,
Lettre à Frédéric de Sacconay, Le Bignon, 30 octobre 1778
au bignon ce 30 8bre 1778
Ce n'est point la paresse mon très ancien ami, qui ma empeché
de vous ecrire depuis mon retour, jaurois trouvé très agreable de
continuer notre comerce sur le ton de gayetté, et de confiance qui
s'etoit etallés entre nous, et qui aurois contribué aussy à l'amusement
de notre pauvre ami, mais ses malheures qui n'ont point de fin 1 mot biffure
absorbent l'esprit, et ce sentiment, celui qu'il vient dessuier est le plus
violent de tous, parce qu'il est sans remede, le per courier après
mon arrivée lui aporta la nouvelle de la maladie de son petit
fils, le second celle de sa mort, cet enfans etoit toute son esperance
il entroit dans sa sixieme année, il pouvois ce flater de le voir
etablis, il prometoit tout, par sa douceur, sa sensibilité, et son
intelligence, la reunion de la fortune de sa mere, avec celle qui lui
revenoit du coté de son pere, aurois rendus sa maison, la plus puissante
de sa province, notre digne ami avoit besoin de cette douce perspective
pour le distraire de tous ses malheur domestique, vous savez ce qui
lui reste apresent pour le consoler, mieux vaudrois sans doute
qu'il n'eut personne, il ferois comme tant dautres pere sages et
religués, mais il lui reste des persecuteur qui ont reracocher leurs
intrigues, le moment où il reçus ce coup 1 mot biffure fut terrible pour
lui, et pour nous qui l'environnions, ses gens etoit fixé au lict
et son visage immobile inondé de larmes, depuis, il a fait effort
sur lui meme et tache de ne montrer que de la serénité et de
la resignation, mais je voit bien que son ame soufre, j'etais
bien satisfaite de m'etre trouvée içi, dans ce cruel moment, dans
l'eloignement la tete maurois tourné dinquietude
<1v> nous ne sommes pas à la derniere des scenes attendrissantes,
sa malheureuse belle fille, qui est dans le plus grand désespoir
lui a écrit une lettre dechirante, elle demande à venir ce jetter
dans ses bras, si elle n'est pas un objet d horreur pour lui,
vous vous douté de la maniere dont il lui a repondu, de sortes
que nous l'attendons avec son pere, qui a demandé aussy de l'amener
vers le 14 9bre, je me suis chargée de vous ecrire tout cecy, pour
épargner à votre ami une lettre sur ce triste sujet, je nai pas le
courage de vous parler dautre choses, sinon que je conserve
souvenir bien doux de tous les bons traitement que jai recus chez
vous, je vous suplie de le dire à madame de vateville à mlle votre
soeur, et mlle votre fille, voulé vous bien que je vous prie aussy de
me rapeller au souvenir de mad de chandieu, parlé quelques
fois à ses dames de mon tendre attachement pour elles, et 1 mot biffure
ditte vous à vous meme que mes sentiment son inalterable, et ma
confiance aussy entiere, que si nous etions tous trois à l'academie
cet à dire vous monsieur, votre digne ami qui vous embrasse, et moi
à monsieur
Monsieur de Saconai
en son chateau de Bursinel
près Rolle en Suisse
Par Pontarlier