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Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 20 juin 1767
de paris le 20 juin 1767
je vous rends mille graces mon cher saconay ainsy qu'a Mr
votre gendre de votre exactitude et bonne volonté. je joins icy
le modèle du pouvoir que les dits héritiers peuvent et doivent
je crois pour leur intèrest mème envoyer a Mr de juigné ou a
leur homme de confiance pour constituer procureur. j'attends
encor de votre amitié que vous voudrès bien hater cet envoy
et m'en donner avis.
ouy mon cher amy nous nous verrons je l'espère avant de radoter
et si les organes exercès sont ceux qui s'usent le moins comme
l'expérience le démontre, certes ma tète doit en quelque sorte
s'user la derniere. mais attendès s'il vous plait que mon rôle
de la mouche du coche quand a l'institution et promulgation
de la science oéconomique me donne quelque relache. je suis pour
le présent la cheville ouvriere de cette besogne; mais elle va d'un
train a me procurer bientost bien des secours. elle gagne du midy
au nord, et les tètes les plus actives, en place, et grands propriétaires
&c et nos éphémèrides ont actuellement onze cent souscripteurs
chose sans exemple dans touts les temps et a plus forte raison en
un ou l'on est innondé de journaux; les bons ouvrages sortent aussy
et les opérations des gouvernements suivront. en un mot je n'ay
jamais douté d'etre pour le siècle futur le trompette d'une révolution
absolue, mais je commence a croire que j'en verray beaucoup de
matériaux. en attendant je ne pourray que desirer bon voyage
<1v> a votre excellente compatriote; cest une femme qui scait tout
par l'intelligence et rien par la mémoire et toujours avec l'air
et la prétention de ne scavoir rien. adieu mon cher amy je
vous embrasse de tout mon coeur Mirabeau
A Monsieur
Monsieur de Saconai gouverneur
de Payerne
a Payerne en Suisse
