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Ma retraite: épître à M. le marquis de Saint-Georges, [s.l.], [s.d.]
Ma retraite èpitre a Mr le Marquis de st george
ode nos prèjugès invincible ennemy
dans le sein des vertus philosophe affermy
vers la saine raison et mon guide et mon maitre
a tes sages avis je dois un nouvel etre
par toy la vèrité dans mon coeur eut accès
je prètends dans ces vers t'en peindre les progrès
je scay que rejettant tout langage frivole
la rime, du public la ridicule idole
ne scauroit téblouir par ses fausses lueurs
si la raison partout ny brille avec les fleurs
mais si tu nous apris a blamer et combattre
touts ces riens cadensés que la france idolatre
fruits 2 mots biffure morts et dèssèchès aussitost que naissans
d'un esprit ènervé mèchaniques prèsents
tu scais aussy tu scais accorder t'on estime
au poète élevè que le vray seul anime
du vice trop vanté censeur victorieux
organe des vertus interprète des dieux
amy cest la raison qui me guide au parnasse
sa voix aide mes sons et le talent my place
vainqueur des préjugès et plus maitre de moy
aux yeux de l'univers je vais braver leur loy
le destin en naissant me ceignit d'une èpèe
a forger ses malheurs ma patrie occupèe
veut honorer d'un fer ses premiers cytoyens
ennemis de l'etat plutost que ses soutiens
des ordres diffèrents cette juste harmonie
qui soulage et maintient la république unie
ces mutuels ègards de ces lieux sont bannis
l'amitie le respect y font place au mépris
le militaire oisif, ignorant, et novice
traite de vil l'employ de rendre la justice
<1v> fier de son sang vendu, fier du droit d'obeir
il mèprise sans feinte un travail qu'il veut fuir
téméraire ignoré, presomptueux pigmèe,
et dans sa vanité sur son front imprimèe
ce magistrat chétif au maintien rebutant
qui se croit toutefois un oracle important
jugeant de sa grandeur sur la triste bassesse
du client malheureux, et que le besoin presse
se croit seul icy bas, et des plus grands guerriers
méprise impunèment la gloire et les lauriers
aveuglement fatal qui forme notre chaine,
mais laissons leurs erreurs, mes yeux ouverts a peine
se formèrent a voir sans en étre troublés
de l'auteur de mes jours les membres mutilès
ces fruits les plus certains d'une belle chimère
de ses travaux guerriers restoient seuls a mon père
trop heureux de trouver un azile assuré
par ses propres vertus seulement rèvèré
mais loin qu'en ses malheurs son coeur se dèsavoue
au dieu qui la perdu luy mème il nous dévoue
l'amour propre parloit, éceuil des malheureux
mais qui fait des héros des hommes vertueux,
jappris donc en naissant a connoitre la gloire
dans le plus grand peril, la chercher, et la croire
sans cesse le braver sans cesse y revenir
étre content enfin de soy mème ou pèrir
mais il ne m'apprit point a fausser ma promesse
a scavoir mettre en oeuvre une utile souplesse
a souffrir des froideurs trahyr la vèrité
luy mème n'a jamais ny menty ny flatté
il m'ouvroit s'éloignant de la route commune
le chemin des vertus et non de la fortune
<2r> par son exemple instruit, de ses cris pènétré
dans mon troisième lustre apein encore entré
du champ de mars luy mème il m'ouvrit la barrière
il me suivit de loeil jentray dans la carrière
de nos fiers vètérans je trouvay les débris
un vray zèle animoit encor quelques esprits
il men souvient depuis tout a changé de face
de ces guerriers lassès d'autres ont pris la place
plus promps a la briguer qu'a remplir ses leurs devoirs
vils et présompteux soigneux de leurs miroirs
frondant de leur etat le maintien et l'usage
en de tout autres mains on remit mon jeune age
sur les moindres détails il me fallut cèder
et dans l'obeissance aprendre a commander
javançay, mais bientost le demon de la guerre
aux deux bouts de leurope alluma son tonnerre
le françois se reveille et paroit enchanté
janus r'ouvre son temple et fuit épouvanté
mars vient fouler nos champs, une ardente jeunesse
autour de ses drapeaux court en foule et s'empresse
mais quel indigne choix donna part aux honneurs
noms connus par nos maux, faux nobles, bas flateurs
enfants tristes et sots dont l'èquivoque père
de tel qui le vit fuir a volé le salaire
gens de la cour dit on, eh quont ils plus que moy
un vain titre mon sang ne dèpend point duroy
luy seul fait la grandeur, non des chimères vaines
mon coeur scait ses devoirs mes droits sont dans mes veines
mais jéloignay toujours les sentiments jaloux
jétois trop jeune encor pour montrer des dègouts
dailleurs quoyque sortant de sa premiere enfance
celuy qui sur mes voeux obtint la préference
sort d'un sang en tout temps pour son prince versé
le devoir de ce sang dans çon coeur est tracé
<2v> et sans chercher enfin d'imaginaire lustre
il doit tout a l'éclat d'une naissance illustre
je servis sous barvik et ses froids successeurs
sans crainte me livrant a mes jeunes ardeurs
voulant moins étre vu que soigneux de minstruire
mais le fer a nos yeux a peine vient de luire
la foy des souverains appuy jadis trompeur
enchaine la vengeance et bannit la terreur
espèrant icy bas étre enfin rèvérèe
de l'olimpe en ces lieux je vois descendre astrèe
le la ger rassuré revient a ses troupeaux
les clairons effrayans cèdent aux chalumeaux
enfants cest la le bien qui jamais n'importune
repas trop prétieux vray don de la fortune
mais pour le maintenir il vous faut des soutiens
vos moutons dans les champs ont besoin de gardiens
pour vous en garentir, nous cherchons lesclavage
de ces tranquiles jours je voulus faire usage
lisant coesar montluc et parcourant folard
jétudiay, jappris les principes de l'art.
le temps fuit cepandant, jen crois les destinèes
dans les premiers emplois s'ecoulent mles annèes
un changement enfin m'offre un nouvel espoir
je le suis le dèvore, et me vois decevoir
quelle chute grands dieux, frènètique èrostrate
semblable au malheureux sur qui la foudre èclate
je crus voir sous mes pas, la terre s'entrouvrir
chercher seul un azile et ne rien dècouvrir
je sentis mais trop tard combien est despotique
l'ardeur que lon forma sur un objet unique
je ne trouvay dans moy dèslors qu'un vuide affreux...
mais voulant fuir enfin cet état dangereux
de mes premiers talents j'entrepris la culture
des livres d'agrement je repris la lecture
je sentis dans mon coeur renaitre le desir
la raison sy montra sous l'apuy du plaisir
<3r> je conçus étonné qu'obtenir la victoire
si ce nest sur nous mème est une fausse gloire
que l'or est un poison la fortune une erreur
que le vray bien de l'homme est dans son propre coeur
ce grand jour me blessoit, je baissois la paupière
et toy seul dans mon coeur tu fixas la lumière
damon puisse ma voix le redire a jamais
je ne scais que connoitre et chèrir tes bienfaits
par toy seul je soutiens ma nouvelle disgrace
a de plus fous que moy je vais cèder la place
ta prudente amitié n'osoit me dècider
tu 2 caractères biffure montrois le 1 mot biffure chemin mais tu vas me guider
a retenir mes pas cest en vain qu'on s'empresse
la foule des mortels pris de la mème ivresse
sans moy d'un faux èclat suivra l'apas trompeur
du leurre détrompé japerçois mon bonheur
desclaves eleves une troupe insensèe
sans relache agissans sans objet sans pensèe
chex qui le plus heureux scait le plus s'asservir
veut resserrer mes fers et prétend me servir
attendès disent ils conjurès la tempète
le repentir souvent suit de près la retraite
qui vous presse aujourdhuy de renoncer a tout
qui me presse vos soins la raison, le dègout
je suivray sans espoir la dangereuse route
que mon sang peut tracer vous le devès sans doute
vous de qui 1 mot biffure sans effort les utiles liens
entrent de père en fils en conte de vos biens
mais moy qui n'eut jamais que les honneurs envue
qui payera mon sang quelle grace imprévue
l'on l'auroit pu jadis par un simple brevet
multiplie flétry peut il étre un objet
par quel art pourroit il me tenir lieu de grace
et bannir un faquin indigne de sa place
mais dit on dans les temps d'un dangereux été
serès vous seul icy de votre qualité
<3v> seul non, et jen connois qui m'eprisent l'usage
mais devrois je rougir quand seul je serois sage
mon coeur a mes malheurs n'a jamais consenty
mon sang dans le pèril ne s'est point démenty
le braver est leffort d'une vertu commune
mais tel qui ne bouillant dédaigne la fortune
quand vers elle il a fait les pas qu'il peut et doit
est l'homme que je cherche et que mon coeur reçoit
jadis l'homme en naissant devoit a sa patrie
ce sentiment m'èmeut seule elle m'a nourrie
mais ce devoir enfin n'a plus rien de rèel
et l'art partout succède a l'ordre naturel
l'objet de mes travaux eut été mon salaire
je ne suis maintenant qu'un guerrier mercenaire
sur le meurtre et les cris jelève ma grandeur
et le bonheur malheur public doit faire mon bonheur
fanatiques mortels est ce pour cet usage
que la nature en vous scut mettre le courage
de vos premiers devoirs tout vous montre les loix
la nature vous parle et vous fuyès sa voix
mais non vers ses erreurs laissons courir la foule
le temps les trompe et fuit, pour le vray sage il coule
de mes malheurs passès perfides instruments
de mes jours inquiets industrieux tyrans
de mes malheurs passès perfides instruments
portès loin de mon coeur votre gesne assidue
rendès enfin le calme a mon ame èperdue
les soucis sous vos loix mont toujours combattu
je ne vois que les ris en suivant la vertu
fin
ne montre point cecy cest il est dans l'etat qu'il te le faut mais un
ouvrage de cette espèce mérite pour les autres la correction, il y a mille
endroits qui me choquent mais ce fut l'ouvrage d'une après midy
d'enthousiasme, et la paresse et d'autres occupations m'ont empeché
de le corriger depuis malgrè toutes les sollicitations