Transcription

Martines de Pailly [-Malvieux], Marie de (v. 1730-?), Lettre à Frédéric de Sacconay, Saint-Marc, 19 mai 1777

au chateau de St marc ce 19 may 1777

il y a bien lontems mon cher monsieur que j'attend le moment
de vous écrire quelque bonnes nouvelles au sujet de notre digne ami
enfin il est arrivé, il gagna hier son procès tout d'une voix sa partie
a été deboutée de toutes demandes, et condannée aux dépends voila
une grande et odieuse affaire finie, dont le succès lui étoit absolument
necessaire, pour sa reputation, pour son repos, pour l'ordre dans ses affaire
et dans sa famille, il lui reste à pourvoir à ce dernier point, c'est
à quoi il travaille vivement, vous voyé par la datte de ma lettre que
je ne suis point a paris, depuis un mois j'habite un tres jolis chateau
à 8 lieue de paris apartenant à la mise de montmort qui est dans
ses grandes terres de bourgogne et qui m'a preté cecy pour la belle saison
ma santé exigoit que je vint changer d'air, et ma pauvre tete avoit
besoins de distraction, il n'y a pas de suplice plus insuportable que celui
d'assister les bras et les jambes liées aux tourment qu'on faitvoit souffrir
à ses amis intimes je me suis 1 mot écriture tenuë à cette distance cy qui ne
m'enpechoit pas detre au courant, et de reçevoir mes amis quand ils
pouvoit séchaper, on me cachoit ce qu'on vouloit, et je ne me fatigoit
point de ce que j'ignerois, je n'attendois le jugement du procès qu'a
la fin de la semaine, et hier en rammenant mme de Sulens qui
etoit venuë passer quelque jour avec moi, il me pris fantaisie daller
passer la soirée à paris, je n'en etoit plus qu'a 2 lieuë quand je
fus arretée par un courrier, qui m'aportoit la bonne nouvelle dont
<1v> j'ai l'honneur de vous faire part, j'en jouïs bien de tout mon coeur jusqu'au
moment que j'arrivai à la porte de votre ami, me fesant faites de les
embrasser tous, quand son Suisse vint à ma portiere me dire mr le mis
n'y est pas, mais mme la mise est etablie la haut, elle est arrivée
elle est arrivé comme une furie avec 5 homme il mont bouré
forcé la porte et son monté, en effet cette pauvre tete au moment
du prononcé de l'arret, sans attendre qu'il fut redigé, est partieavec
2 notaires, un huissier, un drole chassé du parlement de toulouse,
une brodeuse qu'il entretient, et est arrivée avec touts 2 mots biffurece traint la
la qu'elle apelle ses parents, pour sétablir chez son mary, et tacher
de recomencer un autre procès, avant que le soleil fut couché,
heureusement il n'y avoit personne, elle c'est etablie à plaisir, quand
notre ami est venus pour rentrer chez lui, aprenant la bonne
compagnie qui l'attendoit, il a tourné chez la dusse de nivernois
qui lui a donné un apartement, qu'il occupera jusqu'ace que la
maison soit libre, mme dusaillant a eté chercher un asile chez
la mise de laqueulle sa cousine, notre ami a fait donner ordre
chez lui de servir et loger convenablement cette dame, pour eviter
les proces verbaux, en effet les notaires voyant qu'il n'y avoit rien à faire
pour eux, s'en sont allé à minuit, la brodeuse est restée qui a couché
avec la dame dans lapartement où logoit la comtesse, voila où les
choses en etoit ce matin, notre ami est venus déjeuner chez moi ce matin
avec les enfans mis de nivernois, et de la queulle, et puis je m'en suis
revenuë dans mon paisible asile où jespere aprendre dans peu
que tout est rentré dans l'ordre et que chacun cera à sa place

<2r> vous serez instruit par lui quand cet heureux moment cera arrivé,
il a eut jusqua ce moment les plus grand sujet de ce couës de mr
de m... qui selon ses promesses va lui completter son repos
je me suis emparée de ce commendement de succès pour vous en
faire part jespere que c'est un moyen de me faire pardonner par
vous toute mes negligences passée, voulé vous bien mon cher monsieur
m'entretenir dans le souvenir de votre precieuse famille, que je croi
auprès de vous, et qui partagerons surement le plaisir vif que
vous fera mon grifonnage, j'espere que quand jaurai lesprit tout
à fait tranquille, je raprendrai à écrire le trouble de mon ame
ma tenus les nerfs dans une grande agitation qui seroit passé
jusqu'au bout de mes doigt, je ne suis pas encore fort calme, mais
ce trouble machinal na pas eté jusqu'à mon coeur, il n'en est que
plus sensible pour tous ce qui interesse mes amis, c'est vous
dire mon cher monsieur que mes sentiment pour vous sont et seront
toujour inviolable et le plaisir de vous le dire toujours bien
doux pour moi.


Enveloppe

à Monsieur
Monsieur de Saconay Gouverneur
de Payerne en son chateau de
bursinel
par Geneve


Note

  Public

Marie de Pailly fait un grand usage des majuscules. Les éditeurs ont choisi de ne les conserver que pour les noms propres.

Etendue
intégrale
Citer comme
Martines de Pailly [-Malvieux], Marie de (v. 1730-?), Lettre à Frédéric de Sacconay, Saint-Marc, 19 mai 1777, Collection privée. Selon la transcription établie par Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: https://lumieres.unil.ch/fiches/trans/567/, version du 02.12.2024.
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