Transcription

Martines de Pailly [-Malvieux], Marie de (v. 1730-?), Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 12 mars 1776

a paris le 12 mars 1776

le tems ce passe toujour mon cher monsieur en attendant
les evenements déssisifs qu'on desire, et qui n'arrive point, il
y en a un cependant dont vous seré satisfait, c'est que le
fugitif a eté arretté à dijon, et doit etre remis à present au
chateau de joux, l'otorité patronesse n'y a point contribué,
c'est tout simplement le gouverneur qui avoit donné son
signalement sur la route de paris, où ce monsieur ce rendoit
remplis de confiance dans le credit de mme sa mere, pour
lui obtenir sa liberté entiere, et ce joindre à elle pour
persecuter son pere, je vous ay mandé qu'elle avoit deja tanté
de semparer de sa belle fille, la sage reponce qu'elle en avoit
reçuë ne lavoit pas degoutée, elle lui a encore renvoyé une
lettre de son mary, dans la qu'elle il lui donne des ordres tres
imperieux d'aller chez le ministre avec sa mere, la menaçant
violenment si elle s'y refuse encore, heureusement le mis
de marignane etoit arrivé et de consert avec notre ami il a
dicté la reponce de sa fille, dans le meme esprit que la precedente
je ne scai ce que tous cela 3-4 caractères recouvrementproduira mais de quoi je suis sure
c'est qu'il n'y a point de repos à esperer avec ses gens la, il y a
un autres malheur qu'on ne peut plus ce dissimuler, c'est que cet
absurde procès a été sussité à ce digne homme par la cabale
anti économiste, la guerre qu'exite les edits a echaufé ce party
à un point que vous ne sauriez croire, tous ce qu'il y a de mauvais
dans le monde, est qualifie déconomiste, tous les livres sans foy, sans
loix, sans moeurs, leurs sont attribués, on meprise le jeune roy on
<1v> abore le ministre, et chaqu'un a ses bonnes raisons pour cela.
les fermiers generaux, ont ete menacé sans etre frapé lannée
passée, il font ligue à present, ils ont de puissant moyens pour
agir sur les opinions, leurs freres et leurs fils sont dans le
parlement, leurs filles et leur soeurs sont à la cour, leur preposés
inondent paris, les ecrivains, les catins, les histrions, sont à leurs
gages, leurs faste leur asseroit les artistes et les marchands
vous voye qu'il y a là de quoi faire beau bruit, aussy en fait
on, d'autant que les édits en question 1° en soulagant le peuple
de la campagne des corvées, porte l'impots sur les proprietaire
ce que les grands et petits seigneurs ne veulent pas entendre
2° la supression des jurande ote aux gens de palais plus de
700,000 lb de proces par ans, 40,000 lb de rentes au prince de Conty
pour les 1 mot écriture du temple, 60,000 lb pour d'autres profit beaucoup de revenus à d'autres
par des droits qu'ils persevoient, là dessus, 3° la supression des
charges sur les port les otent à des gens puissant qui les
possedent sous mains &... de plus les raisonnement captieux
qui parle du bien public tandis que chacun n'est occupé que
du siens particulier ce devoilent, l'ignorance fait une fausse
consience à beaucoup, d'autre dont l'interet ou la vanité sont
blessé ce servent de toutes sortes d'arme pour le vanger, et c'est
au millieux de tout cela, qu'on a dechainé cette fole enragée,
tandis qu'on etablis que notre amy est le seul guide de ce
ministre qu'on presente comme un tiran odieux, on dit quil est
le chef de cette secte abominable qui veut tout renverser
un president hoccard frere d'un fermier general la deferé aux
chambres assembleés, veritallement cela na point eut de suittes
mais le serment et le clabaudages sont un derniers point, et je ne
voit pas de raison pour qu'il s'apaise, quoi que dans ce moment cy
<2r> ce lit de justice ce tienne aversaille pour enregistres les édits
voila où nous en somme, vous me demanderé que fait, et que dit,
notre ami au millieu de cette bagare, rien, il ne ce plaint,
n'y ne ce justifie, il regarde passer tout cela comme si cetoit pour
un autre, il ne croi peut-etre pas assé à la folie et à l'injustice
du moins il voit trop que les effet en sont passager, et que la
vertus, et la verité, reste, pour moi je vous confesse que je nai
pas le courage, et quil me semble toujour que j'entend cet homme
qu'on vouloit pendre injustement, qui disoit avec une indignation
froide, pendé toujours vous vairé après, je suis malheureuse
comme les pierre, je ne puis arretter le travail de ma tete, et
je ne puis agir en aucune maniere; il ne m'ecoute pas quand
je veut lui parler, dans sa famille, les jeunes gens ne songent
qu'à ce divertir, et je me tait parce que je ne veut pas y porter
l'inquietude et l'oposition, le bailly, pend et rouë à sa comodité
parmis nos amis, il ce trouve que tous par quelque coté ils sont
oposé au turgot, comme je craint les contre coup, je garde le
silence, ils le gardent aussy avec moi par egard, pour dans les
assemblees du mardy, je le garde bien mieux encore, car
les imprudents me font grand peur, ce n'est donc que par les
indiferent que je scai ce qui ce passe, et ce n'est pas à eux
à qui je dirai mes pensées, je les renfermes, et elles agissent
douloureusement sur moi. que je serois heureuses si vous etiez
ici, je croi que vous y seriez bien bon à notre pauvre amy
mais vous etes plus heureux où vous etes surtout avec la bonne
compagnie que vous vous proposé d'attirer pres de vous, je vous suplie
de m'entretenir dans le souvenir de ces dames, il me semble que
vous me faite tord de les tirer de Lausanne où ma tete fait
de frequent voyages, elles y ferons un vuide bien essenciel pour moi
<2v> je fus interompuë avant hier et lheure de la poste ce passa
je nai à ajouter à tous cecy mon cher monsieur autre choses si non
que tous ces édits ont eté enregistre malgré toute les opositions
le roy a eté très ferme si il eut dit un mot qui annonca de
l'incertitude tous ce qui composoit le lit de justice tomboit à ses
pied pour l'engager à suspendre, l'aversion contre mr turgot
est generale encore une victoire comme celle cy, il est perdu
le parlement est dans une fureur inexprimable, que m'importeroit
tout cela, au reste, si notre pauvre ami nétoit pas sous le couteau,
tandis que je craint tout du parlement contre lui, je n'espere rien
du ministere, la plate jalousie du turgot de tous les bons principes
qui sont imprimé depuis 20 ans, la gauche aplication qu'il
en fait, sa mal adresse avec tout ce monde, son orgueil froit et
dur, son esprit despotique arbitraire, les mauvais conseils qui l'environne
tout me fait craindre que les effort qu'on fait pour ramener le
bon ordre ne soyent en pure perte, et que nous ne voyons quedans le
corp de l'état ce meme trouble qui arrive dans le corp humain
quand on administre des remedes, mal preparé, tout est party tout
est intrigue, je ne sçai ce que nous vairons arriver, je suis tantée
décrire un journal que je vous adresserois de tems en tems, cela
ceroit beau pour ma paresse, il ne faut pas m'en defier,

voulé vous bien remercier mad de diespach de l'honneur de son
souvenir et l'assurer de ma tendre reconnoissance et de mon
attachement, parlé quel que fois de moi avec mesdames vos soeurs
comme qde quelqu'un qui vous est bien entierement acquis
et à tous les votres

Mr ou Melle 1 mot tache Deon arrive insessamment, elle a fait son traité avec le roy
de couronne à couronne, on lui a payé des dettes, assuré 12 000 lb de
rente, 5000 lb pour son trousseau de femme, permission de porter la
croix de St Louïs, cest beaumarchais qui été le mediateur, nous pourrons
bien voir jour un role à ses honnetes et prudent personnages 

Note

  Public

Marie de Pailly fait un grand usage des majuscules. Les éditeurs ont choisi de ne les conserver que pour les noms propres.

Etendue
intégrale
Citer comme
Martines de Pailly [-Malvieux], Marie de (v. 1730-?), Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 12 mars 1776, Collection privée. Selon la transcription établie par Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: https://lumieres.unil.ch/fiches/trans/587/, version du 02.12.2024.
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