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Lettre à Frédéric de Sacconay, Pailly, 14 août 1778
à Pailly ce 14 aoust 1778
puis que vous aimés à déchifrer les hirogliffes, monsieur je vais
vous procurer encore ce passe tems, en repondant aux grosses
querelles que vous me faite sur ma mauvaise conduite,
je suis aux limbes, il est vrai, et jai fait le plan d'y rester
jusqu à la fin de ce mois, j'aurois trouvé le reste des moyens
de m'en tirer, mais je ne veut mettre de l'art à rien, et je
ne veut rien forcer non plus, c'est un petit sacrifice que je
fais, dont on me scai gré, je m'en sçai gré aussy, et à y bien
regarder il me semble que j'y trouve des cotes comode,
on ce livre içi à la paresse tant quon veut, c'est si bon
quand il fait chaud, savés vous que jai été fort incomodée
jai eut du derrangement d'entraille, des vomissement violent,
des evanouïssement, cet état ote tout courage daller faire
l'agreable en bonne compagnie, je me porte mieux à present
je me suis bien gardée de dire un mot de tout cela à mes
amis de paris, il ne faut pas mander au loing les choses
inquietantes, vous allé croire que je ne vous conte cecy
que pour vous attendrir sur moi, et vous engager à ne
plus me gronder, mais je nai pas besoins de ce petit artifice
pour vous prouver que je nai pas de tord, il y a des gens qui
passe leur vie à me trop louer, et puis à medire de moi,
je suis doublement fachée d'avoir perdu la petite course que
vous avés faite à lausanne, j'aurois eut le plaisir de voir
mon ancien ami, et jaurois vü cette fameuse lettre, jaurois
<1v> fait mon petit plaidoyer avec succès je m'en flate, ce n'est que
partie remise, puis vous entendrés un jour toutes mes raisons qui
valent mieux à dire qu'à écrire,
je nai rien changé à mes plans, jai dit en partant que je
reviendrois au moins d 8bre le tems que je dois passer dans le
païs, cera employé à faire de bonne grace ce qu'il conviens
que j'y fasse, jai passé le 1er mois en dissipation agreable
je passe le 2em à la mode des autres, et je passerai
jespere le 3em à la mienne, c'est vous dire monsieur
que je me flate de revoir le charmant bursinet, et
tout ce qu'il renferme d'interessant pour moi, je tiendrai
parole aussy à mes bons parent de perrois, je ferai encore
quel qu'autre courses agreable, et je ne conte point repartir
sans vous avoir convaincu que je ne merite pas tout le
mal qu'on vous dit, de moi, ou que vous pensé de moi,
par exemple on cera bien honteux de m'avoir
accusée d'obstination, quand on vaira que j'ecrit
regulierement 2 fois par semaine, depuis qu'on c'est
plaint que je n'ecrivois qu'une, je vous assure que les
enfans gattés sont très dificiles à contenter,
pour prendre un stil plus raisonnable, je vou dirai
que ce ne cera pas moi qui me refuserai à tord ce qui
poura adoucir ma vie sur la qu'elle on a versé tant
d'amertume, mais qu'il convient aussy que tout ce qu'on fait
<2r> soit subordonné à la raison et à la prudence, au reste mon
sage ami ce n'est pas pour vous dégouter de me dire mes verités
que je me justifie, je vous prie au contraire de ne pas m'epargner
vous me reproché que je me tourmante moi meme, cela peut
etre vrai, 34 ans d'un deplacement vivement senty, ont put
m'accoutumer à ce genre d'exercisse, il est des choses, des etres,
et des situations, sur les qu'elles on ne prend jamais son party,
on regarde ce que l'on est, ce que l'on auroit put etre, ce
qu'on tache de paroitre, &c... , mais qu'estce que que je vous dis là?
voila votre sagesse qui va découvrir un coins d'orgeul dans
cette ame qui voudroit n'etre qu'elevée, que je me cache
bien vite dans le sein de l'amitier indulgente, qui ne
vaira plus qu'une ame tendre et abondante, qui a toujours
eut besoins de lemploy de ses facultés,
Mr le Colonel ce porte à merveille, comme il a le bonheur
de ce sufire à lui meme, il n'ecrit jamais à personne, et il
ne soussonne pas qu'on puisse prendre plaisir à écrire
à quel qu'un, j'en prend cependant beaucoup dans ce
moment à vous renouveller tous mes sentiments, et à vous
prier de les faire valoir à mesdames vos soeurs et à mademoisselle
votre charmante fille que je vous prie de trouver bon que
j'embrasse
<2v> je viens dessuer une bonne corvée; le comte d'albon qui fait
le voyage de Suisse, s'est informé de moi à Lausanne, on lui a
dit que j'etois ici il y est arrivé ce matin, il a dit adroitement
quil alloit à iverdun et plus adroitement encore je lai pris
au mot, et lai laisse y aller diner, a près l'avoir fait dejeuner
vous ne sauriez imaginer à quel point j'en aurois été embarassée
avec les ressources de toute espece que jai içi
à Monsieur
Monsieur de Saconay Seigneur
de bursinel
à bursinel
à la Côte