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Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 15 août 1767
de paris le 15e aoust 1767
mais vrayment Monsieur le gouverneur je pense que votre
dignité conte tenir ferme dans sont isle barattaria , et que
tandis qu'une femme qui mériteroit qu'on fit le chemin a pied
pour la voir, ou du moins qui est tenue pour telle icy, n'a qu'un
cry après vous, vous attendrès qu'elle vienne vous baiser la
pantoufle. c'eut été son pr soin en suposant qu'elle eut suivy
son desir et non son plan de paroitre dévouer totalement son
séjour aux volontès et arrangements de sa famille. je ne trouve
pas ce plan tout a fait raisonable attendu qu'il me semble
que le bon sens doit toujours guider la barque, barbu soit-il
ou non; mais mes avis ny ceux de tel autre que ce puisse étre
ne font pas grand chose contre les partis pris de cette tète lâ et
dieu a bien fait de la faire droite car la faire changer n'est pas
chose aisée. elle demande et fait demander le voyage a payerne
elle en doute a cause de quelque vielle dent pour une lettre
non répondue, elle me déffend de vous dire cela ainsy point
de tracasserie, mais si de maniere ou d'autre vous ne la voyès
je croiray que vous ne m'aimès pas et que vous ne scavès pas
vous aimer vous mème. adieu, elle avoit bien voulu se
charger d'une lettre et d'un livre pour vous, je ne scay plus
ce que cela est devenu, mais je déplore votre décrépitude
et votre gravité. toutefois je vous embrasse mon cher saconay
mais si je ne vous convertis cest tant pis pour vous.
A Monsieur
Monsieur de Saconai
gouverneur de Payerne
a Payerne en Suisse