,
Lettre à Frédéric de Sacconay, Mirabeau, 22 novembre 1736
de mirabeau ce 22e 9bre 1736
me voicy mon cher saconay dans le méme paÿs dont
je vous ecrivis il y a trois ans, jy suis seul pour
voir un peu les terres, que les impots et les mauvaises
recoltes rendent bien infructueuses dans ce paÿs cy
nous ne sommes pas absolument eloignés mon cher
car le régiment ne doit pas sortir de la franche comté
de si tost a moins que la guerre ne recommance
l'on n'en parle assés, il y a des ordres dans toute
la coste aux commissaire des classes de prendre
garde que les matelots ne s'ecartent, et lon dit
fort la guerre contre les puissances maritimes
mais est ce a mon frederic que jécris avec mes
nouvelles publiques
chacun a son talent mon cher, en fait de lecture
d'histoire tu parcours peu tu retiens encor moins
mais tu fais un profit solide de ce que tu retiens
<1v> moy au contraire je parcours beaucoup, je retiens
de meme, mais peu capable de réflexion, depuis
que je t'ay perdu je ne tire de profit de mes
lectures que celuy de faire briller ma mémoire
souvent aux dépentds de mon jugement
rien nest plus sensé et ne fait plus dhonneur
a notre amitié reciproque que ce que vous me dites
sur le dérangement, vous ne my avés jamais vu
enclin si quelques circonstances inevitables ou
malheureuses ne my jettent, jaurois bien des choses
a vous dire la dessus mais jattends de vous voir pour
cela adieu mon cher faites agréer mes respects
a vos dames, et contes que je vous aime plus que
moy méme, cest beaucoup pour un provençal