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Lettre à Frédéric de Sacconay, Melun, 13 juin 1732
de melun 13 juin 1732
me voicy au bout d’une journée mon cher amy cahoté tant
qu’il se peut et si je n’avois peur de vous faire de la peines
je dirois aflige je mais je vous ay promis de ne vous ecrire
sur un ton triste que quand je vous conteray les chagrins qui
me viendront d’un certain coté ou ils sont frequants ou je dois
les reverer et ou je les merite peu je my attents pourtant.
maintenant de pour plusieurs cotés causes que vous pouvés a peu près
deviner provins monnoye en voila bien assés car jay peur
que ce ne soit du galymathias pour vous enfin je vous
conteray tout en son temps je suis dans le coche avec un
ale deus anglois et deus bourgois touts bonnes gens mais
vous auriés pitié de voir ce pauvre garçon qui se promettoit
hyer de tenir le dé ne repondre que comme le die niais dans
le grondeur ho ho ah ah ouy diable peste non et le reste
et quelque fois rompre la conversation par un fragment
d’opera que que les cahotements rendent par leur secousses
le plus joly du monde mais croiriès tu vous une chose que je
quitte paris avec autant de regret que je quittois jadis
monpellier oy oy ouy vous le croirès facilement et peut
etre ne men aurès vous point d’obligation parce que vous
n’avés jamais eté amoureus mais a propost la fille de
l’arsenal dont je vous parlois hyer me revient toujours
a lesprit mais d’une façon que je ne scay comment appeller
<1v> car l’on ne prend pas de l’amour comme cela je seray le 25
a belfort faites en sorte que je vous y trouve vous scavés
comment, je voudrais pouvoir vous donner audience plutost
mais cela ne se peut un second a propos jay laissé a paris
dans la chambre de mon laquais ma selle de poste des botes
fortes et dans ma chambre la mienne mon toit ce beau toit qui est
de toutes ces choses celle que je regrète le plus pour celuy la
je vous en fais un lecg pour le reste horsmis que vous ne
vous en retourniés en poste vous ne scauriés qu’en faire.
si cela est il est avous autrement faites m’en de l’argent
et envoyés moy de cela le livre de la queriniene et celuy
des regles de la poesie francoise mandés la par quelque
voiture jusqua besançon en me l’adressant a belfort
touts les jours quelqu’un va de l’une a l’autre de ces villes
adieu bonsoir mon cher dieu te conserve fais mes excuses a toute
la famille regnante a l’hotel de duga hoirs males sentend
mille embrassades a smyth embrasse beaupré et st tropès
jayme les cœurs, parabert lointel courserier l’ostende
et autres que je pourrois oublier netends pas trop les
pouvoirs je m’en fie a ta prudence la dessus vaus mieus en faire trop
que trop peu
le chevr de mirabeau
