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Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 08 mai 1763
de paris le 8 may 1763
j'ay reçu presquen mème temps Mon cher saconay vos deux
lettres du 23 avril et du 1er may; je prends la plus sensible part
a votre joye du gain de votre affaire; je vois que les procès sont
chauds dans votre paÿs, ou c'est votre ame qui est fort sensible; dans
ce dernier cas j'en serois faché persuadé que je suis par l'age et
la réflexion qu'on est heureux icy bas seulement en proportion de
ce que la paix de notre ame est indépandante des événements.
en un mot voicy une bonne année et je m'en réjouis de tout mon
coeur.
vous pouvès dire a votre amy que quand un nouvel établissement
est notoire a berne il n'existe déja plus a paris. il n'est en effet
plus question de lécole des chevau légers. nous avons dailleurs
bien changé depuis que vous nous avès vu, il y a deux espèces
d'académies a paris, mais elles expirent. au reste je suis peu
au fait car c'est précisément l'age ou je feray sortir mes enfants
de paris. je vous prie de votre part de me dire dans quelle région
a été élevé Mr haukspourker; peutètre vous parlay je lâ d'un
de vos antagonistes, car avec vous autres républicains on ne
scait sur quelle herbe l'on marche, vray est il que je l'ay ouy
citer par des gens de touts paÿs pour la première tète de
l'europe. s'il a des enfants et qu'il veuille les faire élever icy
j'en déchanteray. adieu mon cher amy, je vous aime et embrasse
de tout mon coeur.
a monsieur
Monsieur de Saconai
a Berne en Suisse