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Lettre à Frédéric de Sacconay, Besançon, 03 septembre 1736
de besançon ce 3e 7bre 1736
jay bien tardé a vous répondre mon tres cher
frederic mais jay eté demy malade demy amoureux
en un mot jay beaucoup de tort
jesperois sur votre derniere lettre vous voir
arriver touts les jours, mais je vois que la
paresse vous tient cepandant pour un mathématicien
cest une place a voir que besançon
nous passerons lhiver icy, mon pere ne m'a pas
tout a fait acordé de laller passer chex luy
syl me le refuse je suis ruiné, mais en ce cas je
pourrois vous aller voir
je suis charmé que vous vous attachiés a l'etude,
fussiés vous a venise lon ne scauroit mieux faire
que de vous employer dans les affaires de la
republique ainsi je ne pense pas que lon y manque
<1v> chex vous, mais quand cela seroit, letude vous
mettra a méme de vous passer de tout
jhonore infiniment Melles de saconay et de quelque
façon quelles veuillent penser a moy elle me font
toujours beaucoup d'honneur
que jaurois besoin de vous a présent mon cher pour
me fixer, cest le temps de crise et cepandant je ne
me trouve de constance que pour la dissipation
d'ailleurs avec du gout pour l'aplication, tout me
fait changer d'objet, la facilité de m'exprimer
sur chaque chose dont je ne scais que la superficie
m'attire des louanges qui m'entrainent dans chaque
genre, que l'on parle politique, me voila pret a lire
l'histoire les gazettes, a fréquenter les ambassadeurs
que l'on fasse mention de quelqu'un appliqué a la
3 caractères biffure theorie de notre métier, je fais resolution d'ache=
ter folard quincy feuquieres, et de my appliquer
<2r> persuadé qu'on ne scauroit reussir qu'en s'adonnant
a quelqu'objet unique cela dure jusques a ce que
l'on me parle poésie, je veus alors faire une amas
de poétes, le temps se passe en indécisions lesprit
s'apesantit et lon est bon a peu de chose ou pour
mieux dire a rien
adieu mon cher tu vois par la façon dont je trouve
mon ame que mon amitié ne reçoit point de déchet
quil en soit de meme de toy
mirabeau
mes respects et compliments a qui il appartient