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Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 24 août 1775
de paris le 24e aoust 1775
mon cher amy j'etois accoutumé a conter sur vous et sur
votre imperturbable santé, et l'on ne se cherche pas des inquietudes
quand on en trouve assés sur son chemin; mais votre derniere
qui m'aprit qu'un interstice de silence avoit été causé par une
espèce de maladie, m'a ouvert lentendement et le soucy de ce
coté;. comme je vous répondis une assés longue lettre et inté=
ressante lettre votre silence depuis, me fatigue depuis plusi=
eurs courriers, mal a propos a ce que j'espère; mais enfin
je cède a mon inquiétude et je vous demande de vos nouvelles
a vous, ou aux votres si vous etes incommodé.
quand a mes affaires, elles sont toujours a leur courant; j'es=
père que les vacances des tribunaux qui commencent au 7e
7bre me donneront le temps d'aller prendre l'air de la cam=
pagne, et j'en ay grand besoin, car je ne respire icy que des
égouts quand je cours le matin et de la poussiere l'aprèsmidy
et je soupire après mon bignon que j'avois tant fait préparer
pour mon été; ainsy l'homme propose et dieu dispose; mais
j'espère qu'il vous aura laissé en santé, j'offre mes Respects a
vos dames et vous embrasse de tout mon coeur
Mirabeau
a monsieur
Monsieur de Saconai en son
chateau de Bursinel près Rolle
en Suisse
Par Pontarlier
