plus notables de la ville de Grasse, les libelles
furent imprimé à nice par ordre et aux depend de mr de Cabris
qui ensuitte les afficha lui meme aux portes des offencés, ce
trait là peut bien etre pris pour un trait de demance et
d'horrible mechanceté, mme de Cabris a bien put dire qu'elle
netois pas complice, mais au moins ne peut elle pas dire
que sa presence fut fort utile à son mary pour l'empecher de
troubler la societé, ce qui est le premier employ qu'on aye à
excercer vis à vis de ceux qui ont perdu la raison, après avoir
pourvü à leur sureté, fonction sacrée que mme de Cabris na pas
mieux remplis dans ses dernier tems, puisque son mary seul
avec elle dans son chateau c'est donné un coup de couteau
qui lui a fait perdre 5 lt de sang suivant le proces verbal des
medecins et chirurgiens du lieu,
en 1775 mme de Cabris a eté décretée dans un autre procès
criminel qu'elle avoit occasionné à son frere en l'engageant
à la vanger de pretendu propos injurieux tenus sur elle
au sujet d'un nommé briançon, par un homme de qualité
sexagenaire, qui fut insulté et batus sur le grand chemin
<3v> par le jeune homme en presence de sa soeur et du dit briançon
Cette affaire a eté terminée par un arret qui condamne
solidairement mme de Cabris et son frere et le nommé dit briançon
a 5000 lt de domage et interests
on scai en provence qu'elle avoit abandonné son
mary et sa fille en 1776 pour ce retirer à lion, on ignore pas
les voyages qu'elle a fait à Geneve, et en Savoye, n'y les motifs
qui la conduisoit, ainsi que son dernier voyage à paris, qui
navoit aucun raport à ses devoirs dépouse et de mere, et qui
prouve seulement qu'elle ce dispensoit de les remplir alors,
quand elle s'y est rendue enfin, le facheux etat de son mary
la poussé à attentes sur lui meme, il parut necessaire à la
famille de pourvoir à la sureté de la personne et des bien de ce
malheureux jeune homme, dont il etoit trop aisé d'abuser de
la signature, on vouloit constater son etat paisiblement
et avec tout le secret possible, c'est sa femme qui a fait tout
l'eclat dont elle ce plaint, sans egard pour le pere de sa
fille, et pour la famille dans la qu'elle elle est entrée qui ne
demandois qu'à cacher son mal'heur, si le grand zele
qua voulu deployer mme de Cabris dans cette occasion
avoit put rendre la raison à son mary epoux elle
auroit été en effet très louable, mais au contraire par
tous les efforts qu'elle a exigé de lui pour tacher de
deguiser son etat, et de rester maitresse de le faire transcrire
ses écrit, parler, agir, signer selon sa volonté elle a achevé
d'alienner son esprit
<4r> il netois pas possible que des parents ne desirasses pas que cette femme
fut mise or de portée de ce livrer à son caractere turbulent, il ce peut
quon veusse etablir que personne na droit de ce meler des moeurs dune
femme quand son mary sage, ou fol, ne s'en plaint pas, mais on a pas
encore osé avancer qu'une famille respectable doive regarder avec
indiference qu'un de leur membre porte le trouble dans la societé, sans
entrer dans les details des faits et gestes de mme de Cabris, qui est ce qui
ne reconnois pas le meme esprit des placard de grasse, et de linsulte faite
à mr de villeneuve de moeurs, dans les libelles quelle vient de faire
imprimer contre son oncle? où elle insulte jusqu'a la memoire
de son beau pere, mort agé de 82 ans aimé et honnoré generalement
où sont les motifs de ces 3 scandale? on a toujour ignoré celui des
placard de grasse, ceux de l'insulte faite à mr de villeneuve etoient
tels quune femme sensée n'en fait point d'eclat, si en effet il
etoit échapé à mr de V. de dire qu'elle vivoit scandaleusement avec
le naré briançon, cetoit par sa conduite qu'elle devoit chercher
à detruire cette accusation, et non pas faire assomer sur le grand
chemin, un vielliard par un jeune homme, tandis qu'elle et
le dit briançon les regardoient faire en riant suivant ce que
dit le procès verbal,
les motif quelle prete à ce qu'elle apelle la persecution de son
oncle, sont tous controuvé, on la poursuit dit elle depuis
quelle a donné de l'argent à sa mere en 1 mot biffure1773 elle produit
une lettre par la qu'elle son oncle desaprouve les conditions de cette
generosité; jusquiçi ses sortes de representation avoit été permise
d'un oncle à sa niece, et voicy le premier procès intente pour
reprimer une telle hardiesse, au reste quel que soit l'enormité
de la haine de son oncle pour elle, il ne la recus pas avec
moins de bonte au mois de may 1774 qu'elle vint à paris
<4v> je vis, par ce que vous me feré donner de plus en plus telle
axillée dans ce gouffre de peine où mon ame n'est que trop
plongée, il netois pas possible de me trouver des assortiment plus
etranger à mon caractere que ceux que jai de tout côté vous
allés me gronder, cest bien aise si j'avois encore sur qui m'apuier
mais il faut que j'use mes pauvre forces à apuyer les notres,
ma santé est toujours la meme, des feux des sueur, des crampes
il est vrai que depuis quelques jour, ma main gauche
s'engage davantage et que la droite ce degage, si cela dure
vous auré de mon grifonage tant que vous voudré, en voila
honnetement aujourd'hui, j'y joint meme une notte qui poura
vous servir pour repondre sur le memoire, c'est ce qu'il y a de
plus deçent à dire, car il ny a pas moyen de procè de vols
de poison, d'incestes &c.
ce que vous me ditte mon cher monsieur de l'etat de mad de chandieu
m'afflige beaucoup, je voit tous ce que votre coeur souffre, il vous serois
bien doux sansdoute de l'avoir auprès de vous, et de la rendre heureuse
comme vous etes capable de le faire, le tems amenera surement la reunion
qui fera votre bonheur à tous
je me suis attendrie toute seule en lisant ce que vous me ditte de
la maniere dont votre charmante mariane a remplis un devoir qui
est la source de tout bonheur ici bas, sans la religion les hommes ne
saurois vivre en societé, quand il ne veulent plus entendre dire, Dieu
vous voit, d'ici vous entend, à quel exces ne ce portent il pas? quand pourrai je
vivre au milieu d'une societe qui respecte la religion les devoirs qui pratique
des vertus douces, aulieu de toutes les horreur dont on est environé içi, la depravation
des moeurs est poussée ici à un point effrayant, hier encore, dans ce petit
bosquet qui est à ma porte, un homme vint tirer un coup de pistolet
à sa femme, il la manqua, et il ce donna à lui meme 11 coup de couteau,
chaqu'un ce livre a ses fureur sans frein, et ce public oisif qui veut des
evenement s'amuse dautant, que Dieu vous conserve et vous benisse vous
touts honnette gens dont l'espece devient si rare, presenté mon cher monsieur à
toutes votre respetable famille l'homage de mon tendre, et inviolable attachement