Transcription

Sacconay, Frédéric de, Brouillons de lettres à Victor de Riqueti, marquis de Mirabeau [fragments], [s.l.], [décembre] [1741]-[1744]

[fragment 1]

Salut, joie est liesse, aux digne fils adopté
du marquis de st george; maitre Petrus; a fort bien
imaginé la, defence quil vous a faitte de raisonner,
sur les mattieres qui importe le plus a lhomme; cest
pour, avoir dignement, executés ses ordres; que tu trouves
que le chemin le, plus court, en; pleine mer, est de
jetter ta boussolle au diable; est de remetre ton
gouvernail a Apolon;; quand on en; est là
lon dit. toutes larithmetique; toutes est fausses
parce, que, 2, est 3, ne font pas 6. frillion est
un babilliard, il ny a rien. car mon amy Baille
me la bien dit; mais il pourois ce tromper; oh?
celas, ne fait rien je ne veux pas me donner, la
peine de pencer; je nay pas le tems de travailler
a ma felicité; il faut que je cherche une rime
sy mon element est la tranquilité je seray
tranquille. Sy cest lagitation, je seray agitez
notre caractere nous suit par tout; lon; oublie
un peut dans cest endroit ce que 3-4 mots biffure
sy la vertu est la seulle route du bonheur
que notre patron, meme nous a, enjoin
de les croire; ce sont de belles, est grandes
idées que celle de la moralle sa, flateroit
bien lamour propre de lhomme quede sentir
<1v> quil peut selever, jusque là, est le matterialiste a regret
dans cest endroit de noser, pas, avouer qune essence
distincte de la mattiere est seulle capable daussi
grand plaisirs; mais brisons, làdessus, je ne say
ce que ie dit, ma misticité memporte; mon maître
a peut etre de lhumeur, il menvoyeras, promener à
la verité il me lira le landy sans, celas je naurois
pas osé etre aussi long sur cest article; non cher
mirabeau, je ne respecteroit jamais; les 1 mot écriture
dun amy tel que; toy tu est né pour, etre eternellement
heureux, tu y travaille; mais tu veux absolument
t'etayer, de, quelquns; aujourdhuy cest, de Baisle
demain de Lebnitz. pence par toy meme, je ten
conjure, prends un principes incontestables, suit les
consequences; de ce principes, aussi loins quil voudront
te conduire est dit aux st george, aux saconay aux
Baisle aux Lebnitz, aux Petrus; aux Calvins
taises, vous, canailles; mellez vous de vos afaires
est ne vous mellez, pas des miennes, vous etes tous
parti du meme p2-3 caractères biffure bal; la vanités vous
mis hors, de la route, je ne suis pas assés sot
pour en pattir.

[fragment 2]

Je reviens enfin au seul sisteme raisonnable mon cher
Mirabeau tu ma fait sentir que sil y a un vrayquil vaut mieux coucher
a la belle ettoille que de coucher dans un pallais dont
la porte pritest trop etroite mais cet abrivant que
tu cherche, la ces vertus morales me deplaisent encore
il vaut atant secouer tout je ne sortirois pas de
ma maison pour m'aller renfermer dans un vilain cachot
qui me genne où je suis entravé de la façon la plus cruelle
je ne puis pas prendre a mon voisin un bien qui me feroit
plaisir je ne saurois lui donner un coup de fusil par
derriere quand il m'aura offencé il faudra que je
m'expose encore a de nouvelles offence et a cette 1 mot écriture
et je pense d'une façon aujourdhuis en consequence
jengage ma parolle pourquoi serai-je obligé de la
tenir c'est trop de presombtion que de croire son jugoir
capable le juste et l'injuste le vrai et le faux tout
est vaine disputte de mots et vanitté et presomption
j'etois bien sot assurrement de croire qu'il y eut un point
fixe sur le quel rien ne put m'ebranler et crainte de retomber
dans la sotte illusion je veux douter de tout en effet il n'est pas
bien sur que j'existe car il ne tiens qu'à moi de le nier.

<1v> Tu m'a enfin ouver les yeux mon cher Mirabeau je quitte ma
maison et vais monter un pivac avec toi mais tu cherche
des abrivents qui ne vallent pas le diable au pieds des vertusau pieds des vertus où le Seggin me perce jusqu'aux moeles
toi qui te connois en presomtion tu devrois bien t'apercevoir
de cette avec la qu'elle tu decide sur le juste et sur l'injuste
sur le vray et sur le faux 1 mot écriture tout come s'il y avait des
principes envariables sur les quels rien ne pouroit tebranler tu te
recrie contre ceux qui sont juges et partie tout come si cela
n'etoit pas plus comode voudrois tu pas encrore que tu m'exposasse
a etre anneanti plutot que de soufrir une pauvre petite
croquignole et qu'acause que j'ay promi quelque chose a quelqu'un
je lui tinsse parolle quoi qui m'en coutat pour cela, et pauvre
raisonneur negatif vous vous aretés sur la porte de la prison
fais come moi cher ami modeste sur mon jugoir je ne merige point
en decisionaire sur le juste et sur l'injuste sans m'enbrouiller la
servelle sur la proprieté des biens je vais saisir tous ceux que
ma force et mon adresse metrons a ma portée et humblemt
casser la tette d'un bon coup de fusil par derriere d'un
à un gros marchand qui porte 100. pistolles qui me font
besoins si mr Remord s'avise de gloser je le traiterois en
erreur populaire et en prejugé adopté par des sots

[fragment 3]

je gemi de ton esclavage cher garçon 1 mot biffure je me connois en
vanitte aussi bien que tu peux te connoitre en presomtion
mais j'espere qu'un jour tu pensera come moi sur les vertus
moralles et qu'ayant reconus leurs faux brillans tu suivra
ton instinct seul guide raisonable il a falu que les
evenements m'ayent dit plusieurs fois que j'etois un sot avant
que jen voulu rien croireje men sois douté que de femmes charmentes jaurois
deja epousé en convoyant leurs cher maris avec une futile
prise de poison et en usant de la même recepte
pour les faire succeder les unes aux autres. 1 mot biffure que
de riches banquier que je pouvois etrangler etant seul
avec eux dans leurs contoir et que jaurois herité ab intestat
que de protections auprès des grans et que de de combien
demploix ne me serai-je pas vû revetus avec deune petite dose dhypocrisie
de fourberies de bassesses et de lachettés oh qui
fait bon nager a sec

[fragment 4] 

tu mas enfin ouverts, les yeux, cher Mirabeau
je quitte donc ma maison decrepïe, et vais
monter, un pivac, avec toy en pleine air
mais tu cherche des abrivents, au pied des vertus
pour moy ie tavoue que le Seggin mi perce
jusquau moelle; toy qui te connois en presomption
tu devroit bien tapercevoir de celle qui sengage
à decider, en temairere sur le juste est sur linjuste
sur le vray est sur le faux 2 caractères écriture tous comme
sil y avoit des principes, invariables sur les
quels rien ne pouroit tebranler; tu te
recrie par exemple; contre ceux qui sont
juge est partie tout comme si celas nestoit
pas plus comode; voudroit-tu pas encore
que ie mexposasent à etre aneanti plustot
que de soufrir; une pauvre petite croqui=
gnolle, est que pour, avoir engagé ma
parolle, je soye obligé de la tenir quoy
quil men couta? Pauvre raisoneur
negatif vous croyez avoir detruit
toute presomption; mais elle renait
de ses cendres. Pour moy modeste sur,
mon jugeoir ie ne decide point sur le
juste est sur linjuste; sans menbrouillier
la cervelle sur la proprietté des biens
je vay saisir tous ceux que ma force
est mon adresse, metronts, à ma portée,
casser humblement la tette aux premier
Cresus; que ie rencontreray est autres
<1v> gentillesses, semblables, ie suivray mon instinc
sans écouter les prejugé de lenfances,
epouvantail des sots, hipocrisie, lachetté,
fourberie, cruautés, bacesse, flatterie, ce
sont là les moyens, dont ie pretend me servir
pour mouvrir la route du bonheur, nous
voila aux moulin; rion, apresents de
nos reve creux; qui ce cassent la tette
pour remonter à une premiere causes
sur ce, disent-il? quil nya point
deffets, sans causes, est de ceux qui nen
suposent, aux cunes, premiere causes
vienent nous donner des principes
principes, de justices, est de verités qui
genent nos, desirs est qui ne sont dans
le fond que des consequences dun
principes, quils ont detruits eux memes

[fragment 5]

Pardoné cher cher ami garcon à ton ami qui te voyant embarquerà ami à mon zelle mistique de t'avertir que
à Marsseille pour aller à paris t'averti que tu ne prens pas le chemin lela ligne la plus courte pour arriver dun point à un autre est la ligne droitte
plus court qui est cepandant celui que tu cherche dis-tu. le sensla tranquillité que j'ay aquise en me decidant sur les vray motifs des vertus moralles
tu passe à Constantinople de Mirabeau pour arriver à Paris param'ont tellement satisfait quil ne manque à ma felicitté que de voir prendre
la même routte à un autre moimême je ne sais memeencore si ce terme exprime
dis mon sentiment car il me semble que jaime mieux le moimême de
Mirabeau que le moi même de Suisse tu veux mechaper cher ami et
tu le feras sans doute en mimposant sillence sur les matieres que jay entamée
avec toy, consequent malgré que tu en depit de toi même un quart dheure
de meditation par jour te ferai decouvrir la seule source du bonheur la
vray verité, je m'en remisraporte donc à toi cher ami persuadé que toutes les
connoisance à la porté de lhomme sont chez lui quoi quil semble
quelles lui ayent été comuniquées par dautres homes et que lapel
pars les agremens choses accessoires aux bonheur tu le cherchera
uniquement dans la source qui est la vérité au reste fait moi
la juste de croire cher ami que jenvisage du même oeil que toi
lextraction de Longueville Bathard d'Arleau et de Rothelin
Bathard de Longueville je t'ay dis souvent le cas que je faisois des
authorites sur ses matieres là lamour du vray fait lessence de lhomele vray est simple aussi simple que la nature
ceux qui en ont le plus aprochez sont ceux qui nont consulte que lde nôtre ame la raison sufit pour nous y conduire et le vray seul peut
Raison cest elle seulenous rendre heureux vont toute ma philosophie qui j'espere te parviendra
le lundi car si cetaite samedi, frillon seroit un babillard et ne sauroit
ce qu'il dit

[fragment 6]

Lun, se chatoullie pour, croire, lautre pour, ne
croire pas; rien de plus, vray cher, mirabeau
ni de mieux; pencé cette reflection, ma jeté dans
un travail qui ma plus aidé à distinguer, le vray
que tous, ce que jay lu est tous, ce que jai medité
en ma vie; puisque tu na cette verité avoué moy
cher, amy que tu te trompois, lorsque tu croyes
croire quil y eut, des effets, sans causes, est que
pour les consequences, qui decoulent, de cette verité
est que tu ne crois pas, cest, pour les, avoir admises
autrefois sans examen, est en avoir oublié
aujourdhuy la suitte; s'en, toy meme que cest me
presenter les yeux dautruits, que citer le traité
des cometes
des bailles sy nous admetions, de telles
authorité; je, te citeray le cler, de Bernard; qui
ont combatu, le traite des, cometes de baille, est
nous naurions jamais fini; je supose cher amy
que le seul motif de vivre heureux dans cette vie
sufise; pour te porter, à la vertu est que ceux,
qui ce, disent; chretiens, est qui par consequent
auroit un, motif bien plus considerables; pour les
rendres vertueux, vivent, dans toutes sortes de vices
qui quen conclueras tu cher frere? Que
tu admets, les, consequences, dune verité dont tu
nie le principe quoy que le principe qui est
lidees dune vie avenir soy lidees la plus consolante
est la plus satisfaisante que nous puissions avoir
est quelle joye meme comforme à linstinc de lhomme
quil luy promets toujours des plaisirs superieurs à
ceux dont il jouis; instinct qui sest fait sentir
de tous tems, ah? cher ami que Socratte auroit
fait de chemin sil avoit eu les secours que nous
<1v> avons toy est moy pour decouvrir cette grande verité que
lame est une essences, spirituelles, qui subsisteras
depouillies dune, vilaine croutes qui offusque
ses facultées, venons, aux consequences que tu poura
tirer; de ce que ces gens qui ce disent, chretiens, vivent
dans le vice, tu conclura qui ne sont pas, ce qui ce disent
qui ce chatouillie pour croire; car etre chretiens, nest
pas dire ie crois cest agir comformement, aux principes
de notre etre; sy nous ne somme entrainé
invinsciblement à agir consequenment, à tel, ou
tel principe; il est faux que nous admetions ce
principe; nous croyons de croire est nous ne
croyons point. Cher amy cher frere lit
levangille, tu vera; que tu crois plus que tu
ne pence; que ceux qui cherchent à faire
le bien est à fuir le mal, sont seul chretiens
est que ceux qui ne sont retenu que par la
ste Harmandat, sont les mecreant pese
tous cecy cher amy je ten suplie en sois
assuré que sy jai cru le fond de ton ame tu
nest pas pour celas, dans aucuns, danger; est tu
serois peut etre bien surpris sy je te disois tous
ce que ji ay vu tu nest pas si diable que
tu est noir, cher amy m'ais je ten prie une
foy pour toute desabuse toy de lidée où tu
est; que ie veuillie voler ta conversion, à mme ta mere
ce pais seroit quasy casi aussi noir que sy javois
employé mon sejour chex toy à metre à mal les femme
tu say que limmortalité de de lame lIdée dun Dieu
createur, donc providence donc raison dune revelation
qui ensemble ns enseignent nos devoirs envers ce Dieu
la societte est nous meme fait toutes ma Religion
je ne tay jamais conceillé de croire je tay conceillé
declaircir dexaminer; ce que tu crois est de ne pas te
<2r> fourer dans la cervelle, que tu crois vu que tu ne
crois pas, sur le sentiment dautruis souviens toy
que la vertu est la veritable marque de la foy
en fait de religion; est que les exemples que tu
citte de pretendu cretiens, chretiens, qui ne sont
ni vray ni juste, ne prouve non plus, contre les
religions chretienes, que grand vol auquel ci
donneray cent coups de battons, dans le tems quil
joueroït un empereur romain ne prouveroit que
jeu osé le faire à cest empereur meme

Note

  Public

L'usage des majuscules étant aléatoire, nous avons modernisé. La ponctuation et l'orthographe très fautives nous ont contraint de faire quelques adaptations éditoriales supplémentaires.

Etendue
intégrale
Citer comme
Sacconay, Frédéric de, Brouillons de lettres à Victor de Riqueti, marquis de Mirabeau [fragments], [s.l.], [décembre] [1741]-[1744], Collection privée. Selon la transcription établie par Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: https://lumieres.unil.ch/fiches/trans/500/, version du 08.01.2025.
Remarque: nous vous recommandons pour l'impression d'utiliser le navigateur Safari.