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Lettre à Frédéric de Sacconay, Le Bignon, 23 septembre 1749
du bignon ce 23e 7bre 1749
aussitost que j'eus reçu mon cher saconay votre lettre en datte
du 31 du mois passé j'envoyay ses papiers a Me de copet
je n'avois pu le faire lorsquelle me les demandea a paris attendu
que ces papiers ètoient demeurès icy; quand a vous mon cher
saconay j'ay diffèré de quelques jours la réponce que je vous
devois a cause d'un voyage que j'ay èté 2 caractères biffure obligé de faire a paris
et qui s'est prolongé plus que je ne croyois.
votre gouvernement a èté gèneralement approuvée de la façon
sage modèrèe active et intèrieure avec laquelle elle il a remèdié
a ses troubles domestiques ou pour mieux dire a une conspiration
si prodigieusement fanatique et dèsespèrèe qu'en mème temps
qu'elle en ètoit méprisable aux yeux d'hommes prudents et vertueux
elle pouvoit aussy inspirer de grandes frayeurs a un gouvernement
moins rèflèchy et moins rassuré par le sentiment de la bonne
conscience; personne n'eut èté ètonné de voir de grandes proscrip=
tions suivre et marquer un èvènement aussy rare que scandaleux
le party qu'ont pris ll. ee. est ègalement et le plus digne et
le plus sûr, la clèmence qui ne peut ètre pour les tirans qu'une
vertu de foiblesse ou de caprice est peu sure pour eux, mais un
<1v> gouvernement ègalement légitime et sage y trouve sa tranquillité
et son honneur, vous en serès une belle preuve; je vous assure
mon cher amy que jay pris autant de part a la suitte de cela
que si j'eusse été citoyen de vos villes, tant de gouvernements mon=
trent a des regards spèculatifs des objets revoltants pour l'hu=
manité qu'il est bien consolant d'en voir de contraires a cela.
je vous rends graces mon cher amy de l'idèe que vous avès eu pour
moy au sujet du chateau d'allemand, il faudra reserver pour des
temps plus heureux et ou je sois plus libre lexécution de nos desseins
a cet ègard, il s'en faut bien que j'en dèsespère. adieu mon cher
saconay, j'offre mes Respects a vos dames et vous embrasse bien
tendrement.
Mirabeau