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Lettre à Frédéric de Sacconay, Paris, 17 mai 1749
de paris ce 17 may 1749
mon cher amy j'ay reçu tes deux lettres icy ou je suis venu
pour des affaires et surtout pour tacher de conclurre pour ce
qui m'étoit nécessaire pour la fin de notre grande affaire; mais
attendu que la provence sur laquelle je contois le plus n'a seu=
lement pas pu me fournir une oblole, vu l'accablement du com=
merce par des banqueroutes et les efforts inutiles que font les
marchands pour le relever, je n'ay pu mème en vendant ma
terre faire que 160000 lb et vu qu'au plus petit pied il m'en fau=
droit encore plus de quarante, je suis obligé de perdre cette
espèrance actuelle et pour copet pour toujours, attendu que
sans doute cet effet ne demeurera pas lâ 1 mot biffure longtemps a m'attendre
quelque chimérique que m'eut toujours paru cette espérance
je t'avoue qu'il m'a fallu de la rèsignation a la volonté et
grand ordre de la providence qui préside a touts nos projets
pour la perdre tout a fait, mais il le faut. adieu cher amy
il est ècrit que je payeray le vingtième. adieu pardon de ma brié=
veté, je suis icy pour des affaires ce qui est un gite intermèdi=
aire entre le purgatoire et lenfer, adieu donne moy de tes nou=
velles et m'aime toujours. mes Respects a Madame