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Lettre à Frédéric de Sacconay, Ounans, 24 juin 1732
d'ounan ce 24 juin 1732
je me reproche d’eja mon cher amy d’avoir passé un jour sans vous
tecrire mais je vous diray que l’on est furieusement embarassé
et occupe quand l’on arrive a un regiment ou il faut prendre
le detail d’une compagnie l’on ne laisse pas de l’etre aussi
quand on marche avec luy et surtout en arrivant jusqu'à la fin de la ligne biffure
au regiment de paris ou le monde que je quitterois pour m’aller
enfermer jne diroit pas que je vais ecrire au meilleur
de mes amis je ne vous feray point de vers daujourdhuy
car jay usé toute ma veine a une l’etre que je vien decrire
a la personne avec laquelle vous scavès que nous sommes je suis
en pareil commerce la voicy
je vous avois prie de mécrire a belford ma chere demoiselle
mais cela a changé et je m’en vais a strasbourg je ne crois pas
que vous vouliés manquer a me faire reponse si vous n’avès
envie de vous faire des affaires qui seroient d’autant plus
mauvaises que l’on dit que plus l’on a aimé les gens plus
l’on les hait quand cela change en ce cas la rien au dessus
de l’antipathye que jaurois pour vous, car
quand je recois de vos lettres
je goute un plaisir charmant
d’ou ce plaisir peut il naitre
c’est que je suis votre amant
mais a propos permettès moy de vous demanderr quel est
l’interest qui porte mr votre cousin a vous rendre mes letres
vous recevés touts les jours
par un cousin letres d’amour
philis ce n’est pas son office
<1v> je ne scaurois trop remarquer
qu’il se sert de cet artifice
pour mieux vous plaire et vous charmer
quoyqu’il en soit je vous aime bien je nay pas attendu d’etre
sorty de paris pour vous le dire temoigner comme d’autres
sans reproche a qui je pourrois dire
charmante iris vous m’avés oublié
lorsque vous etiès a la ville
vous me rendés votre amitié
lorsque vous etes inutile
vous m’aimés mal iris on doit se souvenir
des gens qu’a nos liens amour sceut asservir
et cest bien mériter le surnom dune ingrate
que d’oublier un amant eloigné
parce que le présent vous flatte
cependant iris revenés
ouy je suis bon prince et vous obtiendres pardon mais n’en par=
lons plus je vous envoy un bracelet cest ma devise
la constance fait ma loy
mais avec raison j’apprehande
q'yris en depit de moy
ne reponde a cette demande
d’inconstance je suis la loy
mais
iris plus je pense a vous
plus de tout mon cœur je vous aime
je finis car pour le coup
je un mot biffure suis tout hors de moy meme
le che &c
<2r> dites mandés moy votre sentiment sur cet impromptu il ne peut pas
manquer d’etre mauvais car tout ce qui la produit etoit bien
harassé adieu mon cher je n’en puis plus
le cher de mirabeau