Transcription

Mirabeau, Victor de Riqueti, marquis de, Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 21 mars 1738

de paris ce 21e mars 1738

jay reçu mon cher saconay, il y a deux ou trois
jours votre lettre du 8 mars, jen ay m'a ton dit
une autre de vous qui m'a été chercher a versailles
mais un mal aux dents affreux m'a empéché d'y
retourner et de vous répondre plutost, et a ce propos
je veux te faire voir combien je suis peu fait aux
contretemps et combien ils se jouent de moy, jarrive
de versailles et japrends qu'un de mes amis qui y alloit
le mème jour, my portoit une de vos lettres, lenvie me
prend de la voir, jenvoye des le matin un homme
auquel je donne trente sols pour l'aller chercher
cet homme le trouve sorty et comme son marché etoit
pour, la journée il revient, jarrive chex moy la gueule
enfarinée contant trouver ma lettre, point, je dis alors
a mon valet de chambre, partés en poste et allés la moy
chercher, il va ne trouve point son homme qui rentra
fort tard il conte le trouver le lendemain de bonne
heure mais point il est party pour revenir icy, mon
valet de chambre revient donc, portant seulement
<1v> le conte de quatre postes royalles, jenvoye chex mon homme
pour avoir enfin la lettre, mais il l'avoit laissée
a versailles chex moy ou l'on luy avoit dit que je
devois retourner au plutost

frappé alors par un rayon de la divine providence
jadmiray 1 mot biffure la profondeur de ses conseils, de et
je me soumis; mais ne trouves tu pas mon avanture
plaisante

conseille de ma part a l'aimable b. de t'epouser dis
luy que je te connois mieux que personne et qu'elle
ne peut faire mieux, Melle lochar m'en parla encore
l'autre jour, tu mérites d'etre heureux et tu le seras
mais, reveille un peu ton inaction naturelle, pour
la déterminer, si elle dure encore trois mois je parts
pour 2 mots biffure te la soufler

vous parlès mon cher de cette cour, comme un homme
de bon sens qui en est eloigné, mais contès sur ce que
je vous dis, le cardinal mort le roy travaillera
comm'il fait deja avec les ministres et personne, ne
le remplacera dailleurs vous n'entrès pas dans mon principe
je voudrois avoir fait quelqu'usage de mes talents pendant
le cours de ma vie, enfin avoir eté un homme, mais
ramper et languir dans les intrigues d'une cour, pour
parvenir enfin a quelques dignitès, qui vous sans
<2r> vous élever vous asservissent encore davantage, nonjusqu'à la fin de la ligne dommage
dieu ma affligé d'un peu trop d'ame pour cel3 caractères dommage que
ne nous trouvons nous l'un et lautre sur ce par3 caractères dommageuet
enfoncès comme je le suis de le dètail de ce qu'on apelle
cour, et a portèe de nous communiquer nos reflexions
si vous avès des mémoires surs et bons a me donner
sur la cour de naples vous me feres plaisir de me les
fournir, mon projet de la lampèdouse prend une
bonne forme, mais je dis bonne par merveille, je njusqu'à la fin de la ligne dommage
que cette la cour de naple ou jay peur que la négotiation
ne soit difficile, et quoyque l'on y travaille actuellement
je ne serois pas fache dy voir un peu clair, mais je
m'atends a etre obligé de vous parler de cela en
rèponce a votre lettre tant courue qui m'attend a
versailles

adieu cher frèdéric assurès de mes respects tout ce
qui vous apartient et soyès sur que mon amitié
pour vous n'a pas de bornes

Etendue
intégrale
Citer comme
Mirabeau, Victor de Riqueti, marquis de, Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 21 mars 1738, Collection privée. Selon la transcription établie par Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: https://lumieres.unil.ch/fiches/trans/45/, version du 27.05.2013.
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