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Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 31 mai 1749
de paris ce 31e may 1749
depuis le début de la ligne biffure je vous assure mon cher saconay qu'il ny
a point de détour dans ce que je vous manday l'autre jour
de la borne mise a mes ressources et voicy comment; quand
je traitois dannsa le lointain je me flatois de pouvoir vendre
mon hotel icy dont on me faisoit des offres et tirer une forte
somme de la provence qui m'a jadis procuré d'énormes sommes
point du tout on m'amuse pour ma maison, et l'on me mande
nde la provence qu'il n'en faut rien espèrer, au moyen de quoy
je me suis trouvé rèduit a l'offre qu'on me fait de 160000 lb de
ma terre; quand a trouver de l'argent icy, je ne scay si on le
pourroit comme vous dites pour un employ a acheter mais
cest la folie de ce paÿs cy, le privilège est sur la charge et cest
ce qu'on apele suivre son argent, pour se dèranger encore cest
chose fort aisèe par des crèdits partout, mais un employ
sage et nécessaire neant. quand a lexplication a faire a
Me de copet je luy ay écrit presque en mème temps que
vous mon cher amy, en rèponce a une lettre fort honnete et
engageante que j'en reçus ou elle me prie de luy mander
<1v> ce que je puis faire, et après m'avoir beaucoup fait et promis
d'amitiés elle me propose de luy donner le 10 pour cent a
vie de l'argent dont nous conviendrons. cette lettre est singu=
lière tout a fait jy réponds avec le plus d'art et d'honnêteté
qu'il m'a èté possible, ainsy mon cher amy vous voila
dèchargé de cette négociation. après cette explication vous
ne trouverès plus rien dètrange a ma prècèdente que la brièvete
mais en ce genre ce paÿs cy est une excuse valable surtout
aux premiers temps ou l'on y arrive. adieu mon cher amy
je vous embrasse de tout mon coeur.
