Transcription

de paris le 16 avril 1757

il y a mille ans mon cher saconay que je n'ay eu
de vos nouvelles; il est vray que j'ay depuis longtemps
une de vos lettres sur mon bureau, mais cette lettre
en croisa une autre que je vous écrivois et a laquelle
je crus que vous répondriès.

vous me donniès dailleurs une commission que
j'ay été longtemps a faire; il s'agissoit de scavoir
si l'on recevroit dans nos écoles de génie et d'artille=
rie des jeunes gens de vos cantons. vous scavès
ou ignorès peutètre que je ne vais point a versailles
il m'a fallu donc faire cette question par ricochet,
et les ricochets ont eu depuis quelque temps bien
des distractions dans ce paÿs cy. enfin j'ay eu ma
réponce qui ne m'a pas paru pressante a vous
dire; a scavoir qu'on accepta jadis un M^r miller
ou truller, ou ... le nom m'a échapé, précisèment
de votre canton, qui n'ayant point eu d'employ
en france, se trouva sur notre chemin dans le service
de la reine de hongrie, et qu'en tout on s'est fait
une règle de ne point recevoir d'étrangers dans ces
écoles. somme toute aujourd'huy miséricorde
se perd, et je veux scavoir des nouvelles de votre
<1v> santé, et vous dire que vous avès et aurès toujours
en moy, le plus tendre et le plus fidèle, comme le plus
ancien de vos amis. adieu mon très cher, offrès je
vous prie mes respects a Madame.

A Monsieur
Monsieur De Sacconnai
a Berne en Suisse