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Lettre à Frédéric de Sacconay, Héry, 17 juin 1732
d'eri ce 17e juin 1732
vous pouves commencer a crier mon cher mais non pas si
fort que vous ne vous egosilliès car il s’en faut de beaucoup
que je commence songe a vous faire quartier ce n’est pas la coutume
de laisser si tost en repos les gens que l’on aime mais serieusement
mandés moy franchement si je vous ecris trop souvent voila bien un amy
èchent soigneux d’obliger a l’imprevue mr se trouveroit le 22 a
besançon mais je ne l’atends pas vous deves mavoir grande
obligation car en honneur je suis rossé comme un cheval
de poste et cependant si je ne fais pas cette letre aussi
longue que les autres c’est que je ne scauray que vous dire
je me derange furieusement je n’ay plus le loisir de penser
et jay bien peur que je ne me comporte pas aussi sagement
en arrivant que je l’aurois fait si l’on m’eut transporté
sans voyage le sexe me fait plus d’impression que jamais
et je commence il est vray a devenir plus digne de luy
j’engraisse je suis tout gentil, quelle folie vous croirés
que les louanges de mes gens du coche m’ont fait tourner
la tete je n’en scais rien voicy les derniers vers que je
feray je crois car je ne pense qu’a cela 3 caractères biffure cela qui me
detourne et au beut
la montagne en travail enfante une souris
un allemand vantoit sa langue
jusqu'à dire qu’en paradis
jadis on s’en etoit servit
un italien repondit
<1v> il se peut qu’elle servit
pour faire la triste harangue
qui ce beau lieu nous interdit
cela se peut dit l’autre encore
mais de bonne part je scais bien
qu’eve cette sotte pecore
fut seduite en italien
au diable les vers adieu mon cher
si je vous ecrivois mon cher
toujours en vers il me faudroit
rimer
et comme les rimes me penent
une ligne biffure ce que je puis faire en ce jour
quand mes camarades m’emmenent
cest de vous dire adieu bonjour
une ligne biffure
un mot biffure frequentès courserier et mandès moy si je me
suis trompè dans le jugement que jay fait de luy
le cher de mirabeau
