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Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 09 janvier 1761
de paris le 9e janvier 1761
je suis toujours bien sensible mon cher amy
au plaisir de recevoir de vos nouvelles et aux
marques de votre souvenir. que dieu vous donne
la tete libre cest le meilleur souhait de touts;
qu'il vous délivre de procès ou pour mieux dire
de tracas, car je vois qu'il en entre beaucoup
dans touts vos procès. les ennemis et les oposants
sont une graine comme tout autre qui se seme et se
cultive par l'attention et le souvenir, et qui dépèrit
par le délaissement et l'oubly; il y a a la vérité une
autre voye qui est l'envie celle lâ 1 mot biffure s'attache
a nos prétentions comme les mittes a la laine, il
vaut encor mieux les abandonner que de couver
cette vermine. quand a moy je trouve que la somme
de touts biens et leur comble est le repos d'esprit; et
toute l'activité qui nous est prescrite au moral par
les devoirs, au phisique par la santé, n'est que pour
servir de contre garde a ce bien central. il y a
trente ans mon cher amy que vous étiès mon
philosophe, faut il qu'aujourd'huy je sois dle votre
et comparès je vous prie a vol d'oiseau nos positions
nos patries, nos familles en genre en nombre en cas.
adieu mon très cher, mes respects a Madame, et con=
tès sur votre amy Mirabeau
a monsieur
Monsieur de Sacconai
a Berne en Suisse